Covid-19 : "Nous allons pousser les murs" en réanimation, indiquent les cliniques privées, qui pourraient ouvrir jusqu'à 7 000 lits
Lamine Gharbi, président de la Fédération de l'hospitalisation privée qui rassemble plus de 1 000 cliniques et hôpitaux privés indique à franceinfo vendredi que les problèmes qu'il rencontre sont davantage liés aux ressources humaines qu'aux équipements.
"Nous allons pousser les murs" des services de réanimation, a expliqué vendredi 26 mars sur franceinfo Lamine Gharbi, président de la Fédération de l'hospitalisation privée qui rassemble plus de 1 000 cliniques et hôpitaux privés. Actuellement, ces établissements accueillent 4 600 patients atteint du coronavirus Covid-19 et en réanimation, ce qui représente 30% du total des patients en réanimation dans les régions Ile-de-France et Paca. "Le matériel n'est pas un problème parce que nous avons pu nous équiper en respirateurs neufs, la difficulté ce sont les ressources humaines", souligne Lamine Gharbi. Mais "s'il fallait trouver 7 000 lits, nous les trouverions".
franceinfo : Les cliniques et hôpitaux privés contribuent-ils à prendre en charge les patients en réanimation ?
Lamine Gharbi : Oui, c'est un combat que nous menons avec l'hospitalisation publique. Il faut savoir que nous sommes complémentaires. Et sur l'Île-de-France, qui est aujourd'hui la plus touchée, mais également la région Paca, 30% des patients en réanimation sont aujourd'hui en clinique privée. C'est une force complémentaire, une force d'appoint très forte. Et si la pandémie devait continuer à prospérer, à se développer, nous allons, comme le dit notre ministre [Olivier Véran], pousser les murs, c'est évident.
Vous pourriez faire plus qu'il y a un an, lors de la première vague ?
Je n'espère pas ! Lors de la première vague nous étions montés à 7 000 patients. Aujourd'hui, nous sommes à 4 600. Donc, de grâce, espérons que les mesures de confinement vont permettre de ralentir l'épidémie. On ne souhaite pas arriver à 7 000 patients en réanimation, ce serait extrêmement difficile. Parce que la différence de la première vague, c'est que nous continuons à opérer les malades urgents et graves en cancérologie, en chirurgie cardiaque, en neurochirurgie. Et ces patients-là, non-Covid, sont en réanimation en post-opératoire. Mais, s'il fallait trouver 7 000 lits, nous les trouverions, c'est clair. Nous devons rassurer nos concitoyens et ne pas rajouter une couche d'anxiété supplémentaire.
Cela signifie que vous avez les moyens humains et matériels pour ouvrir de nouveaux lits de réanimation ?
Oui, bien sûr. Le matériel n'est pas un problème parce que pendant l'été et l'automne, grâce à l'aide du gouvernement il faut le dire, nous avons pu nous équiper en matériel, en respirateurs neufs, en pousse-seringues. La difficulté, ce sont les ressources humaines, les médecins réanimateurs-anesthésistes et nos infirmières. Dans notre malheur, la chance que nous avons, c'est que toutes les régions ne sont pas impactées avec la même densité Covid. Donc, il faudra jouer sur la solidarité des soignants et renforcer les équipes sur le territoire. Il y aussi la solution des évacuations sanitaires, mais on le voit aujourd'hui, les évacuations sanitaires, c'est compliqué. Les personnes sont plus jeunes, les cas plus lourds et, surtout, nos concitoyens souhaitent rester proches de leur famille. Aujourd'hui, on peut encore laisser le choix. Peut-être que demain, on ne pourra plus laisser le choix aux familles. Mais quelquefois, ce ne sont pas des transferts de 500 km. En région sud, en région Occitanie, nous accueillons des patients de Paca et c'est à quelques dizaines ou centaines de kilomètres.
Est-ce que les cliniques privées risquent, elles aussi, la saturation ?
Oui, bien sûr. Il y a des saturations sur certains sites. Certaines cliniques ont 30 ou 40 lits de réanimation, on est monté jusqu'à 50 lits de réanimation en région parisienne. Au-delà, c'est difficile. Donc, il faut multiplier les sites, nous avons obtenu 90 services de réanimation dits dérogatoires et temporaires. Ils sont armés, ils peuvent être encore augmentés, c'est-à-dire passer de 12 à 16 ou 20 lits. Nous allons nous adapter. Le système hospitalier, malgré les tensions, malgré les difficultés, collabore, coopère main dans la main avec le service public.
Et vous pouvez être amenés à déprogrammer des opérations ou à prendre en charge des opérations qui n'ont pu être réalisées dans le public ?
Non, c'est une déprogrammation qui est identique dans les deux secteurs. Parce qu'il faut libérer des places en réanimation, mais surtout, il faut que les personnels qui sont au bloc opératoire puissent être mobilisés dans les services de réanimation, de soins intensifs. Mais il y a également des patients en médecine, en soins de suite qui nécessitent bien évidemment des médecins, des soignants. Et puis, malheureusement, nos soignants sont aussi victimes de la maladie, nous devons faire face à des taux d'absentéisme importants, à une fatigue de nos personnels, c'est évident.
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