"Choose Europe for Science" : "Il faut montrer que la recherche est libre et qu'on est capable de donner des moyens financiers" selon le PDG de l'Inserm

Didier Samuel fustige les politiques de Donald Trump contre la recherche, qu'il qualifie de "guerre éclair contre la recherche et particulièrement la recherche médicale".

Article rédigé par franceinfo
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Didier Samuel, PDG de l'Inserm, invité de franceinfo, lundi 5 avril 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Didier Samuel, PDG de l'Inserm, invité de franceinfo, lundi 5 avril 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Il faut montrer que la recherche est libre et qu'on est capable de donner des moyens financiers avec une sorte de 'Welcome package'", a déclaré lundi 5 mai sur franceinfo Didier Samuel, président-directeur général de l'Inserm quelques heures avant la conférence "Choose Europe for Science" à Paris.

La France le fait d'ailleurs déjà un peu puisqu'il y "a des chercheurs étrangers dans les laboratoires français", rappelle le PDG de l'Inserm. Mais il faut aller plus loin encore, selon Didier Samuel, alors que les laboratoires européens "commencent à recevoir des candidatures de chercheurs américains".

Même si pour le moment "il y a une forme de sidération chez les chercheurs américains de ce qu'il se passe aux États-Unis", reconnaît Didier Samuel. "Beaucoup se demandent encore comment ça va évoluer. Moi, je pense que c'est une vraie lame de fond, ce que j'appelle une blitzkrieg, une guerre éclair contre la recherche et particulièrement la recherche médicale", détaille-t-il.

Des thématiques interdites

La preuve, selon le chercheur, "dans certains secteurs aux États-Unis on contrôle ce que vous faites, un contrôle des mots que vous employez par exemple. Les mots comme "genre", "climat", "changement climatique", "vaccin" ou encore "infectiologie" sont des thématiques attaquées, voire interdites. Si vous les utilisez-vous pouvez être renvoyé."

"Les États-Unis, c'est le pays de la recherche mais là, ce qu'il se passe c'est du jamais-vu (...) Les décisions de l'administration Trump vont modifier l'écosystème de la recherche mondiale", d'après Didier Samuel. Et d'ajouter : "Ma génération a vécu sur le fait que les Etats-Unis étaient les leaders. Beaucoup de chercheurs faisaient leurs postdoctorats aux Etats-Unis dans des laboratoires prestigieux et donc ça veut dire que la France, l'Europe doit être au niveau pour remplacer ce qui ne sera plus fait aux Etats-Unis."

Un budget au niveau européen ?

Mais comment trouver les moyens financiers d'accueillir ces chercheurs étrangers ? "La France n'a pas le budget des Etats-Unis", concède Didier Samuel, avant d'ajouter : "mais l'Europe peut l'avoir. C'est pour cela qu'il faut une action à la fois française et européenne. La France doit être bien positionnée dans le concert européen."

Et pour le chercheur, cet argent investi ne sera pas vain, bien au contraire : "Dans le contexte budgétaire [français] qui est serré, il faut aussi faire des choix stratégiques. Choisir la science et la recherche, c'est aussi travailler pour la compétitivité de la France et travailler pour la souveraineté nationale. C'est une manière d'être leader en Europe. Tout ceci est essentiel. Il ne peut pas y avoir de progrès médical et même de progrès du tout sans recherche en amont."

Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen organisent, lundi, la conférence "Choose Europe for Science" à la Sorbonne, à Paris, pour attirer des chercheurs américains alors que ces derniers sont particulièrement menacés aux États-Unis par les politiques de l'administration Trump. Le président français pourrait y faire des annonces notamment avec des incitations financières.

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