Le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a-t-il menti sur le nombre d’élèves positifs au covid-19 ?
D’après Jean-Michel Blanquer, 3528 élèves étaient positifs au covid-19 la semaine du 2 novembre. Le député La France Insoumise Alexis Corbière dénonce un mensonge et affirme qu’il y en avait 10 fois plus.
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Le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a déclaré vendredi 6 novembre sur RTL qu’il y avait 3 528 élèves positifs au coronavirus sur 12 millions d’élèves, d’après le dernier point établi par le ministère, se félicitant au passage d’un chiffre "maîtrisé".
#RTLMatin Au micro de @VenturaAlba, le ministre de l'Éducation nationale @jmblanquer annonce que "3.528 élèves et 1.165 personnels" sont contaminés à la #Covid, un nombre "maîtrisé", selon lui pic.twitter.com/b8jK87lk3k
— RTL France (@RTLFrance) November 6, 2020
Mais le député la France Insoumise, Alexis Corbière, accuse le ministre d’avoir "menti". Selon l’élu LFI, interrogé mardi 10 novembre sur France 2, "les chiffres de Santé publique France sont de 35 000". Alors combien y-a-t-il réellement d’élèves positifs au covid-19 ? La cellule Vrai du Faux fait le point.
Gros écart entre les chiffres du ministère et de Santé Publique France
Les chiffres de Jean-Michel Blanquer proviennent du point de situation établi tous les vendredis par le ministère. Dans un communiqué daté du vendredi 6 novembre, l’Éducation nationale fait effectivement état de 3 528 élèves positifs au covid-19 cumulés sur les 4 derniers jours, c’est-à-dire du 2 au 5 novembre. Mais Alexis Corbière a raison de dire que ces chiffres ne correspondent pas aux données de Santé Publique France. Sur le portail Geodes, on constate qu’il y avait 32 976 jeunes de 0 à 19 ans positifs au covid-19 du 2 au 5 novembre. Sur la seule journée du 2 novembre, il y avait 10 000 cas positifs en France chez les 0-19 ans, soit trois plus que les chiffres du ministère sur quatre jours.
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Contacté, le ministère de l’Éducation nationale précise tout d’abord que ses chiffres proviennent "des remontées des académies, et des Agences Régionales de Santé (ARS)". Le ministère donne par ailleurs deux explications possibles pour justifier cet écart dans les chiffres. "Les chiffres de Santé publique France ne sont pas précis sur l’âge des élèves" nous indique-t-il. Effectivement, Santé publique France établit des données pour les 0-9 ans et les 10-19 ans. Or, chez les 0-3 ans la plupart ne sont pas encore scolarisés et un certain nombre de jeunes quittent le système scolaire avant 19 ans. Il y a donc dans les chiffres de Santé Publique France des "jeunes" qui ne sont pas des "élèves" à proprement parler. Mais cette explication semble difficilement justifier l’écart considérable relevé entre les différents chiffres. On sait notamment que les 0-3 ans sont très peu testés. La société française de pédiatrie dresse une liste de cas très exceptionnels justifiant de tester un enfant avant 6 ans.
Le ministère indique une autre explication possible. L’Éducation nationale n’a pas le droit d’obtenir des informations de santé sur les élèves. Les cas que le ministère recense sont donc forcément des cas signalés par les parents ou remontés à l’Éducation nationale par les ARS. Or, "des parents ne disent pas" que leurs enfants sont positifs au covid-19 indique le ministère. En résumé, il est donc bien difficile de pouvoir se fier aux chiffres du ministère.
La dynamique de l'épidémie chez les plus jeunes aussi en question
Plus inquiétant que ces chiffres bruts, c’est bien la dynamique de l’épidémie chez les plus jeunes qui pose question. En se basant sur les "remontées du terrain" et non sur les données de Santé Publique France, Jean-Michel Blanquer évoque un "chiffre maîtrisé" de contaminations "en dessous des proportions qu’on rencontre dans le reste de la population". Les chiffres communiqués chaque semaine par le ministère sont effectivement globalement stables. Mais si l’on prend ceux de Santé Publique France, il n’en est rien. Il suffit de regarder l’évolution du taux d’incidence (nombre de cas positifs pour 100 000 habitants) pour cette tranche d’âge. La semaine du 14 septembre, le taux d’incidence chez les 0-9 ans était de 35,7. Il est passé à 94,1 la dernière semaine d’octobre. Ce taux d’incidence explose également chez les 10-19 ans et passe de 138,9 à 424,7 entre les semaines 38 et 44 comme en témoigne la courbe de Santé Publique France.
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