Des confins de la galaxie à la Normandie, l'itinéraire inattendu d'une météorite qui a bien failli échapper aux scientifiques français
Après avoir donné des sueurs froides aux spécialistes en février dernier, des fragments de "2023 CX1" sont exposés à partir du 1er juin au Muséum national d'Histoire naturelle de Paris.
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C'est un caillou qui a fait un voyage extraordinaire : des millions de kilomètres à travers le cosmos... jusqu'à la Seine-Maritime. Dès le 1er juin 2023, le Muséum national d’Histoire naturelle, à Paris, inaugure une nouvelle vitrine où seront présentés les échantillons des météorites tombées en Normandie en février dernier.
>> Il y a tous les ingrédients de la vie dans les météorites
Au départ, il y a cet astéroïde, repéré par un astronome amateur en Hongrie, qui a averti l'agence spatiale européenne (ESA), à plus de 200 000 kilomètres de la Terre, "un objet rocheux qui fait à peu près un mètre de diamètre, qui se promène dans l'espace", raconte Brigitte Zanda, spécialiste des météorites au Muséum national d'Histoire naturelle.
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Elle se souvient avec émotion de ce lundi 13 février 2023 : elle apprend que ce rocher d'une tonne va traverser l'atmosphère et se désintégrer au-dessus de la Normandie. L'astéroïde, baptisé "2023 CX1", provient de la ceinture d'astéroïdes du système solaire interne, qui contient des centaines de millions de petits astéroïdes. Quand ils entrent dans l'atmosphère terrestre, les astéroïdes sont appelés bolides, puis leurs fragments au sol prennent le nom de météorites. La dernière météorite retrouvée sur le territoire français était celle de Draveil, dans l'Essonne en 2011.
"Le gramme peut coûter plusieurs centaines d'euros"
À l'annonce de la nouvelle, elle saute aussitôt dans sa voiture. "Et les premiers membres de l'équipe scientifique du programme Fripon/Vigie-ciel, qui surveille le ciel avec l'idée d'aller chercher les météorites sur le terrain, étaient sur place dès le mardi. Dès le mercredi en fin d'après-midi, on trouve le premier caillou ! C'est une étudiante en art, bénévole du projet, qui trouve le premier fragment de météorite", à Saint-Pierre-le-Viger, détaille-t-elle.
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Problème : le bolide s'était désintégré en plusieurs morceaux en entrant dans l'atmosphère, dans la zone de chute probable, située entre Dieppe et Doudeville près des côtes de la Manche. Il y a donc d'autres fragments, et les scientifiques ne sont pas les seuls à les convoiter. "Effectivement, il y a des marchands, des collectionneurs qui gagnent leur vie avec ça et qui, eux aussi, vont venir sur la zone et vont être intéressés pour retrouver des fragments", précise l'experte.
Et ces "chasseurs de météorites", deux Américains chanceux qui retrouvent le plus gros morceau à Fontaine-le-Dun. L'astéroïde de couleur sombre, lourd de 175 grammes, est aussitôt envoyé aux États-Unis pour être découpé et revendu. "Il y a un marché pour cela. En fait, il y a des collectionneurs qui ont été absolument ravis d'avoir un morceau d'un échantillon tout aussi exceptionnel, dont le gramme peut coûter plusieurs centaines d'euros", précise Brigitte Zanda.
"La chute la plus documentée de toute l'histoire du monde"
Mais heureusement, un autre collectionneur intervient : il rachète la météorite pour la renvoyer en France et la confier au Muséum. "C'est un collectionneur, un chasseur de météorites, mais c'est quelqu'un pour qui la valeur culturelle et la valeur scientifique de l'objet, la valeur patrimoniale, a une grande importance", sourit aujourd'hui la spécialiste.
Les scientifiques vont donc pouvoir l'analyser et en apprendre un peu plus sur cet astéroïde venu des confins de l'univers : "On a vraiment toute une histoire à reconstituer. C'est vraiment la chute la plus documentée de toute l'histoire du monde. En fait, tout ce qu'on va reconstituer sur sa trajectoire, sur sa fragmentation, sur la physique de ce qui se passe dans l'atmosphère, ça nous aide vraiment à mieux comprendre ce qui se passe dans l'atmosphère". Et pour elle, ces péripéties illustrent la nécessité de légiférer autour du ramassage des météorites.
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