Un système qui "broie les jeunes pour tenter de sauver des meubles" : 21% des étudiants en médecine déclarent avoir des idées suicidaires
Dans cette enquête sur la santé mentale des étudiants en médecine, réalisée par leurs syndicats, un étudiant sur deux déclare également avoir des symptômes anxieux.
La santé mentale des carabins, les étudiants en médecine, se dégrade, selon une enquête réalisée par les syndicats de ces étudiants, menée auprès de 8 000 d'entre eux et que France Inter a pu consulter vendredi 7 février. Deux précédentes enquêtes, en 2017 et en 2020, avaient été menées par les syndicats sur la santé mentale des jeunes médecins.
Selon cette "Enquête Santé mentale 2024 des étudiants de médecine générale, de la deuxième année à la fin de l'internat", un étudiant en médecine sur deux déclare des symptômes anxieux (52% comme en 2021), 27% disent souffrir d'épisodes dépressifs caractérisés, soit 2% de plus qu'en 2021. Un répondant sur cinq (21%) affirme avoir des idées suicidaires pendant l'année, contre 19% en 2021.
"Abandonnée par l'hôpital"
Par ailleurs, 24% déclarent souffrir de troubles du comportement alimentaire. C’est le cas d'une jeune femme, qui préfère rester anonyme. Elle répond à l'enquête et affirme en avoir souffert pendant ses premières années d'études de médecine. Elle raconte avoir eu "le sentiment d'avoir été totalement abandonnée par l'hôpital", avoir été "épuisée, dégoûtée de ce système" qui "se casse la figure" et qui "broie des jeunes personnes pour tenter de sauver des meubles".
À noter que les pourcentages d'humiliations, eux, sont en baisse : 23% en 2021 contre 14% en 2024. Il en va de même avec les cas de harcèlements sexuels : 29% en 2021 contre 22% trois ans plus tard. Les cas d'agressions sexuelles pendant les études passent, quant à elles, de 4% en 2021 à 6% en 2024.
Manque d'encadrement, surcharge de travail...
Pour Ariane Roubi, vice-présidente de l’Intersyndicale nationale représentative des internes de médecine générale, parmi les facteurs responsables de la dégradation de la santé mentale des étudiants en médecine, il y a la pression des études ou de la hiérarchie à l’hôpital, le manque d’encadrement ou encore la charge de travail trop importante des carabins quand ils sont à l’hôpital : "Il faudrait des choses plus structurelles et institutionnelles comme de vraies mesures pour mieux gérer le temps de travail des internes et des étudiants en médecine et les aider à aller vers quelque chose de plus normal".
Elle ajoute que, selon leur dernière enquête sur le temps de travail, "10% des internes travaillent plus de 80 heures par semaine alors que la loi c'est 48h". Selon elle, "il y a donc encore du travail à faire pour faire respecter la loi et nous protéger au mieux".
Le ministre de la Santé interpellé
Face à la situation, les syndicats interpellent le ministre de la Santé afin qu'il prenne des mesures. "Sept ans après la première étude et trois après la seconde, pourtant réalisée au cours de la crise du Covid, le constat est sans appel : la santé mentale des étudiant·es en médecine et des internes continue d’être préoccupante", écrivent-ils. Ils affirment qu'il y a "urgence à agir pour protéger nos soignant·es en formation, pour la santé des patient·es de demain".
L'enquête fait donc plusieurs propositions notamment concernant la formation des internes : "Nous exigeons une application stricte de la réglementation prévoyant deux demi-journées hebdomadaires de travail universitaire et personnel, pour permettre aux internes de se conformer aux exigences de formation sans sacrifier leurs congés annuels, repos de gardes ou leurs nuits". Ou bien encore, "inclure une formation à la pédagogie, à la prévention des violences sexistes et sexuelles et aux déterminants de la santé mentale des étudiant·es en médecine dans le parcours de formation des maîtres de stage universitaires et des praticien·nes hospitalier·ères".
Ce questionnaire dématérialisé a été rendu disponible aux étudiants, étudiantes et internes via la plateforme sécurisée REDCAP du 10 juin au 28 juillet 2024. Plus de 8 000 personnes y ont répondu.
Si vous avez besoin d'aide, si vous êtes inquiet ou si vous êtes confronté au suicide d'un membre de votre entourage, il existe des services d'écoute anonymes. La ligne Suicide écoute(Nouvelle fenêtre) est joignable 24h/24 et 7j/7 au 01 45 39 40 00. D'autres informations sont également disponibles sur le site du ministère des Solidarités et de la Santé(Nouvelle fenêtre).
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