Une Française sur cinq aurait subi un viol ou une tentative de viol
La toute dernière enquête de Santé publique France sur l’évolution des comportements sexuels montre une plus grande propension à parler de ces violences chez les femmes.
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Les inégalités femmes-hommes dans le champ de la sexualité sont toujours d'actualité, malgré "certains discours médiatiques", notent les autrices du dernier baromètre sur la sexualité des Français, publié le 23 octobre. Selon la sociologue de l’Inserm Nathalie Bajos et les chercheuses de Santé publique France, Delphine Rahib et Nathalie Lydié, ces inégalités se manifestent notamment en matière de consentement : en 2016, près d’une femme sur cinq déclarait avoir subi un viol ou une tentative de viol entre 18 et 69 ans.
Pour leur enquête, les chercheuses ont interrogé par téléphone 15.216 personnes âgées de 15 à 75 ans résidant en France métropolitaine.
Des chiffres sous-estimés
Même si la déclaration des violences sexuelles semble plus systématique (en 2006, "seules" 15,9% des Françaises indiquaient avoir été victimes) "ces chiffres fournissent des estimations a minima du phénomène, tant il est difficile pour certaines personnes d’en faire état dans le cadre d’une enquête", rappellent les autrices du baromètre. Celles-ci évoquent néanmoins une "amplification du rejet" et un "refus de la banalisation", notamment rendus possibles par les mobilisations autour de l’affaire Weinstein. "L’augmentation sensible entre 2007 et 2016 du nombre de plaintes pour viol enregistrées par la police ou la gendarmerie illustre aussi cette plus grande propension à parler de ces violences", ajoutent les chercheuses.
A noter que les déclarations de viols ou de tentatives de viol subis chez les hommes de 18 à 69 ans restent au même niveau qu’il y a dix ans (5,4% contre 4,5%, soit une différence non significative).
Chez les femmes victimes de ces violences, la première expérience du traumatisme se fait dans 47% des cas avant 18 ans. Le viol ou la tentative de viol est généralement perpétré.e par une personne de l’entourage proche ou de la famille. A l’âge adulte, c’est le plus souvent l’ex-conjoint qui est l’auteur du viol ou de l’agression.
Le consentement lors du premier rapport : une notion floue
Autre donnée inquiétante soulevée par cette étude : le consentement – ou non – lors du premier rapport. Si la plupart des personnes interrogées indiquent avoir souhaité leur première fois, cette proportion est plus élevée chez les hommes (92,8%) que chez les femmes (87,6%). Celle-ci sont d’ailleurs plus nombreuses à rapporter avoir cédé aux attentes de leur partenaire (4 points de plus que chez les hommes) ou à avoir été forcées (1,7 % contre 0,3 %). Pour ce premier rapport enfin, les raisons les plus données par les hommes sont le désir sexuel, alors que les femmes évoquent surtout l’amour et la tendresse comme enjeux déterminants. Des comportements genrés et codifiés qui pourraient expliquer que certaines jeunes filles subissent leur première fois.
Des troubles physiques et psychiques
Ces données ne sont pas à prendre à la légère. Selon une nouvelle étude sur les conséquences pour la santé des viols et des agressions sexuelles publiée le 3 octobre dans le JAMA, les femmes mentionnant au moins une agression sexuelle, sont davantage sujettes aux dépressions, à l'anxiété et aux troubles du sommeil.
Certains psychiatres ont également théorisé la notion d’amnésie post-traumatique : face à un stress extrême comme un viol, le cerveau mettrait en place des mécanismes de défense et de sauvegarde permettant à la victime de diminuer sa souffrance physique et psychique. Cette amnésie, pendant laquelle la victime refoule les violences qu’elle a subies, peut durer plusieurs dizaines d’années. La psychiatre Muriel Salmona explique notamment que les victimes amnésiques peuvent se mettre inconsciemment dans des situations de danger et s’isoler.
Si une Française sur cinq entre 25 et 34 ans a été victime de viol ou d’agression sexuelle, on dépasse donc la simple problématique sociétale : les inégalités dans le champ de la sexualité sont une affaire de santé publique. Pour Nathalie Bajos, Delphine Rahib et Nathalie Lydié, il faut traiter ces inégalités en amont, et "mettre en œuvre une éducation à la sexualité qui intègre la dimension éminemment genrée de la sexualité, et traite en particulier du consentement et des différentes formes de violence".
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