Alain Juppé s'est dit "très réservé" sur la réforme visant à supprimer l'enseignement de l'histoire en Terminale S
Il faut en "rediscuter", a estimé l'ancien premier ministre. "On ne comprend bien son présent et son avenir que si on connaît son passé", a-t-il ajouté.Le gouvernement a décidé de rendre optionnel l'histoire en terminale S.
Il faut en "rediscuter", a estimé l'ancien premier ministre. "On ne comprend bien son présent et son avenir que si on connaît son passé", a-t-il ajouté.
Le gouvernement a décidé de rendre optionnel l'histoire en terminale S.
"Il faut bien dire que la culture historique de nos bacheliers n'est pas top pour l'instant, alors pourquoi diminuer encore ?", s'est-il demandé.
Selon lui, "revaloriser les filières scientifiques est un objectif parce qu'aujourd'hui il y a une sorte de désamour pour la science notamment chez les collégiens et les lycéens". Mais il faut aussi se demander "pourquoi est-ce que la connaissance des mathématiques est un critère absolu pour devenir médecin ou pour devenir élève d'HEC". "Les humanités, la connaissance de l'histoire, la connaissance de notre langue, c'est fondamental pour réussir dans la vie, y compris dans une carrière scientifique", a dit le maire de Bordeaux. "Je pense qu'il faut rediscuter de cette affaire", a-t-il ajouté.
"Si on veut rappeler que notre identité nationale c'est d'abord un patrimoine", "un héritage", "des valeurs que nous avons construites au fil des ans, il faut connaître notre histoire", a affirmé l'ancien chef du gouvernement. Il a dit avoir "bien aimé" la tribune dans Le Monde du chef de l'Etat sur l'identité nationale même si, a-t-il rappelé "j'ai manifesté un peu de scepticisme sur l'utilité de ces débats".
La réaction du directeur de Sciences-Po Paris
Le directeur de Sciences-Po, Richard Descoings, a défendu mardi le projet de modification de l'enseignement en première scientifique.
Pour Richard Descoings, "on fait un mauvais procès au gouvernement en disant 'on va supprimer l'histoire de la terminale' alors qu'il s'agit de renforcer la formation des jeunes en histoire-géographie dès la classe de première". Le directeur de l'institut d'études politiques de la capitale avait remis à Nicolas Sarkozy un rapport en juin dernier dans lequel il déplorait "l'excessive généralité de la série S".
"Ce qui me paraît bon pour les élèves, c'est d'instituer en fin de première une épreuve anticipée du bac en histoire. C'est cela, la réforme que propose Luc Chatel", a-t-il expliqué. "C'est aussi important que l'épreuve anticipée de français à la fin de la classe de la première. C'est cela qui a sauvé le français", a estimé Richard Descoings.
Un appel d'universitaires
20 universitaires lancent un appel pour maintenir obligatoire l'enseignement de l'histoire-géographie en terminale S.
Parmi les signataires de cet appel publié dans le Journal du dimanche : les historiens Jacques Le Goff, Jean-Pierre Azéma, Antony Beevor, Jean-Jacques Becker, André Kaspi, Annette Wieviorka, Benjamin Stora, Jean Tulard.
"La décision envisagée par M. le ministre de l'Education nationale, dans le cadre de la réforme des lycées ne peut que susciter la stupéfaction par son décalage avec les nécessités évidentes de la formation des jeunes Français au début du XXIe siècle", écrivent les signataires parmi lesquels figure aussi le philosophe Alain Finkielkraut.
"A l'heure de la mondialisation", les auteurs du texte soulignent l'importance de l'histoire et de la géographie pour "se situer dans le monde d'aujourd'hui". Il invoquent aussi "l'impossibilité d'accéder à certaines formations supérieures de haut niveau" sans la connaissance de ces disciplines.
"Au moment où le président de la République et son gouvernement jugent urgent de lancer un grand débat sur l'identité nationale qui doit mobiliser le pays, cette mesure", font-il valoir enfin, "va priver une partie de la jeunesse française des moyens de se faire de la question une opinion raisonnée grâce à une approche scientifique et critique, ouvrant ainsi la voie aux réactions épidermiques et aux jugements sommaires".
Soutien de personnalités politiques, de gauche et de droite
Des personnalités politiques ont apporté leur soutien à cet appel: les socialistes Martine Aubry, Ségolène Royal, Manuel Valls, Aurélie Filippetti, Vincent Peillon, Laurent Fabius, Jack Lang, François Hollande, ainsi que Marielle de Sarnez (Modem) et quelques députés de la majorité : Hervé Mariton et Renaud Muselier (UMP), Jean-Christophe Lagarde et Maurice Leroy (Nouveau centre).
L'acteur Pierre Arditi, le PDG d'Arte Jérôme Clément, le psychiatre Boris Cyrulnik, les écrivains Philippe Delerm et Hervé Hamon, le philosophe Michel Onfray, l'historienne Mona Ozouf ont également rejoint cet appel initié par vingt universitaires de renom.
La réforme du lycée, qui doit être entérinée jeudi par le Conseil supérieur de l'Education, prévoit la disparition des cours d'histoire en terminale S, que le gouvernement veut recentrer sur la spécialité scientifique. En revanche, l'enseignement d'histoire est porté en première à 4 heures hebdomadaires (au lieu de 2h30) pour toutes les séries.
>> Texte complet et liste des signataires sur le site du Journal du Dimanche
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