Grippe : "Soit on rend la vaccination obligatoire, soit on continue à être dans les petites phrases", plaide le médecin Mathias Wargon

Le chef de service des urgences et du Smur en Seine-Saint-Denis réagit aux propos du ministre délégué à la Santé qui trouve "fou" que seulement 20% du personnel soignant à l'hôpital soit vacciné contre la grippe.

Article rédigé par franceinfo
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Mathias Wargon, le chef de service des urgences et du Smur en Seine-Saint-Denis, le 16 juillet 2020. (JOEL SAGET / AFP)
Mathias Wargon, le chef de service des urgences et du Smur en Seine-Saint-Denis, le 16 juillet 2020. (JOEL SAGET / AFP)

"Soit on rend la vaccination obligatoire, soit on continue à être dans les petites phrases", a plaidé jeudi 31 juillet sur franceinfo Mathias Wargon, chef de service des urgences et du Smur en Seine-Saint-Denis, après que le ministre délégué à la Santé Yannick Neuder a jugé sur franceinfo "fou" que seulement 20% du personnel soignant à l'hôpital soit vacciné contre la grippe. Le ministre exhorte les professionnels de santé en France à "montrer l'exemple" et plaide pour une incitation à la vaccination. "Je pense qu'on a un problème vis-à-vis de la vaccination et qu'il y a énormément besoin de faire de la pédagogie", affirme Yannick Neuder.

 

"Cette incitation à se vacciner, c'est le langage habituel. Ça fait une vingtaine d'années qu'on n'arrive plus à vacciner les personnels contre la grippe et que ça diminue tous les ans", constate Mathias Wargon. Il souligne la "grosse méfiance pour la vaccination de la part du personnel soignant, un peu moins des médecins, mais beaucoup plus des infirmières, des aides-soignants". Pour expliquer cette défiance des personnels de santé, le médecin estime qu'ils sont "perméables à la désinformation comme les autres. Les médecins ont une culture médicale plus importante que les autres personnels, mais les autres personnels, ils ont une méfiance envers la vaccination et un niveau scientifique pas beaucoup plus élevé que le restant de la population".  

Il faut "imposer les choses"

"La vaccination contre la grippe, soit on prend des vraies mesures, soit on continue à raconter des choses, faire de la pédagogie, mettre trois affiches dans des hôpitaux et ça va rester pareil", se désole Mathias Wargon. Il déplore que le vaccin ne soit pas imposé, parce qu'"il y a des raisons électorales". "On n'a pas envie de se couper d'une partie de la population qui n'a pas envie de se vacciner", juge l'urgentiste. "Il n'y a pas de soutien du conseil de l'Ordre des médecins qui n'a jamais lancé de campagne importante, qui lui-même soutient des trucs comme l'homéopathie, la lithothérapie. On est dans un monde où il n'y a plus d'informations scientifiques, on n'est jamais droit dans ses bottes sur l'information scientifique."  

"On n'a qu'à rendre la vaccination obligatoire", martèle Mathias Wargon. "Il faut imposer les choses. Si on est sûr de soi, on rend la vaccination obligatoire chez les soignants et on discute plus." 

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