Les Ehpad des grands groupes privés sont plus chers et emploient moins de personnels, selon une étude
La Direction statistique des ministères sanitaires et sociaux a comparé les établissements accueillant des personnes âgées dépendantes du secteur public et du secteur privé.
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Trois ans et demi après la publication des Fossoyeurs, le livre du journaliste Victor Castanet qui avait révélé les maltraitances subies par des résidents du groupe Orpéa, c'est l'heure des comptes. Tarifs, nombre d'employés par pensionnaires... La Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), rattachée aux ministères de la Santé et du Travail, a passé au crible le secteur privé des Ehpad dans une étude publiée mercredi 3 septembre.
Se basant sur les données de 2022, la Drees s'est intéressée aux établissements pour personnes âgées dépendantes appartenant aux grands groupes privés lucratifs, tels que Clariane (anciennement Korian), Emeis (ex-Orpéa), DomusVi, Domidep et Colisée, qui gèrent chacun au moins 100 établissements. Selon ses chiffres, il existait cette année-là 7 473 Ehpad en France accueillant 593 580 résidents. Parmi eux, 13% s'offraient les services d'un des cinq grands groupes mentionnés, ce qui représente 74 537 personnes.
Une répartition inégale sur le territoire
Toutefois, ces établissements sont "très inégalement répartis sur le territoire français", constate la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques. "Dans certains départements, plus d'un établissement sur cinq est géré par les grands groupes", souligne ainsi la Drees, citant ceux de la région Ile-de-France "et certains départements limitrophes", "du littoral méditerranéen de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur" et "du littoral en Nouvelle-Aquitaine", comme la Charente-Maritime et la Gironde.
Cette implantation est beaucoup moins importante dans d'autres zones géographiques, comme le Massif central et l'ouest de la France, où la part de grands groupes est "inférieure à 5%, témoignant d'une faible implantation de ces acteurs privés au profit d'autres formes de gestion, notamment publiques". Plus généralement, "en milieu rural, l'offre est majoritairement assurée par le secteur public et le secteur privé non lucratif, qui regroupent 85% des établissements".
Des tarifs plus élevés...
Dans les Ehpad appartenant à Clariane, Emeis, DomusVi, Domidep et Colisée, les tarifs d'hébergement sont "plus élevés", a également calculé la Drees, "notamment pour les places non habilitées à l'aide sociale à l'hébergement (ASH)", destinées aux personnes les plus vulnérables. Les prix moyens pour une journée et une nuit sont ainsi évalués à "98 euros contre 89 euros en moyenne".
Cette différence tarifaire se vérifie également une fois les effets liés à la localisation de l'établissement, à la concurrence des autres établissements, à la qualité des bâtiments, au niveau de perte d'autonomie des résidents, puisque l'écart de prix entre les grands groupes et les autres Ehpad privés à but lucratif est "d'environ 8 euros par nuit". De leur côté, les Ehpad publics "pratiquent les tarifs d'hébergement les plus bas" du marché, "avec un coût uniforme de 60 euros par nuit".
... mais un taux d'encadrement plus bas
Ces tarifs plus élevés s'expliquent-ils par un plus grand nombre d'employés par résident ? Pas vraiment. La Drees évalue qu'en moyenne, en 2022, les grands groupes employaient l'équivalent de 60,2 personnes travaillant à temps plein pour s'occuper de 100 résidents (appelé taux d'encadrement), "soit un niveau légèrement inférieur aux autres Ehpad privés à but lucratif". Un niveau bien inférieur à celui des Ehpad du secteur public hospitalier, où ce taux est de 72,9 encadrants pour 100 résidents.
Ce taux d'encadrement est plus faible "en particulier pour le personnel paramédical", comme les infirmières et les aides-soignantes. La Drees note que les grands groupes emploient en moyenne 28,8 aides-soignantes pour 100 résidents contre 34,6 pour le secteur public hospitalier et 30,2 pour le secteur public non hospitalier. L'écart est encore plus important s'agissant des infirmières : elles sont en moyenne 6,8 pour 100 résidents chez Clariane, Emeis, DomusVi, Domidep et Colisée, contre 8,5 dans le secteur public hospitalier et 7,2 dans le secteur public non hospitalier.
Peu d'Ehpad dotés d'unités Alzheimer
Enfin, la Drees note que les Ehpad privés (pas uniquement ceux des grands groupes) "sont rarement dotés" d'une unité d'hébergement renforcée (UHR), ces espaces spécialement destinés à accueillir des personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer ou présentant des troubles sévères du comportement. "Seulement 1% des établissements appartenant à de grands groupes en disposent et 2% parmi les autres établissements privés à but lucratif", déplore la Drees, soulignant que ces "unités sont principalement présentes dans les Ehpad publics hospitaliers, où 14% des structures en sont équipées". Les unités réservées aux personnes handicapées vieillissantes "restent également rares" dans l'ensemble du secteur privé, regrette la Drees, où "seulement 1% des établissements en disposent". A titre de comparaison, "4% des structures publiques sont équipées de ce type d'unité".
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