Agression du rabbin d'Orléans : pointée du doigt, La France insoumise rappelle le passé du Rassemblement national

L'agression du rabbin d'Orléans samedi 22 mars a suscité une condamnation unanime de la classe politique, mais elle a aussi déclenché des passes d'armes, avec La France insoumise dans le viseur. Le garde des Sceaux Gérald Darmanin dénonce "l'ambiguïté d'une partie des dirigeants de LFI", quand son collègue de l'Intérieur pointe "l'énorme responsabilité des insoumis", Bruno Retailleau dénonçant "l'extrême gauche qui, sous couvert de l'antisionisme, attise les braises de l'antisémitisme".

Des accusations aussi venues de l'extrême droite. Marine Le Pen voit dans l'agression du rabbin d'Orléans "une détestable conséquence" du discours des insoumis. La cheffe des députés RN accuse LFI de mettre "une cible dans le dos de nos compatriotes juifs". La France insoumise riposte par la voix de son coordinateur national : "Madame Le Pen est bien mal placée pour donner des leçons d'antiracisme ou de lutte contre l'antisémitisme, a taclé Manuel Bompard, sur France 2. Dois-je vous rappeler que Marine Le Pen dirige un parti qui a été fondé par des collabos, dois-je vous rappeler que siège à l'Assemblée nationale, à côté de Mme Le Pen, un député, M. Boccaletti qui, avant d'être député, tenait une librairie dans laquelle on vendait des ouvrages négationnistes et antisémites. Elle aurait mieux fait de se taire."

Une contre-attaque également reprise par Mathilde Panot. La patronne des députés insoumis juge Marine Le Pen "totalement discréditée" puisqu'elle regrette d'avoir exclu son père du Front national en 2015, après de nouvelles saillies antisémites. Ce qui n'empêche pas le Rassemblement national de se présenter comme "un bouclier" pour la communauté juive. Et c'est dans ce contexte que le patron du rassemblement national se rend en Israël cette semaine.

Le voyage en Israël, un tournant pour le RN

Jordan Bardella est attendu mardi soir à Jérusalem pour une visite qui marque un tournant. Marine Le Pen n'a jamais pu se rendre en Israël, c'est la première fois qu'un dirigeant de l'extrême droite française est convié par un gouvernement israélien. Marion Maréchal y sera aussi, une première pour un membre de la famille Le Pen. Le patron du RN et la nièce de Marine Le Pen participeront à une conférence consacrée à la lutte contre l'antisémitisme, l'occasion pour le Rassemblement national de poursuivre son entreprise de dédiabolisation et d'essayer de faire oublier le passé du parti. Sur BFMTV, Jordan Bardella assure qu'une page s'est tournée. "Le Rassemblement national, je le dis très clairement, n'est pas le Front national, martèle-t-il. Et si précisément il y a eu cette rupture en 2015 entre Marine Le Pen et son propre père, c'était en très grande partie en raison de la question de l'antisémitisme."

Mais la visite de Jordan Bardella à Jérusalem suscite des critiques. Gabriel Attal estime que le RN n'est pas toujours d'une grande clarté sur les questions d'antisémitisme, évoquant lui aussi le cas de ce député qui tenait une librairie négationniste, et l'ancien Premier ministre de tancer le RN : "Ils auront à s'en expliquer face à leurs interlocuteurs".