"Quand ils sont périmés, je ne m'amuse pas à les garder" : comment lutter contre le gaspillage des médicaments non consommés ?

Les produits délivrés dans les pharmacies de ville non-utilisés et jetés coûtent très cher chaque année, selon un rapport de la Cour des comptes.

Article rédigé par franceinfo
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Des médicaments dans une pharmacie en France, le 27 mars 2025. (JEAN-MARC BARRERE / HANS LUCAS / AFP)
Des médicaments dans une pharmacie en France, le 27 mars 2025. (JEAN-MARC BARRERE / HANS LUCAS / AFP)

"Oui, ça m'arrive, je reconnais et j'ai honte, mais j'ai jeté une boîte de médicaments périmés", confie cette Parisienne sur le seuil de cette pharmacie parisienne. Il faut dire que cette quadragénaire a un très mauvais souvenir de la seule fois où elle a joué avec la date de péremption : "J'avais vomi comme ce n'était pas permis. Les pharmaciens disent qu'on peut encore les consommer un petit peu de temps, mais dorénavant, quand ils sont périmés, je ne m'amuse pas à les garder..."

Une plaquette de médicaments qui traîne dans un de nos tiroirs, c'est quelque chose d'assez fréquent. Et il peut aussi arriver qu'on la jette à la poubelle. Sauf que ce geste a un prix. Les médicaments prescrits en ville mais non consommés représentent chaque année en France entre 561 millions et 1,7 milliard d'euros, selon une évaluation de la Cour des comptes, publiée jeudi 5 septembre, qui appelle à identifier les produits les plus jetés et les raisons de ce gaspillage.

Le volume de médicaments jetés et collectés par l'organisme Cyclamed chargé de leur récupération représentait 8 503 tonnes en 2023. Le potentiel de réduction de ces déchets peut être évalué entre 224 millions à 867 millions d'euros, selon l'enquête conduite par la Cour des comptes.

Donner la "juste dose" ?

Cette maman aussi avoue avoir déjà eu à jeter des médicaments. Mais se défend : elle refuse régulièrement qu'on lui délivre des traitements... qu'elle a déjà à la maison. "C'est un pli à prendre et savoir ce qu'on a dans ses placards". Mais le problème, relève-t-elle, c'est que la dernière journée de traitement demande parfois d'entamer une deuxième boîte. 

Annette, 81 ans, trouve ça aussi idiot que les plaquettes de douze cachets... quand le médecin lui prescrit d'en prendre dix. "Quand il en reste deux, ceux-là, au bout d'un moment, que voulez-vous on les jette ! Mais on devrait peut-être prendre exemple sur les pays anglo-saxons où on vous donne juste la dose qui convient à votre traitement", avance-t-elle. Annette tâche au moins de rapporter ses médicaments esseulés à la pharmacie pour qu'ils soient incinérés. Elle trouve que c'est "un moindre mal, mais que c'est quand même gâché".

De son côté, la Fédération hospitalière de France annonce vendredi sur franceinfo avoir identifié trois leviers. Pour économiser "des centaines de millions d'euros" de produits de santé, la déléguée générale de la Fédération hospitalière de France Zaynab Riet estime "qu'il faut un système d'information numérique optimum entre la ville et l'hôpital, pour suivre les prescriptions en temps réel."
 
Dans un premier temps, "il faut absolument que les médecins et les pharmaciens puissent voir régulièrement les traitements et les adapter à l'évolution des patients. Ensuite, il faut pouvoir s'engager dans une démarche de réduction des médicaments non utilisés. Puis vraiment inculquer la formation au bon usage du médicament".

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