"La bêtise, on ne peut pas en guérir et ça se propage plus vite que les virus" : la communauté asiatique dénonce une "xénophobie sévère"
La communauté asiatique, notamment dans le 13e arrondissement de Paris, se sent pointée du doigt depuis l'apparition du coronavirus 2019-nCoV.
Face à l'épidémie de coronavirus en Chine, plusieurs villes françaises notamment Paris, Lognes ou Bussy-Saint-Georges annulent les festivités du Nouvel An chinois et vietnamien prévues dimanche 1er février. Les organisateurs préfèrent reporter par "précaution" et car l'ambiance n'est pas à la fête en raison de l'épidémie de coronavirus 2019-nCoV.
La communauté asiatique se sent pointée du doigt. Dans le 13e arrondissement de Paris par exemple, certains ressentent une défiance voire une stigmatisation. Cette défiance inquiète Sun-Lay Tan plus que l'épidémie de coronavirus elle-même. Ce Français, agé de 41 ans, d'origine sino-cambodgienne l'a subie dans le métro à Paris : "La personne qui était assise à mes côtés s'est décalée de quelques centimètres. J'ai cru que je l'avais peut-être touchée, heurtée. Je lui ai dit : 'Excusez-moi monsieur'. En fait, je le vois en train de mettre son écharpe devant sa bouche en me faisant comprendre qu’apparemment, le fait que j'ai des traits asiatiques serait porteur de la maladie. C'est vraiment de la xénophobie sévère."
Il y avait la peur de l'étranger. C'est peut-être un mauvais geste, mais ça m'a fait du mal.
Sun-Lay Tan, membre d'une association culturelle du 13e arrondissementà franceinfo
Il a raconté ce geste sur les réseaux sociaux avec le mot clef très repris : #JeNeSuisPasUnVirus. Ce membre d'une association culturelle du 13e arrondissement, l'Amicale des Jeunes Teochew, décrit aussi des regards insistants : "J'ai l'impression d'être un étranger alors que je suis né en France. On est quand même à 10 000 kilomètres de la Chine".
Un quartier déserté
Sun-Lay Tan déplore aussi la sensation de vide dans les rues du quartier. La fréquentation est en nette baisse dans les commerces comme dans le restaurant vietnamien de Pascal Corlier. "Ça a été assez radical quand les premiers cas français ont été annoncés, explique le restaurateur. Du jour au lendemain, on a perdu la moitié de notre clientèle. J'ai entendu des réactions devant le restaurant de passants qui disaient qu'ils ne voulait pas manger là parce qu'ils risquaient d'attraper un microbe en mangeant au milieu des Asiatiques, dans un restaurant asiatique".
On essaye de rassurer nos clients, ceux qui veulent bien venir.
Pascal Corlier, restaurateur dans le 13e arrondissement de Parisà franceinfo
Toute la semaine, ce père de famille a aussi dû accompagner ses enfants. "J'ai moi-même deux enfants qui sont Eurasiens, donc qui ont fini par dire qu'ils étaient d'origine libanaise pour qu'on les laisse tranquilles à l'école, explique le restaurateur. Il y a des remarques et des moqueries, des petites humiliations qui ne sont pas grand-chose, surtout venant d'enfants, mais qui, au final, finissent quand même par blesser."
Des remarques, devenues le principal sujet de conversation dans la communauté asiatique. Dans son magasin de cadeaux, Véronique Lam est très en colère : "Ça va trop loin, ça fait peur et ça fait mal. La bêtise, on ne peut pas en guérir et ça se propage plus vite que les virus." La commerçante espère donc que la rationalité va l'emporter sur la psychose et que très vite, les clients vont revenir dans les boutiques du 13e arrondissement de Paris.
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