Adrien Laurent, l'influenceur X dans le viseur des autorités

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Article rédigé par France 2 - S. Soubane, Z. Berkous, E. Martin, L. Bourgoin, @RevelateursFTV, A. Canestraro. Édité par l'agence 6Medias
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Sur les réseaux sociaux, de nombreux influenceurs construisent leur image et leur fortune sur l'hypersexualisation des femmes. À l'instar d'Adrien Laurent, suivi par plus d'1,5 million d'abonnés sur TikTok. Son compte a récemment été suspendu.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Une arrivée de rockstar. Ce soir-là, comme chaque week-end, un homme attire la foule : AD Laurent, influenceur et acteur pornographique. Son public est majoritairement jeune et masculin, attiré par l'influenceur, mais surtout par deux danseuses qui l'accompagnent. Ici, les termes sont creux. Un langage sulfureux, la marque de fabrique d'Adrien Laurent. L'homme de 31 ans s'est fait connaître dans la télé-réalité. Il bascule sur les réseaux sociaux, puis dans l'industrie pornographique. Sur TikTok, il met en scène des femmes, souvent peu vêtues, toujours à son service. Sa notoriété explose : 1 800 000 abonnés sur TikTok.

Le sexe est son fond de commerce. En boîte de nuit, Adrien Laurent attire la foule, qui filme la soirée en direct sur les réseaux sociaux. Le public peut même participer au spectacle. Concernant les spectateurs de la soirée, certains admirent l'acteur pornographique, comme un jeune homme de 18 ans rencontré sur le parking. "Il n'a pas de tabou, il m'inspire. Quand on connaît le personnage, on sait à quoi on s'attend, on sait pourquoi on vient. Après, dans tout le respect des femmes, les femmes se sont respectées", estime ce dernier.

La ministre Auroge Berger regrette une "culture du viol"

L'avis des jeunes femmes interrogées diverge : "Ça m'a choquée de voir dans quel état les filles se sont mises pour AD", déplore une spectatrice. "Il y a tous les hommes qui se sont rassemblés pour regarder ça. Franchement, on aurait dit des animaux. C'était dégoûtant, en fait", expliquent-elles. Pour 1h30 de présence, l'influenceur est payé 10 000 euros. La discothèque a fait 850 entrées, le double d'un samedi soir classique.

Nous avons montré ces images à Aurore Berger. En mai dernier, la ministre à l'Égalité entre les femmes et les hommes a fait supprimer le compte d'Adrien Laurent sur TikTok. Selon elle, l'influenceur et ses soirées créent un terreau favorable au sexisme. "Vous savez, quand on parle de culture du viol, c'est quoi ? Culture du viol, il y a le mot culture. Si votre premier rapport aux femmes, votre premier rapport à la sexualité, c'est ça, c'est l'humiliation, c'est la violence, c'est la mise en scène dégradante, en fait vous considérez que finalement c'est ce que les femmes veulent", avertit-elle.

L'influenceur auditionné en commission d'enquête parlementaire

L'influenceur est aussi dans le viseur d'une commission d'enquête parlementaire. Comme d'autres, il est convoqué par les députés pour s'exprimer sur ses contenus. À la sortie, il s'affiche tout sourire et répond à Aurore Berger. "Je suis créateur de contenu pour adultes. Je fais du contenu sur des plateformes uniquement dédiées aux majeurs. Et j'aurais aimé que Madame Berger soit un peu plus... concentrée sur mes contenus. Ce que je propose, il n'y a rien d'illégal", estime-t-il.

Son avocat, Maître Édouard Pontois, estime que c'est aux parents de contrôler les contenus visionnés par leurs enfants. "Adrien Laurent, il n'est pas parent d'élève, il n'est pas éducateur spécialisé dans la petite enfance. Il semble impensable de [le] surresponsabiliser et de venir déresponsabiliser les vraies personnes qui ont la charge de l'éducation [des enfants]", pointe le conseil.

Dans les prochains mois, un âge minimum de 15 ans pourrait être fixé pour toute inscription sur un réseau social. Les plateformes contrevenantes s'exposeraient à une amende pouvant s'élever à 6 % de leur chiffre d'affaires annuel.

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