A Nantes, la toute nouvelle gare est une fournaise lors des canicules

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Article rédigé par L'Oeil du 20 heures - Charlotte Gillard, Hugo Puffeney
France Télévisions

Inaugurée en 2020, la nouvelle gare de Nantes et sa mezzanine en verre se voulait être un projet d'avenir. Problème, lundi dernier, la SNCF a dû la fermer... à cause des fortes chaleurs.

Avec ses verrières offrant une vue panoramique sur la ville, la mezzanine de la nouvelle gare de Nantes se rêvait en gare du futur. Un bâtiment sans climatisation censé se réguler tout seul en cas de fortes chaleurs, comme s’en vantait la SNCF dans un clip promotionnel de 2021. "On a fait un gros travail sur le confort thermique, par tout un tas de dispositifs, qui permettent manière passive de gérer la température et de garantir le confort des gens qui utiliseront cette gare, été comme hiver", assurait Yann Sauret, directeur du projet de l'époque.

Cet ex-directeur n'a pas répondu aux sollicitations de "L'Œil du 20 Heures", peut-être parce que cette mezzanine, ayant coûté 37 millions d'euros, n'a pas résisté à la dernière canicule. Lundi, le thermomètre a dépassé les 40 degrés à l'intérieur, forçant la SNCF a évacuer en urgence les boutiques, et à interdire l'accès et la circulation sous la verrière pour la sécurité des personnes.

Sous la verrière, une bouilloire ?

Si la SNCF a rajouté deux ventilateurs géants, la température était toujours très élevée mardi. Margaux Perré, employé de l'une des boutiques peut en témoigner : elle a fait un malaise au coeur de l'après-midi qu'elle attribue à la chaleur. “J’ai hyperventilé, et après, je ne pouvais plus me lever. [Cette mezzanine] est jolie, mais elle n'est pas très pratique ! Elle n'a pas été très bien réflechie."

Un restaurateur du parvis s'étonne également de ce bâtiment, qu'il occupe depuis plus d'un an. "Nous avons eu des problèmes de chauffage cet hiver parce qu'il n'y avait pas assez de puissance, et là, on doit fermer le bâtiment parce qu'il fait trop chaud", regrette-t-il. Il s'étonne aussi d'avoir dû fermer sur consignes de la SNCF alors que son restaurant, lui, est climatisé et a des filtres UV sur ses vitres.

Profitant de températures plus clémentes aujourd’hui, L'Oeil du 20 Heures a fait un test muni d’un thermomètre. Sur le parvis, avec une légère brise, le thermomètre affiche entre 25 et 26 degrés. Même opération cette fois, sous la verrière, près du ventilateur du marche : le mercure affiche presque 32 degrés, 7 de plus qu’à l’extérieur. 

L'architecte défend son projet

La nouvelle gare inaugurée en 2020 serait-elle en fait une bouilloire thermique ? A la mairie, seul un élu a souhaité nous répondre : Simon Citeau, adjoint aux transports, élu écologiste, dont la majorité a financé près d’un tiers des 37 millions d'euros de la verrière. Il renvoie la balle à la SNCF. "Quand on conçoit un projet de ce type, on doit prendre en compte les enjeux du confort d'été et du confort d'hiver. Donc aujourd'hui, on va devoir adapter le bâtiment et la SNCF va devoir trouver les solutions." Il rappelle également que, lors de la conception de cette verrière, plusieurs canicules avaient déjà touché la France dont celle de 2003.

De son côté, la SNCF qui a refusé toute interview sur le sujet, reconnaît à demi-mots que des aménagements seront nécessaires. "SNCF Gares & Connexions mène un programme d'adaptation au changement climatique. La gare de Nantes fera l'objet d'études de ce type pour identifier les mesures à mettre en place."

Il faudra donc de nouveaux travaux dans celle de Nantes. Son architecte, la star française Rudy Ricciotti, contacté à de multiples reprises n'a pas répondu aux sollicitations, mais a assuré au journal Ouest-France qu'il ferait "exactement le même choix si c'était à refaire aujourd'hui".

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