Médicaments : deux tiers des laboratoires n’envisagent pas d'investir en France dans les 3 ans qui viennent, révèle le baromètre annuel Leem
Plusieurs freins sont évoqués : des prix des médicaments jugés trop bas, la lenteur administrative et une fiscalité jugée "illisible et punitive".
C’est un des paradoxes français. La France est toujours le 2e marché pharmaceutique d’Europe, tout en devenant l’un des moins attractifs pour les laboratoires. "64% des dirigeants n’envisagent plus d’investir en France dans les trois prochaines années", d’après le baromètre annuel publié mardi par le Leem, organisation professionnelle des entreprises du médicament qui regroupe 280 entreprises adhérentes.
Dans le détail, sept grands laboratoires sur 10 et une PME sur deux se disent frileux à l’idée d’investir en France dans les prochaines années. Et plus de neuf dirigeants sur 10 interrogés estiment que le niveau d’attractivité a baissé. Comment expliquer ce décrochage ? Plusieurs obstacles sont pointés du doigt par le secteur : le manque de visibilité, le prix du médicament en France très encadré ou encore les délais de mise en vente sur le marché.
"Pour investir, il faut de la visibilité"
La secrétaire du bureau du Leem explique à France Culture que l’instabilité politique et fiscale en France est une entrave. "Pour investir dans une usine il faut avoir de la visibilité sur les prochaines années", rappelle Clarisse Lhoste, également présidente de la filiale française de l’Américain MSD, l’un des cinq 'big pharma'. "Si les conditions économiques changent, si une nouvelle taxe est inventée, forcément les dirigeants de filiales en France ont du mal à défendre des investissements auprès de nos maisons mères pour venir investir en France par rapport à l’Allemagne, l’Italie, la Chine ou ailleurs", soutient-elle.
Autre frein, le prix du médicament 11 à 16% moins cher que la moyenne européenne. Or c’est ce "qui détermine l’attractivité d’un pays", selon la représentante du secteur. Pour le Leem, il est aussi urgent d’agir sur les délais d’accès au marché remboursé qui sont très longs, 523 jours en France contre 50 en Allemagne. "En Allemagne, ils peuvent commercialiser le lendemain de l’autorisation de mise sur le marché", salue Corinne Blachier-Poisson, qui dirige la commission d'accès au Leem, "donc les produits sont accessibles tout de suite aux patients".
Moins de 10% des médicaments vendus en Europe sont fabriqués en France
Aujourd’hui, "seuls 60% des médicaments ayant une autorisation de mise sur le marché européenne sont disponibles en France" et "seuls 9% des nouveaux médicaments vendus en Europe sont fabriqués en France, alors que notre pays pourrait en produire bien davantage", souligne aussi le baromètre. L'organisation professionnelle lance donc un appel pour "activer en urgence les leviers d’attractivité", rappelant qu’un euro investi en France dans le médicament génère 2,10 euros de richesse.
Pour refaire de la France une "terre d’accueil de l’innovation" et des investisseurs, le secteur pharmaceutique réclame une "remise à plat" d’une fiscalité jugée "illisible et punitive". Le Leem propose notamment de revoir et d’harmoniser la fixation des prix des médicaments et de créer des incitations fiscales pour améliorer les conditions d’exploitation des sites industriels. Le porte-voix des entreprises du médicament demande par ailleurs "une loi de programmation en santé, portée par un pilotage interministériel stable", pour parvenir à la souveraineté sanitaire présentée comme l’une des priorités du gouvernement.
Méthodologie : le baromètre 360° 2025 de l’attractivité de la France pour l’industrie pharmaceutique a été réalisée par PwC Strategy&. 49 entreprises du médicaments adhérentes du Leem ont répondu, elles représentent 71% du chiffre d’affaires de l’industrie en France.
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