"Quand au 1ᵉʳ janvier on n'a pas le budget pour l'année, c'est mission impossible" : les hôpitaux déjà exsangues face à l'incertitude budgétaire

Les soignants de l'hôpital public déplorent l'incertitude liée à la crise politique actuelle, et ses conséquences sur un service public déjà en grande difficulté.

Article rédigé par Mathilde Imberty
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Entrée des urgences dun hôpital (photo d'illustration). (MOURAD ALLILI)
Entrée des urgences dun hôpital (photo d'illustration). (MOURAD ALLILI)

L'incertitude et la valse des ministres font tanguer un navire hospitalier qui n'en a pas besoin. Alors que Sébastien Lecornu s'apprête à prononcer sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée, mardi 14 octobre, puis à faire face à deux motions de censure jeudi, l'hôpital public déjà miné par le manque d'argent redoute l'absence de budget pour 2026.

"On n'a aucune visibilité sur les budgets de la santé et notamment les budgets des hôpitaux, regrette Stéphane Henriette, psychiatre à l'hôpital de Saint-Cyr, au Mont d'Or. Vous imaginez bien qu'en termes d'investissement et de recrutement, en termes de locaux, de moyens techniques, c'est extrêmement difficile, dans ce contexte-là, de pouvoir investir et de penser ce que seront les soins."

"Il faut pouvoir anticiper pour avoir une vraie politique de santé qui soit à la fois sur le soin mais aussi sur la prévention."

Stéphane Henriette, psychiatre au centre hospitalier de Saint-Cyr, au Mont d'Or

à franceinfo

Il est engagé dans la coalition Action Praticiens Hôpital, qui demande la sanctuarisation des moyens, afin que l'hôpital ne soit pas une variable d'ajustement budgétaire. "Comment faire de la prévention quand au 1er janvier on n'a pas le budget des hôpitaux pour l'année ? C'est mission impossible", dénonce-t-il.

Des effectifs inconstants et précarisés

"Il y a eu plusieurs journées de mobilisation qui ont montré que les soignants, eux aussi, n'en peuvent plus, renchérit Chaïbia Janssen, de la Fédération autonome de la fonction publique hospitalière (FA-FPH) à l'hôpital Edouard-Herriot de Lyon. Donc il y a un problème effectivement au niveau du budget." Sans visibilité, l'impact retombe directement sur le personnel, relève-t-elle : "La masse salariale, c'est le premier budget des hôpitaux. S'ils ne savent pas quel budget ils auront, c'est CDD sur CDD, sur CDD. Donc c'est de la précarité, des équipes qui sont épuisées de former des gens qui vont partir, la perte de compétences et donc la perte de chance pour les patients, et c'est très grave", alerte cette infirmière.

"On voit bien qu'un hôpital, ça ne fonctionne plus."

Chaïbia Jansen, infirmière et syndicaliste à la FA-FPH

à franceinfo

Tout cela mis bout à bout, l'hôpital public manque d'attractivité. "Par exemple, pour changer les draps, on est toujours limités : tous les week-ends, on court dans les services qui vont nous prêter un drap de plus, du linge propre, confie une aide soignante qui souhaite rester anonyme mais tient à nous décrire le manque de moyens au quotidien. Et il n'y a pas que le linge, les effectifs aussi, poursuit-elle. Nous, les aides soignantes on est amenées à faire le brancardage parce qu'ils ont supprimé les brancardiers. On est amenées à abandonner nos binômes et on se retrouve en sous-effectif."

Comme un symbole de cette instabilité budgétaire et politique, Stéphanie Rist est la huitième ministre de la Santé depuis 2022.

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