Coronavirus : qu'est-ce que le "stop and go", l'une des stratégies à l'étude pour gérer l'après 11 mai ?
Entre le maintien de l'activité économique et la mise en place de mesures sanitaires fortes, l'équilibre est d'autant plus difficile à trouver que l'épidémie va s'écrire dans un temps long. Parmi les idées à l'étude : la possibilité d'indexer les règles de confinement sur la fréquentation des unités de soins intensifs.
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Alors que le plan de déconfinement n'a pas encore été annoncé – son annonce est prévue la semaine prochaine – le gouvernement imagine déjà de nouvelles mesures en cas de nouvelles vagues dans les services de réanimation, voire des nouveaux confinements. "Cela fait partie des hypothèses, notamment si des clusters se développent dans certains territoires", a expliqué la porte-parole Sibeth Ndiaye, dans les colonnes du Monde, mercredi 22 avril.
Cette stratégie de stop and go (stop et encore) suggère de mettre en place des mesures sanitaires strictes de confinement dès qu'un seuil prédéterminé est franchi dans les unités de soins intensifs. A l'inverse, les mesures sont allégées quand ce nombre de cas très sérieux diminue.
Un équilibre complexe à trouver
Connu en économie, ce modèle a été appliqué en épidémiologie par le professeur de biomathématique Neil Ferguson, dans un article publié sur le site de l'Imperial College London (en anglais) en mars. Le chercheur y développe notamment les inconvénients sanitaires ou sociaux de deux types de stratégie : celle d'"atténuation" et celle de "suppression".
La première consiste à ralentir la progression de l'épidémie pour réduire le pic de demandes en soins de santé. Il convient alors d'isoler les cas présumés, notamment, mais aussi de mettre en quarantaine les personnes à risques. Ces efforts pourraient réduire "de deux tiers la demande en soins de santé et de moitié le nombre de décès", estime Neil Ferguson qui la compare avec une situation sans mesures sanitaires. Même atténuée, l'épidémie entraînerait cependant "des centaines de milliers de décès et les systèmes de santé seraient submergés à maintes reprises".
Le modèle dit de "suppression" – appliqué notamment en Chine – est plus strict, puisqu'il ajoute d'autres mesures : distanciation sociale de toute la population, éventuelle fermeture des écoles et des universités, mise en quarantaine des proches d'un cas présumé... Le souci, c'est que ce "type de programme d'intervention intensive" doit être maintenu jusqu'à la mise au point d'un vaccin, car le nombre de cas risque de rebondir très rapidement en cas de relâchement.
Or, ce sont justement ces futures nouvelles vagues qui suscitent l'inquiétude des épidémiologistes, car la prévalence du virus dans la population est encore faible (5,7% des Français auront été infectés autour du 11 mai, prévoit l'Institut Pasteur).
En clair, il n'y a pas encore d'immunité de groupe (il faut au moins 70% de personnes contaminées). L'une des solutions consiste donc à ménager la chèvre et le chou, c'est-à-dire alterner entre le maintien de l'activité économique et son arrêt lorsqu'on arrive à saturation dans les services de réanimation : le stop and go.
Un long chemin vers la fin de l'épidémie
Cette alternance de deux phases, toutefois, ne serait pas synonyme de laisser-aller. Selon Neil Ferguson et son équipe, les périodes de "mesures strictes" devraient être appliquées les deux tiers du temps, avec au moins sept cycles dans le modèle britannique. En clair, ce petit jeu de "confiné / pas confiné" pourrait durer jusqu'à 2022, le temps nécessaire pour tenir le coup jusqu'à l'éventuelle mise sur le marché d'un vaccin.
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Par ailleurs, la mise en place d'une telle stratégie nécessite de connaître précisément et en temps réel le nombre de patients placés en unité de soins intensifs. En effet, si le rétablissement des mesures strictes intervient trop tard, alors la vague épidémique en cours devient difficile à contrôler et menace de nouveau les services de réanimation (5 000 lits en France avant l'épidémie et 10 000 aujourd'hui).
Cette stratégie suscite l'intérêt de certains spécialistes. "D'un côté, il ne faut pas être confronté à une épidémie massive, mais de l'autre il faut bien faire l'immunité de groupe", analyse Astrid Vabret, cheffe du service de virologie au CHU de Caen, sur France 3 Normandie. "Sinon c'est reculer le problème, alors qu'il faut au contraire l'étaler." Elle imagine par exemple un stop and go tous les quinze jours, "car c'est assez souple". Mais elle souligne toutefois un bémol. "Reste à savoir si c'est applicable, car la population doit être très disciplinée."
D'autres médecins sont plus sceptiques sur la mise en œuvre d'une telle stratégie. "Il faut plutôt maîtriser la courbe épidémique avec des mesures barrières assez strictes au départ, puis éventuellement assouplies", estime Martin Blachier, médecin de santé publique interrogé sur LCI. Il pense que les mesures doivent être strictes pour "les personnes qui risquent d'aller en réanimation et de décéder : ce sont elles qui peuvent faire exploser le système de santé, et globalement pas les autres".
"L'objectif de la France n'est pas de parvenir à une immunité collective", a exposé Jérôme Salomon, jeudi, devant la mission d'information parlementaire. Selon le directeur général de la santé, l'objectif est de ralentir, voire d'arrêter, la circulation du virus afin de "gagner du temps jusqu'à la mise au point d'un vaccin ou d'un traitement. Il n'est pas question que nous acceptions des morts en grand nombre."
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