: Vrai ou faux Que vaut vraiment la chiropractie ?
Certaines vidéos de chiropracteurs génèrent des millions de vues. On y voit des manipulations de la colonne vertébrale qui permettraient de soulager voir de guérir le mal de dos. Alors, ces pratiques fonctionnent-elles vraiment, et d'où viennent-elles ?
Les vidéos de chiropracteurs sont visionnées des millions de fois. La discipline de la chiropractie a été fondée à la fin du XIXe siècle par Daniel David Palmer, un agriculteur devenu magnétiseur. Un jour, il se serait occupé du concierge de son immeuble, sourd depuis 17 ans. Une simple pression sur sa colonne vertébrale lui aurait alors redonné l'audition. Daniel David Palmer en aurait conclu que la colonne vertébrale pouvait permettre de tout guérir dans le corps humain. C'est la naissance de la chiropractie.
Aujourd'hui, Sophie Baltaci, une praticienne de la chiropractie, explique que "l'idée" de la discipline est de "réaligner le système nerveux", de "redonner le bon influx nerveux aux muscles et aux articulations pour qu'ils fassent un mouvement optimal". Et pour "réaligner" ce système, un concept pas vraiment scientifique, la praticienne procède à des craquements. Le tarif est de 90 euros pour la première séance de 45 minutes.
Un manque de preuves claires
Que dit la recherche sur cette discipline ? Plusieurs chiropracteurs citent une étude de 2011, qui concluait que la chiropractie était potentiellement efficace dans certaines indications, mais sans supériorité prouvée par rapport aux alternatives plus classiques. Le médecin consulté pour l'étude, Olivier Gagey, professeur émérite à l'Université Paris-Saclay, est régulièrement cité par les chiropracteurs. Il reconnaît pourtant lui-même un manque de preuves claires. Pour François Rannou, chef du service rééducation et réadaptation de l'appareil locomoteur à l'hôpital Cochin (AP-HP), en plus d'être inefficace, cette pratique est dangereuse.
Mise à jour du 14.12.23 : Après parution de notre reportage, l’Association française de chiropraxie (AFC) nous a répondu que la chiropraxie est une profession réglementée, tout comme la formation de chiropracteur, et qu’une liste d’actes et de compétences a été publiée par le ministère de la santé.
Droit de réponse de l’Association Française de Chiropraxie (AFC)
et de Madame Sophie BALTACI
L’Association Française de Chiropraxie (AFC) et Madame Sophie Baltaci considèrent que votre reportage sur la chiropraxie rend partiellement compte de ce qu'en dit la science. Au-delà des vidéos diffusées ou de l’avis personnel du professeur de médecine interviewé, elles entendent donc faire valoir les éléments suivants :
1°) La chiropraxie est reconnue par la loi et la formation comme la pratique de la chiropraxie sont réglementées par arrêté du ministère de la santé (v. art. 75, loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé ; Arrêté du 13 février 2018 relatif à la formation en chiropraxie).
2°) Sur la sécurité de la chiropraxie : une vaste étude de 2023, fait état d’un risque, pour 10 millions de consultations avec manipulations vertébrales, de 21 cas d’effet secondaire grave (v : Sci Rep 13, 1254 (2023)).
3°) Sur l'efficacité des manipulations vertébrales : l’affirmation du professeur de médecine interviewé selon laquelle la chiropraxie « ne marche » pas est contredite par la recherche s’agissant notamment de la lombalgie chronique : les manipulations vertébrales seraient efficaces en termes de diminution de la douleur et d’amélioration de la mobilité selon deux études de 2018 (v. Spine J. 2018 May;18(5):866-879) et 2019 (BMJ. 2019 Mar 13;364:l689). D’autres études démontreraient l'efficacité de la chiropraxie sur les cervicalgies (v. Cochrane Database Syst Rev. 2015 Sep 23;(9):CD004249), les douleurs liées aux hernies discales lombaire et les radiculopathies (BMJ Open. 2022 Dec 16;12(12):e068262), les céphalées cervicogéniques (v. Eur J Pain. 2019 Jul;23(6):1051-1070), entre autres.
Au regard de ces études scientifiques, la portée d’observations cliniques du professeur de médecine interviewé dans votre reportage, au sujet de ses patients qui ne seraient « pas contents » de la chiropraxie, est très limitée.
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