En Isère, des stages pour apprendre à gérer les agressions à l'hôpital
Pour faire face aux agressions verbales et physiques de plus en plus nombreuses en milieu hospitalier, une clinique iséroise propose des stages de gestion des risques à son personnel soignant. #IlsOntLaSolution
Un homme arrive aux urgences couvert de sang, accompagné par un proche qui se montre rapidement très agressif envers les infirmiers. Le ton monte et avec lui le degré d’agressivité. L’accompagnant invective les soignants et les bouscule... Cette scène, fictive, fait partie du stage pratique proposé pendant deux jours aux équipes médicales de la clinique des Cèdres à Echirolles en Isère.
Depuis 2016, une société privée spécialisée en management des risques (JR Prevent) vient prodiguer des conseils théoriques mais surtout pratiques aux soignants. Objectif : leur donner des outils simples et efficaces pour éviter et gérer rapidement les comportements menaçants des patients et de leurs proches. Instauré en 2016 dans cet établissement isérois, ce type de stage s’avère désormais indispensable.
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Une violence récurrente
La violence envers le personnel hospitalier est en effet devenue un phénomène récurrent et qui s’amplifie. En 2019, selon les chiffres du rapport de l’Observatoire des violences en milieu de santé, 451 établissements (soit 7,8 % des établissements) ont déclaré 23 780 signalements d’atteintes aux personnes et aux biens. Ces agressions ne sont pas forcément suivies d’un dépôt de plainte mais quand c’est le cas, 52% des plaintes concernaient des faits d’atteintes à la personne. Le rapport de l’ONVS montre ainsi qu’en 2019, une hausse de près de 3 000 actes d’atteintes aux personnes par rapport à 2018.
Depuis 2016, une classification permet de de quantifier la violence selon quatre niveaux de gravité : injures, chahut et occupation de locaux (niveau 1), menaces physiques (niveau 2), violence volontaire, menace avec arme (niveau 3), violence avec arme (niveau 4). Ce sont les deux premiers niveaux qui restent les plus représentés dans les statistiques.
Dans un entretien publié par Le Monde en août 2022, Karim Tazarourte, chef de service SAMU 69 et président de la Société française de médecine d’urgence (SFMU), constate qu'"on a désormais une déclaration de violence par le personnel tous les trois jours. Dans 90% des cas, aux urgences, cette déclaration relève du niveau 1, exceptionnellement du niveau 2. On constate également que près de la moitié des comportements violents relève des familles, l’autre venant des patients".
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L’impact de ces agressions sur les soignants est bien sûr catastrophique. Anxiété, stress, peur, sentiment d'insécurité et d'injustice... Impossible de travailler sereinement après avoir vécu une agression. D’autant plus quand les conditions de travail, notamment aux urgences, s’avèrent de plus en plus difficiles.
Des méthodes adaptées
Sans attendre une prise en charge de la hiérarchie, certains praticiens ont donc saisi le problème à bras le corps. En 1995, à Limoges, après l'agression d'un aide-soignant et de deux accompagnants aux urgences, Dominique Grouille et François Smolis ont ainsi élaboré une technique d’autodéfense adaptée au milieu hospitalier. Le premier est spécialisé en anesthésie-réanimation au CHU de Limoges et pratiquant de longue date en arts martiaux ; le second est cadre infirmier en psychiatrie et professeur de karaté. Leur méthode baptisée “Grouille-Smolis” a été déposée. Basée sur des gestes simples et une approche psychologique (le dialogue est toujours privilégié).
Elle est désormais utilisée dans de nombreux hôpitaux français pour former les personnels à réagir face à des agressions, en se protégeant et en protégeant aussi le patient. Réagir sans blesser, c’est aussi l’un des impératifs des soignants, même quand ils sont victimes d’agression violentes. Une équation difficile à maintenir quand la fatigue est déjà là.
Un outil indispensable
Ses stages de gestion du stress et des risques s’avèrent très efficaces et s'ils ne règlent pas toutes les questions (quels sont les facteurs déclenchants de cette violence et peut-on les endiguer ?), ils permettent de redonner au personnel soignant des bases pour travailler en sécurité. Dans la conclusion de son rapport de 2019, l'ONVS soulignait d'ailleurs l'importance de ces formations "qui permettent d’assurer une cohésion indispensable de l’équipe, du pôle, de l’unité, etc. face à un phénomène que tôt ou tard, les personnels rencontreront". Et de conclure : "L’adage 'mieux vaut prévenir que guérir' devrait prendre tout son sens en santé."
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