VIH : des anticorps pour éviter l’infection ?
Selon une étude publiée dans la revue Nature, mercredi 27 avril 2016, injecter des anticorps anti-VIH à des macaques permettrait de retarder une contamination ultérieure par un virus similaire chez ces animaux. Une piste de recherche intéressante en attendant l’arrivée d’un vaccin.
Injecter des anticorps à une personne pour la protéger contre une infection ultérieure : voilà comment fonctionne la technique dite de l’immunisation passive. Connue depuis plus d’un siècle, elle est également utilisée dans le traitement de certaines maladies auto-immunes et certains cancers. Mais pour le virus du Sida (VIH), cette technique n’est pas encore tout à fait au point.
Mercredi 27 avril 2016, une équipe de chercheurs basés aux Etats-Unis a cependant publié, dans la revue Nature, une étude[1] sur des macaques ayant reçu des anticorps humains anti-VIH puis exposés, à plusieurs reprises, à un virus dit chimérique: le SHIV[2]. Ils sont ainsi parvenus à obtenir une protection des singes contre l’infection allant de 12 à 23 semaines.
Des anticorps ultra puissants contre le VIH
Les anticorps utilisés (on parle également d’immunoglobulines) sont des molécules humaines isolées à partir d’individus infectés par le virus du Sida. Elles ne sont donc pas issues d’animaux préalablement mis en contact avec le virus. Selon le Dr Hugo Mouquet, de l’Institut Pasteur de Paris : "une très faible catégorie des individus infectés par le VIH, environ 1%, va développer ce type de super anticorps, que l’on appelle anticorps neutralisants à large spectre. Or, par définition, ces immunoglobulines sont ultra efficaces contre le VIH à faible dose et, surtout, contre la majorité des variants connus du VIH".
Selon le site Internet de la revue Nature, des études ont déjà mis en évidence que l’injection de ces immunoglobulines à des individus infectés permettait de diminuer de façon drastique, mais sur de courtes périodes, la quantité de virus présente dans le sang de ces personnes. Les chercheurs savent également que l’administration de ces anticorps à des singes, un ou deux jours avant une exposition au SHIV, les protège de la contamination.
La nouveauté de l’étude parue mercredi dernier est que " les auteurs ont voulu mimer ce qui est la réalité chez l’Homme, c’est-à-dire des doses plus faibles [que dans les expériences précédentes]. Auparavant, on faisait une injection d’immunoglobulines puis on exposait des souris ou des macaques à une seule grosse dose de virus, 10 à 100 fois plus forte que ce que l’on estime être la dose transmise à un humain lors d’une exposition au VIH. La nouveauté, c’est qu’une seule injection d’anticorps ultra puissants permet de protéger les singes d’une inoculation répétée du virus SHIV, même à faible dose ; mais la dose n’est pas plus faible que ce que l’on verrait chez l’Homme ; c’est plus faible que ce qui a été fait par le passé dans ces modèles" précise le Dr Mouquet.
Une alternative temporaire à un vaccin
Dans une interview publiée sur le site Internet de Nature, Malcolm Martin, qui a mené l’étude, estime que "cela pourrait constituer une alternative temporaire à un vaccin, en attendant que l’on sache en fabriquer un".
De façon plus spécifique, cette alternative à la vaccination pourrait avoir un intérêt majeur pour les populations à risque de contracter le VIH, telles que les travailleurs du sexe ou les femmes enceintes déjà infectées par le VIH et qui risquent de transmettre le virus à leur bébé. "On pourrait très bien imaginer, dans une population à risque, injecter, tous les mois ou tous les deux mois, une dose d’anticorps et essayer ainsi de prévenir la transmission de la maladie. C’est ça, le point fort du papier : en l’absence de vaccin, on pourrait utiliser des anticorps en prophylaxie", précise le Dr Mouquet.
Reste la question du coût de production de ces immunoglobulines. D’après le chercheur de l’Institut Pasteur : " la production d’anticorps est coûteuse mais des réflexions sont actuellement en cours au niveau mondial entre industries pharmaceutiques, entreprises philanthropiques et chercheurs pour diminuer le cout de ces anticorps d’un facteur 10 à 100. Le coût sera certes plus onéreux que pour des molécules chimiques mais il existe déjà de nombreux anticorps commercialisés sous forme de médicaments sur le marché. "Dans le futur on pourrait imaginer des médicaments qui soient abordables même dans les pays en voie de développement" ajoute le scientifique.
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