Après huit mois d'arrêt à Hawaï, "Solar Impulse est prêt à repartir"
Solar Impulse 2 pourrait reprendre son tour du monde dès lundi ou mardi, en direction de la côte ouest des Etats-Unis. Francetv info a interrogé le directeur de la mission, Raymond Clerc.
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Les équipes de Solar Impulse 2 sont de nouveau en "mode mission". Après huit mois d'arrêt technique forcé à Hawaï, l'avion solaire est de nouveau prêt à voler. Et dès que la météo le permettra, Solar Impulse décollera, direction New York d'abord, puis Paris. Le tout sous la supervision, depuis Monaco, de Raymond Clerc, directeur de la mission. Francetv info l'a interrogé sur les enjeux de cette deuxième moitié de tour du monde.
Francetv info : Qu'ont fait les équipes de Solar Impulse depuis l'arrivée à Hawaï il y a huit mois ?
Raymond Clerc : Lorsque l'avion a atterri à Hawaï, on a vite constaté que les batteries étaient endommagées, et que nous ne pouvions pas continuer notre tour du monde vers la côte ouest des Etats-Unis. Les ingénieurs ont planché pour comprendre pourquoi les batteries n'avaient pas tenu le coup, et pour trouver une solution, tandis qu'ici, au centre de contrôle de Monaco, on a passé l’automne à débriefer les vols précédents.
Les ingénieurs ont découvert que les batteries avaient surchauffé car elles étaient trop isolées. C’est comme un téléphone portable : quand il fait froid, la batterie tient moins bien. Alors comme l’avion vole à de très hautes altitudes, où il fait très froid, on les avait bien protégéees, bien isolées, mais un peu trop. Pour parer à ce problème, on a développé un système de ventilation pour refroidir les batteries.
Depuis février, ces nouvelles batteries ont été installées, vérifiées, et plusieurs vols de tests ont été réalisés à haute altitude. Et depuis vendredi, les équipes sont entrées en "mode mission" : l'avion est prêt à repartir.
Quel est le moment idéal pour redécoller ?
Il faut plusieurs choses : d’abord, on a absolument besoin d’avoir du beau temps sur toute la durée du vol, pour pouvoir recharger les batteries. Et puis Solar Impulse est un avion qui vole lentement, à 50km/h, alors s’il y a des vents forts, on n’arrive pas à les contrer. Il ne faut pas de pluie non plus, et pas de nuages, l’appareil n'étant pas conçu pour voler dans les nuages.
Il nous faut vraiment un indice de fiabilité très haut avant de pouvoir décoller. Nous avons des météorologues qui analysent les différents modèles météo disponibles, et des mathématiciens qui calculent les meilleurs routes en fonction de cela.
Pour le moment, on parie sur un départ lundi ou mardi. En général, les équipes ont le top départ 24 à 36 heures avant, mais dans les faits, le vrai top départ est donné au pilote au dernier moment, une minute avant le décollage.
L'avion va arriver en Amérique du Nord. Savez-vous où il va se diriger précisément ?
On a plusieurs options : la plus pratique, c’est de se diriger directement à Phoenix, en Arizona. L’autre option, c’est un aéroport de la Nasa près de San Francisco. On pense y arriver en quatre jours. Tout dépendra de la situation météo des grands courants de vents principaux : dès qu’on aura une bonne option vers l’un ou l’autre de ces deux aéroports, on la prendra.
Si c’est San Francisco, on fera ensuite un vol interne vers Phoenix, qui reste le point de départ idéal pour traverser la vallée des tornades, en direction de Kansas City, puis de New York. On espère notamment un passage devant la statue de la Liberté, avec une photo à la clé.
Quelles difficultés sont à prévoir sur ce parcours ?
Préparer la traversée des Etats-Unis, ça a demandé un gros travail de préparation, d’abord pour trouver des aéroports qui puissent et veuillent bien nous accueillir. On ne peut pas traverser le pays en une seule fois, il est trop grand, et il y a toujours du mauvais temps quelque part.
Pour traverser la vallée des tornades, à l’époque où il y en a le plus, en mai, on ne peut qu’attendre une fenêtre propice, et s’établir là où on est sûr qu’une tornade ne viendra pas frapper le hangar. En 2013, je me souviens qu’une tornade avait touché la ville de Saint-Louis, où un aéroport nous attendait. Le toit du hangar avait été arraché, et on avait dû utiliser notre hangar gonflable.
L’autre problème c’est qu’on ne peut pas faire de vols très longs. Le pilote ne peut pas dormir au-dessus des Etats-Unis. On a l’autorisation de le faire au-dessus des mers, des océans et des déserts, mais bien évidemment pas au-dessus de zones habitées, c'est trop risqué. C'est pour toutes ces raison qu'on prévoit de boucler la traversée des Etats-Unis en un mois environ, avec trois ou quatre vols.
L’objectif final, c’est de revenir au point de départ, Abou Dabi, aux Émirats arabes unis. Dans combien de temps espérez-vous y arriver ?
Idéalement, nous serons à New-York fin mai, et on aura le mois de juin pour traverser l’Atlantique. Ce serait vraiment l’idéal, parce que c’est le mois où les journées sont les plus longues, et donc où les réserves d’énergies sont les plus importantes. Pour atterrir en Europe, on a plusieurs options possible : d’abord Paris-Le Bourget, et ce serait génial, parce que ça ferait un rappel de Lindberg [Charles Lindberg est entré dans la légende en 1927, en étant le premier à rallier New-York à Paris sans escale et en solitaire, ndlr]. Ou sinon plus au sud : Toulouse en France, Séville en Espagne, ou Rabat au Maroc.
On prévoit ensuite de rallier Abou Dabi en deux étapes. Et là ça se complique, en raison de la situation géopolitique : il y a des pays qu’on ne peut pas survoler. C’est le cas de la Libye, mais aussi de la Syrie par exemple. Alors il faudra qu’on prenne une autre route. Le Caire semble une bonne destination, ils sont déjà d’accord pour nous accueillir. Si tout se passe bien, on devrait boucler le tour du monde début juillet.
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