Covid-19 : "Plus on peut responsabiliser le citoyen", "mieux on s'en sortira dans cette épidémie", assure Didier Pittet
Alors que la France recense plus de 10 000 nouveaux cas de contamination à la Covid-19, l'épidémiologiste Didier Pittet appelle à responsabiliser la population pour limiter la propagation du virus.
La France enregistre plus de 10 000 nouveaux cas de coronavirus en 24 heures, un record depuis le lancement des tests à grande échelle dans le pays. "Plus on peut responsabiliser le citoyen", "mieux on s'en sortira dans cette épidémie", estime dimanche 13 septembre sur France Inter Didier Pittet, épidémiologiste [à la fin des années 1990, avec l’aide du pharmacien William Griffiths, Didier Pittet a inventé le gel hydroalcoolique] et président de la Mission d'évaluation de l'exécutif sur la gestion de la crise de la Covid-19.
France Inter : Le Premier ministre n'a pas fait de grandes déclarations, juste des rappels de bon sens, à l'issue du Conseil de défense. Ne devrait-on pas durcir notre arsenal préventif, à l'image de la Belgique avec ses bulles ou de l'Angleterre, qui demande à ce qu'il n'y ait plus de rassemblements de plus de six personnes ?
Didier Pittet : Ce sont des choses qu'il faut discuter. Il faut bien comprendre que ce virus est véritablement capable de faire ce qu'on peut appeler des noyaux familiaux. Alors, cela peut être "la famille du travail", "la famille" à la maison, "la famille" à l'école. Ce sont les densités de population et les densités d'activités qui, finalement, expliquent la propagation de ce virus. C'est pour cela qu'au fond, il vaut mieux avoir des mesures restreintes ou des mesures localisées. On l'a vécu à Genève, par exemple, on a réouvert les discothèques, et trois ou quatre semaines plus tard, tous nos noyaux épidémiologiques étaient liés aux activités festives et aux discothèques, on a dû les refermer. Donc, plus vous serez capable d'être des fins limiers en matière d'épidémiologie, plus vous pourrez faire prendre des décisions de ce type-là.
Ce dimanche matin, des médecins et des professeurs appellent à éviter tout rassemblement, y compris les rassemblements privés chez soi. Est-ce-que l'on va arriver à celà ?
Soyons clairs, nous avions besoin du confinement et le confinement a été vraiment la façon de faire pour corriger cette pandémie. Ceux qui ont mal appliqué ce confinement trop tardivement le payent très cher, il y a encore des pays qui le payent très cher aujourd'hui dans le monde. Par contre, aujourd'hui, on est dans une situation différente. On connaît mieux les causes et surtout les gestes barrières qui devraient être appliqués par tout un chacun. Si tout un chacun pouvait pratiquer ces gestes barrières, en permanence, hygiène des mains, distances sociales, le masque si besoin, au fond, on pourrait régler cette épidémie.
Plus on peut responsabiliser le citoyen, de manière à ce qu'il comprenne pourquoi il applique ces mesures dont on vient de parler, pourquoi il va se faire tester au moindre symptôme, pourquoi il va se mettre en auto quarantaine éventuellement, mieux on s'en sortira dans cette épidémie.
C'est clair qu'on doit responsabiliser et finalement, c'est une question de contrat social.
Didier Pittetà franceinfo
On est passé de la quatorzaine, à sept jours d'isolement seulement. Pourquoi on ne l'a pas appliqué dès le début ? Est-ce que l'on a tâtonné en France ?
On a tâtonné dans le monde entier et je dois dire que la France est très innovatrice puisque c'est le premier pays à passer à sept jours. L'Organisation mondiale de la santé recommande encore 14 jours. En Suisse, nous sommes passés à 10 jours au mois de juin parce que on estimait qu'effectivement, avec une bonne adhésion aux mesures barrières et aux mesures de quarantaine et d'auto quarantaine, on pourrait y arriver. On a pu démontrer que cela fonctionnait, et la France innove en demandant une septaine, une quarantaine de 7 jours, avec évidemment une stratégie de dépistage un peu priorisée.
Je pense que c'est là une belle façon de joindre justement la problématique sanitaire à la problématique économique et sociale pour continuer à faire reprendre au maximum ces activités sociales, économiques, malgré ce risque sanitaire.
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