Test sanguin pour diagnostiquer les troubles bipolaires : "Le niveau de preuve n'est pas suffisant", juge un psychiatre
Ce test est accessible sur prescription médicale depuis le 1er avril. Il coûte près de 900 euros et n'est pas remboursé par la sécurité sociale.
Le premier test sanguin permettant de diagnostiquer les troubles bipolaires est mis sur le marché lundi 1er avril en France, rapporte France Culture. Baptisé MyEDIT-B, ce test est accessible sur prescription médicale. Il coûte près de 900 euros et n'est pas remboursé par la sécurité sociale. Commercialisé par le laboratoire Alcediag, il permet d'éviter les erreurs de diagnostics notamment entre la bipolarité et la dépression dont les symptômes sont similaires. Selon l'association de professionnels, PositiveMinders, plus de 40% des personnes diagnostiquées comme dépressives souffrent en réalité de bipolarité en France.
Ce test est présenté comme une grande avancée mais certains professionnels de santé, notamment l'Association française de psychiatrie biologique et de neuropsychopharmacologie, émettent toutefois quelques réserves. Ils craignent que les études de ce test ne soient pas suffisamment poussées, à l'image de Boris Chaumette, psychiatre et chercheur à l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), qui juge la mise sur le marché de ce teste encore prématurée : "Le niveau de preuve n'est pas suffisant. Il y a eu une étude qui a été publiée directement par la société qui le commercialise [mais] il n'y a pas eu réplication pour l'instant à large échelle."
Un retard de diagnostic de 10 ans en moyenne
Le chercheur explique qu'il y a "beaucoup d'études qui montrent des résultats qui peuvent être faussement positifs" et que pour être sûrs que ce test soit valable, "il faut le répliquer dans des cohortes indépendantes. Pour l'instant ça n'a pas été fait et donc on ne peut pas le recommander". Pour Boris Chaumette, "on met un peu la charrue avant les boeufs".
"On commercialise quelque chose sans être absolument certain de la fiabilité et on demande aux patients de payer."
Boris Chaumette, psychiatre et chercheur à l'Insermà France Culture
En plus de cela, le psychiatre souligne que "la sensibilité et la spécificité du test", soit "la chance de diagnostiquer les bonnes personnes et de ne pas faire d'excès", se situe "autour de 80%", d'après l'étude, un chiffre similaire aux techniques de diagnostic traditionnelles réalisées dans les services de psychiatrie. "Si on regarde ce qui se fait par des échelles cliniques - donc on pose des questions aux patients - on est à peu près dans le même taux de succès. On ne voit donc pas très bien comment ce test-là va aider au diagnostic supplémentaire", conclut-il. Selon l'association FondaMental, entre 650 000 et 1 600 000 personnes sont atteintes de troubles bipolaires en France et sont diagnostiquées avec un retard de 10 ans en moyenne.
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