Virus Ebola : trois questions sur un nouveau traitement, testé sur des singes et administré sous forme de simple comprimé

Des scientifiques ont testé sur des singes un traitement contre le virus Ebola, qui provoque une fièvre hémorragique et a fait plus de 15 000 morts en Afrique depuis 1976.

Article rédigé par franceinfo
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Un homme désinfecte les installations d'un centre d'isolement contre Ebola, le 1er novembre 2022, en Ouganda. (HAJARAH NALWADDA / XINHUA / AFP)
Un homme désinfecte les installations d'un centre d'isolement contre Ebola, le 1er novembre 2022, en Ouganda. (HAJARAH NALWADDA / XINHUA / AFP)

Des singes infectés par le virus Ebola ont été soignés à l'aide d'un simple comprimé, utilisé un temps dans le traitement contre le Covid-19 : l'antiviral obeldesivir. Cette avancée prometteuse, qui pourrait ouvrir la voie à des traitements plus pratiques et abordables chez les humains, est le résultat d'une nouvelle étude américaine publiée vendredi 14 mars, dans la revue scientifique Science Advances. Franceinfo répond à trois questions que pose cette étude. 

1 Quels sont les traitements actuels contre Ebola ?

Identifiée pour la première fois en 1976 et considérée comme provenant de chauves-souris, cette maladie souvent mortelle se transmet par fluides corporels, avec pour principaux symptômes une forte fièvre, des vomissements, des saignements et des diarrhées. Toutes souches confondues, le virus a fait plus de 15 000 morts en Afrique depuis 1976.

Deux traitements par anticorps intraveineux existent et peuvent sauver entre 230 et 400 vies sur 1 000 personnes infectées. Mais ils restent coûteux et difficiles à administrer, notamment dans les régions les plus pauvres du monde.

En 2019, l'Organisation mondiale de la santé a préqualifié le vaccin Ervebo, ce qui "signifie que le vaccin satisfait aux normes de qualité, d'innocuité et d'efficacité de l'OMS", détaillait, à l'époque, le communiqué de presse de l'agence onusienne. Mais ce vaccin n'est pas efficace contre toutes les souches. "Il s'est révélé efficace dans la protection contre le virus Ebola-Zaïre", précisait l'OMS. Il n'existe ainsi pas de vaccin contre Ebola-Soudan, une souche responsable d'une épidémie en Ouganda depuis fin janvier.

2 En quoi consiste le traitement expérimenté ?

Les scientifiques ont testé l'antiviral obeldesivir, la forme orale du remdesivir intraveineux, un médicament notamment utilisé contre le Covid-19, avant que l'OMS ne le déconseille. L'équipe a infecté deux espèces de macaques avec une forte dose du Makona, un variant d'Ebola-Zaïre, l'une des souches à l'origine d'une grande épidémie. "Nous avons vraiment essayé de trouver quelque chose de plus pratique, de plus facile à utiliser, qui pourrait être utilisé pour aider à prévenir, contrôler et contenir les épidémies", a expliqué à l'AFP Thomas Geisbert, virologue à l'université du Texas Medical Branch qui a dirigé cette étude.

3 Quels sont les résultats ?

L'obeldesivir a guéri 100% des macaques rhésus, l'espèce la plus proche biologiquement des êtres humains. Le médicament a également déclenché une réponse immunitaire, les aidant à développer des anticorps.

Si l'expérience repose sur un nombre de singes relativement faible, l'étude reste significative, assure Thomas Geisbert. Le scientifique souligne que les singes ont été exposés à une dose extraordinairement élevée du virus. Selon le chercheur, l'un des aspects les plus intéressants de l'obeldesivir est le "spectre étendu" qu'il offre par rapport aux traitements à base d'anticorps qui ne fonctionnent que contre Ebola-Zaïre.

Le fabricant pharmaceutique américain Gilead soumet actuellement l'obeldesivir à des essais cliniques pour le virus de Marburg, qui appartient à la même famille qu'Ebola.

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