"Mauvaise surprise, on ne pourra pas prendre tous les élèves" : les doutes des enseignants sur l'opération "école ouverte" cet été
Après la crise sanitaire du printemps, le ministère de l'Éducation souhaite que les enfants puissent bénéficier pendant les grandes vacances d'ateliers ou de cours de rattrapage. Un dispositif qui se met en place de manière inégale suivant les établissements.
"Ateliers d'écriture, ateliers de théâtre et d'éloquence, d'informatique..." Le programme de l'été, présenté par la proviseure du lycée professionnel d'Ermont (Val d'Oise), est alléchant. C'est le dispositif "école ouverte", qui n'est pas complètement une nouveauté, mais que le ministère de l'Éducation nationale veut renforcer, en multipliant par cinq le nombre d'élèves accueillis (du CP à la terminale) : 400 000 jeunes au total, 2 500 établissements, un objectif très ambitieux.
Ce système de l'"école ouverte" est l'un des piliers des fameuses vacances "apprenantes", défendues par le ministre Jean-Michel Blanquer après la crise du coronavirus et la longue fermeture des établissements scolaires due au confinement. L'idée est donc de laisser ouverts les écoles, les collèges et les lycées pour proposer des activités ludiques et des cours de remise à niveau, notamment pour les élèves décrocheurs. "Énormément de professeurs se sont portés volontaires, poursuit la proviseure d'Ermont, Ketty Sauray. Pour chaque semaine nous avons une vingtaine de professeurs volontaires et nous sommes déjà à près de 45 élèves."
Un manque d'enseignants volontaires à certains endroits
Cette situation à Ermont est ce qui pourra se faire de mieux. Mais ce ne sera pas partout aussi abouti : ça dépend de l'implication des collectivités locales et du nombre d'encadrants disponibles. Jean-Michel Blanquer compte sur 25 000 enseignants notamment. Mais vu le contexte, Patrick Roumagnac, du syndicat Unsa des inspecteurs de l'Éducation nationale doute de la faisabilité du dispositif partout en France. Si les moyens financiers ont été mis sur la table par le ministère, le problème se situe plutôt du côté des moyens humains, selon lui : "À l'heure actuelle, les enseignants, les personnels de direction, tout le monde est franchement épuisé. Le problème, c'est que la recherche d'enseignants volontaires s'avère très difficile."
Ce n'est pas un défaut d'engagement de leur part, c'est simplement que les enseignants sont épuisés. C'est bien les vacances apprenantes, mais il faut aussi penser aux vacances reposantes.
Patrick Roumagnac, du syndicat Unsa des inspecteursà franceinfo
Alors l'objectif de 400 000 élèves accueillis sera-t-il atteint ? Le ministère n'a pas encore dit combien de jeunes sont vraiment inscrits. Il y a quelques chiffres locaux : trois fois plus de collèges ouverts cet été à Paris par rapport à 2019, cinq fois plus d'établissements dans l'académie d'Amiens, par exemple.
Mais par endroit, on constate déjà des couacs, comme chez Éric*, directeur d'école en région parisienne. Il avait pourtant convaincu 80 élèves et huit professeurs de s'inscrire. "On se disait qu'on allait pouvoir aider ces élèves qui avaient subi le confinement à pouvoir remettre le pied dans les apprentissages. Et puis surprise, enfin mauvaise surprise, on nous a dit qu'on ne pourrait pas prendre tous les élèves. Finalement, je suis limité à deux groupes de dix, donc 20 élèves au total."
Au final pour une école comme la mienne, il n'y aura pas plus d'élèves qui seront pris en charge par rapport aux années précédentes.
Éric, directeur d'école en région parisienneà franceinfo
Le directeur est très déçu : "Cela met très en difficulté des enseignants notamment, qui étaient intervenus auprès des familles pour essayer de les convaincre de l'intérêt pour leur enfant de bénéficier de ce type de stage." Quant aux collègues d'Éric, seuls deux des huit professeurs volontaires seront finalement mobilisés cet été.
*Le prénom a été changé
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