Lutte contre le sida : qu'est-ce que le Yeztugo, un nouveau traitement préventif contre le VIH autorisé aux Etats-Unis ?
Ce médicament, injecté seulement deux fois par an, est moins contraignant et présente de meilleurs résultats que les autres traitements aujourd'hui utilisés dans la prévention de la transmission du VIH. Mais son prix très élevé risque de le rendre inaccessible pour de nombreuses personnes à risques.
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Une molécule qui pourrait révolutionner la lutte contre le sida. Depuis le mercredi 18 juin, un nouveau traitement préventif commercialisé sous le nom de Yeztugo par le laboratoire américain Gilead a été autorisé aux Etats-Unis, alors que plus de 23 millions de malades à travers le monde ont été infectés par le VIH, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et que 5 500 personnes ont découvert leur séropositivité en France en 2023, d'après Santé publique France.
Le Yeztugo est le nom commercial du lénacapavir, une molécule utilisée par le laboratoire Gilead depuis 2022 dans un traitement antirétroviral, le Sunlenca, proposé aux personnes déjà infectées. Sa molécule, le lénacapavir, empêche en fait la multiplication du VIH dans l'organisme en agissant sur la capside du virus, l'enveloppe qui protège son génome et les enzymes qui participent à sa réplication.
A la différence du Sulenca, le Yeztugo est un traitement utilisé pour prévenir la transmission du VIH, à l'image des médicaments connus sous le nom de "prophylaxie pré-exposition" ("PrEP"). Il est donc destiné à des personnes qui ne sont pas infectées, mais considérées comme étant à risque de l'être. Il sera désormais disponible aux Etats-Unis pour les "adultes et les adolescents pesant au moins 35 kg" et "ayant besoin de la PrEP ou souhaitant en bénéficier", selon le laboratoire.
Une administration facilitée
Ce nouveau médicament est perçu comme une révolution dans le domaine des traitements préventifs contre le VIH. Contrairement à la "PrEP", qui nécessite la prise quotidienne d'un comprimé, seules deux injections par an sont nécessaires pour le Yeztugo, ce qui permet une prévention plus efficace et moins envahissante. "Il est difficile de prendre une pilule tous les jours... lorsqu'il s'agit de prévention", explique Johanna Mercier, directrice commerciale de Gilead, auprès du journal USA Today. Le laboratoire américain a d'ailleurs constaté que les taux d'observance de ces traitements étaient très bas : seulement "50 à 55%", ce qui ne protège pas suffisamment contre une éventuelle infection.
Le Yeztugo est aussi un moyen de faciliter considérablement la prise en charge de personnes à risque, notamment dans les pays en développement, où l'épidémie de sida est particulièrement virulente. Dans ce contexte, donner aux gens la possibilité de prendre un médicament injectable deux fois par an "change la donne, non seulement aux Etats-Unis, mais dans le monde entier", a salué Carl Schmid, directeur exécutif de l'Institut de politique américain sur le VIH et l'hépatite, interrogé par USA Today. La revue Science a ainsi estimé en 2024 que le lénacapavir était la découverte scientifique la plus importante de l'année.
Des résultats encourageants
Car le lénacapavir présente une efficacité sans précédent et pourrait bien changer la donne contre le sida. Les deux essais cliniques menés par l'entreprise ont ainsi montré une réduction du risque de transmission du VIH de plus de 99,9% chez les adultes et les adolescents, en faisant ainsi l'option la plus proche d'un vaccin. "On ne voit pas de tels résultats tous les jours", saluait en décembre Mitchell Warren, à la tête de l'Avac, une association très investie dans la recherche contre le sida, dans la revue Science.
Et ce, même si cette évaluation a été effectuée sur une population assez restreinte : 5 000 femmes et adolescentes vivant en Afrique du Sud et en Ouganda, lors du premier essai dont les résultats ont été relayés par le New England Journal of Medicine en juillet 2024, à l'issue duquel aucune d'entre elles n'a été infectée. Puis seulement 2 000 personnes, tous genres confondus, vivant en Amérique du Sud, en Asie, en Afrique et aux Etats-Unis, dans un deuxième essai publié par la même revue scientifique au mois de novembre, où seulement deux personnes ont contracté le virus.
"Si l'on passe à 100 000 personnes, on n'aura pas 100% d'efficacité. Mais le traitement sera toujours très efficace", souligne Yazdan Yazdanpanah, directeur de l'Agence nationale des recherches sur le sida et les hépatites infectieuses (ANRS), interrogé par Le Parisien.
Le prix encore prohibitif
Toutefois, une question de taille va se poser : celle du prix de ce traitement. Interrogée par l'AFP, l'entreprise a reconnu que le Yeztugo coûterait 28 218 dollars par an (soit 24 471 euros). Néanmoins, "nous travaillons à rendre Yeztugo accessible à tous ceux qui en auraient besoin ou le souhaiteraient, et nous nous attendons à une importante prise en charge par les assurances", a fait savoir la porte-parole de Gilead mercredi.
Or, selon une récente estimation réalisée par plusieurs chercheurs et publiée dans la revue The Lancet, le lénacapavir pourrait être produit pour des coûts allant seulement de 25 à 46 dollars (de 22 à 40 euros). "Si ce médicament qui change la donne reste inabordable, il ne changera rien", a insisté Winnie Byanyima, la cheffe de l'ONUSIDA, dans un communiqué.
"Baissez le prix, augmentez la production et faites en sorte que le monde ait une chance de mettre fin au sida."
Winnie Byanyima, directrice exécutive de l'ONUSIDA.dans un communiqué
"Même les pays qui ont des revenus élevés ne pourront pas se permettre d'utiliser le lénacapavir à grande échelle à des prix supérieurs à 20 000 dollars par an", abonde Andrew Hill, l'un des scientifiques qui a participé à l'étude du Lancet, auprès du journal britannique The Guardian.
En 2024, le laboratoire Gilead a annoncé avoir passé des accords avec des fabricants pour produire et vendre des génériques à bas coût dans plus de 100 pays en développement. Mais ces initiatives pourraient être mises à mal par les actions du gouvernement de Donald Trump, qui sabre les financements internationaux qui devaient les soutenir depuis son retour à la Maison Blanche.
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