13-Novembre : trois ans après, des souvenirs toujours vifs
La quasi-totalité des personnes interrogées sur leur mémoire des attentats déclarent se souvenir avec précision du contexte dans lequel ils ont appris la tragédie.
C’est ce qu’on appelle un "souvenir-flash". Le concept, théorisé par les psychologues Brown et Kulik, désigne un épisode parfaitement ancré dans la mémoire, tellement ancré qu’on se souvient des circonstances exactes de sa survenue. D’après le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc), qui publie une étude sur le sujet le 13 novembre, la mémoire des attentats de fin 2015, particulièrement vive, participe notamment d’un "climat de peur, d’un accroissement des préoccupations sécuritaires et des inquiétudes relatives à la cohésion sociale".
Le rôle crucial des médias
Pour arriver à ces résultats, le Credoc a posé une série de 11 questions, sept mois après les faits, à 2.010 personnes âgées de 18 ans et plus. Résultat : près de la totalité des participants affirment se remémorer par quel média ils ont été mis au courant des attentats, à quel moment et avec qui. Par ailleurs, 77% d’entre eux ont été capables d’indiquer spontanément et précisément au moins l’une des zones visées par les terroristes. "On sait que les lieux frappés ont une importance particulière dans le processus de réaction sociale à un attentat et la trace qu’ils laissent ensuite dans les mémoires. Ils sont susceptibles d’acquérir une forte dimension symbolique", expliquent les chercheurs.
Pour le Credoc, il est possible que la vivacité de ce souvenir soit en partie due au traitement médiatique des attentats. 8 Français sur 10 déclarent en effet avoir appris que les tueries étaient en cours au moment même où elles se déroulaient. Les médias ont ainsi probablement "amplifié la charge émotionnelle et traumatique" de l’événement, notent les chercheurs, qui citent, pêle-mêle, "les éditions spéciales sur plusieurs chaînes et l’intervention du président de la République en direct, la mise en ligne de lives sur les sites des journaux d’information, l’activité élevée et l’activation du Safety Check sur les réseaux sociaux".
Une aggravation des divisions sociétales
Conséquence directe de l’impact de ces attentats : la mise à mal de la cohésion sociale. D’après le Credoc, les questions de violence et d’insécurité prennent le pas sur celles liées à l’emploi, alors même que le pays est en situation de crise économique. Un tiers des personnes interrogées indiquent en outre ressentir une "aggravation des divisions au sein de la société", "perçues tout à la fois comme une conséquence des attentats et comme sa principale cause".
Enfin, les chercheurs remarquent que bien que 74% de la population ne connaissent ni victime ni témoin, les attentats du 13-Novembre restent, pour eux, parmi ceux les ayant le plus marqués, "quels que soient les groupes sociaux, les classes d’âge et les niveaux de revenus". Ils notent que les moins de 40 ans semblent s’identifier davantage aux événements, qui pourraient constituer, à la manière des attentats du 11-Septembre, un "marqueur générationnel".
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