Syrie : des hôpitaux bombardés et des centaines de morts
Depuis lundi 19 février, les bombardements de l'armée syrienne et russe ont fait plusieurs centaines de morts et de blessés dans la Ghouta orientale à quelques kilomètres de Damas. Six hôpitaux ont été touchés, trois sont hors service.
Des dizaines et des dizaines de morts, des centaines de blessés, des immeubles éventrés… En Syrie, la Ghouta orientale est à feu et à sang. Hier, de nouveaux bombardements ont ravagé cet ancien verger de Damas, devenu le dernier fief rebelle près de la capitale. Les forces de l'armée syrienne et l'aviation russe bombardent maintenant les hôpitaux. Sur place la situation humanitaire est dramatique.
Le Dr Ziad Alissa, président de l’UOSSM, l’Union des organisations de secours et soins médicaux en France, était l'invité du Magazine de la Santé le 20 février. Il est en lien permanent avec des médecins et des sauveteurs sur place. (Quelques heures après cette interview, le correspondant de l'UOSSM dans la Ghouta orientale est décédé dans un bombardement.)

Sauveteurs après un bombardement le 19 février 2018.
Anesthésiste de formation, vous vous êtes rendu une trentaine de fois en Syrie ces cinq dernières années. On l’a dit, là-bas la situation est dramatique. Avec les bombardements survenus hier, on fait un pas de plus dans l’horreur… Pouvez-vous nous décrire la situation dans la Ghouta orientale ?
On est devant une grave catastrophe humanitaire. 400 000 personnes sont assiégées dans cette zone depuis cinq ans maintenant. On manque de tout. De nourriture, de médicaments… Et en plus de ça, les bombardement s’intensifient. Rien qu’hier, ils ont fait environ 100 morts et 400 blessés. La population n’en est que plus affaiblie. Dans cette zone, les enfants sont dénutris. Beaucoup de malades n’ont pas accès à leurs traitements. Certains doivent être transférés à Damas pour se soigner, pour pouvoir suivre leur chimiothérapie par exemple. Toute cette population est très fragile.
Ce qui se passe là-bas dépasse l’entendement. Il nous a semblé important de montrer cette horreur. Voici une photo envoyée par l’un de vos confrères sur place… Attention cette image est extrêmement difficile à regarder. C’est le visage d’une petite fille victime de ces bombardements dans cette région. De quelle arme a-t-elle été victime ?

une enfant blessée le 19 février 2018
D’une bombe à fragmentation qui explose à retardement. Mais toutes sortes d’armes ont été utilisées, y compris des armes chimiques. Toutes font des victimes. Je m’excuse pour les images mais on en reçoit tous les jours… Nos confrères sur place ne peuvent plus continuer à soigner leurs patients là-bas. Nous manquons de moyens : de consommables, de médicaments, d’anesthésiants, de tout…
Du coup, comment aidez-vous les civils sur place ?
A l’UOSSM, nous continuons d’envoyer ce qu’on peut comme aide médicale. Des médicaments notamment. Et nous soutenons les médecins qui travaillent là-bas. Le but c’est d’essayer de stabiliser cette zone. Les blessés vont se réfugier dans les hôpitaux. Malheureusement, ce sont devenus des zones dangereuses. A chaque fois qu’un soignant se rend à l’hôpital, ils ne sait pas s’il va revenir ou non. Il sauve des vies sans savoir s’il va perdre la sienne.

Sauveteurs après un bombardement le 19 février 2018.
Qu’attendez-vous de la communauté internationale ? La Russie par exemple propose d’exfiltrer cette population pour la sortir de cet enfer… Est-ce une bonne solution ?
C’est le choix qui a été fait plusieurs fois en Syrie. Malheureusement, déplacer la population n’est pas la solution. Ces gens-là veulent rester chez eux, en paix. Ils veulent que les bombardements s’arrêtent, que soient créés de vrais couloirs humanitaires. Ils veulent stabiliser la zone, que la guerre s’arrête.
L'UOSSM continue sa campagne d'alerte Urgence Ghouta ! Rendez-vous sur notre site internet urgenceghouta.uossm.fr ou don.uossm.fr ou envoyez DON par SMS au 92011.
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