Ce que l'on sait des trois morts suspectes de patients au CHU de Nantes
Traités par chimiothérapie, ils sont morts entre le 10 et 13 novembre. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, vendredi.
Le parquet de Paris a ouvert, vendredi 18 novembre, une enquête préliminaire après la mort, au CHU de Nantes (Loire-Atlantique), de trois patients atteints d'un cancer et suivant une chimiothérapie. Un quatrième patient ayant suivi le même traitement est toujours hospitalisé. Ils avaient tous reçu un médicament de remplacement au cours de leurs soins, au lieu du traitement généralement administré.
Franceinfo rappelle les principaux éléments connus de l'enquête.
Pourquoi ces morts sont-elles suspectes ?
Les trois patients étaient âgés de 61 à 65 ans. Ils sont morts entre le 10 et le 13 novembre dans des circonstances suspectes. Ils étaient atteints d'un lymphome et suivaient une chimiothérapie. Un quatrième patient, qui a reçu les mêmes soins, est toujours hospitalisé. Dans le cadre de leur cure de chimiothérapie intensive, ils ont reçu un traitement "comprenant le médicament cyclophosphamide en remplacement du médicament melphalan généralement utilisé", indique le ministère de la Santé.
Le cyclophosphamide est développé par le groupe pharmaceutique américain Baxter sous le nom d'Endoxan. Il est disponible sur le marché en France depuis 1994. Selon Benoît Vallet, directeur général de la Santé (DGS), l'Endoxan est "connu pour donner des complications cardiaques, très rares, mais répertoriées". "La séquence de trois patients qui décèdent en quelques jours (...) nous amène effectivement à penser que nous sommes dans une situation pas habituelle", a-t-il expliqué sur franceinfo.
Les traitements avec le nouveau médicament avaient débuté à la fin octobre, avec des complications graves observées une douzaine de jours après. "Ces patients avaient eu un traitement de première intention et ils ont fait une récidive qui a nécessité l’utilisation de l’autogreffe, au centre de greffe du CHU de Nantes", indique vendredi à Ouest-France Benoît Vallet.
Pourquoi leur traitement avait-il été modifié ?
La décision des médecins du CHU d'utiliser la cyclophosphamide plutôt que le melphalan a été motivée "par les tensions d'approvisionnement européennes sur le melphalan et leur choix de réserver les lots dont ils disposaient au traitement des patients atteints de myélome, indication pour laquelle il n'y a pas d'alternative", a indiqué le ministère.
Selon une source syndicale contactée par l'AFP, des alertes ont été lancées depuis juin sur les difficultés d'approvisionnement du melphalan. D'après l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), le phénomène des tensions d'approvisionnement et ruptures de stocks est "assez récurrent, pas nouveau" et "pas spécifique à la cancérologie".
"A la CGT, on se demande pourquoi on était en rupture de stock de cette molécule, s'interroge néanmoins Olivier Terrien, délégué syndical au CHU de Nantes contacté par franceinfo. En tout cas, tout avait été réapprovisionné correctement ce vendredi matin. On aimerait comprendre." Il indique qu'un comité technique d'établissement a eu lieu vendredi matin au sein du CHU. "Il était prévu bien avant le drame", précise Olivier Terrien à franceinfo.
Comment réagissent les autorités ?
Une enquête administrative a d'abord été ouverte, jeudi 17 novembre, par l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), saisie par le ministère de la Santé. Une équipe de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) est arrivée vendredi matin au CHU de Nantes. L'Igas doit notamment déterminer "les causes exactes des complications graves" et examiner "l'organisation, les moyens et les conditions de réalisation des chimiothérapies", selon le communiqué du ministère de la Santé. Les premières conclusions sont attendues sous sept jours.
Le pôle santé publique du parquet de Paris a ouvert, vendredi, une enquête préliminaire pour "homicides involontaires et blessures involontaires avec ITT supérieure à trois mois".
Interrogé par les sénateurs, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a affirmé vendredi que, "à ce stade, rien ne permet d'accuser la cyclophosphamide, traitement validé par la communauté médicale et utilisé depuis des années" dans le décès des trois patients. "Le spectre des causes potentielles est large, il ne faut ni en écarter, ni en privilégier aucune", a-t-elle poursuivi, en citant comme autres causes possibles "les médicaments, le protocole, le mode d'administration..."
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