Annonces d'Emmanuel Macron sur la santé : cela va "dans le bon sens mais nous l'avons déjà entendu en 2017 et n'avons rien vu venir", selon une membre du collectif de pédiatrie
Si la neuropédiatre Mélodie Aubart "note un changement de ton", elle reste très prudente et réclame au chef de l'Etat "des textes concrets et des points très réguliers d'ici le 1er juin pour prouver que ce ne sont pas des promesses non tenues". "La confiance, ça se gagne", plaide-t-elle.
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"Dans les grandes lignes, le projet semble aller dans le bon sens mais nous l'avons déjà entendu. En 2017, le président s'était déjà engagé et nous n'avons rien vu venir", a déclaré ce samedi sur franceinfo Mélodie Aubart, neuropédiatre à l’hôpital Necker à Paris, membre du collectif de pédiatrie. Emmanuel Macron s'est engagé à réorganiser les hôpitaux lors de ses vœux aux professionnels de santé, mais les soignants ne s'en satisfont pas et réclament des précisions et des moyens clairs.
franceinfo : Vous avez alerté le gouvernement sur l'urgence de la situation. Estimez-vous qu'Emmanuel Macron vous a entendu ?
Dr. Mélodie Aubart : Nous notons un changement de ton. Nous avons réclamé au président de la République, cet hiver, de reconnaître le caractère critique de la situation et de prendre lui-même des engagements structurels sur la gouvernance, le financement de l'hôpital, les conditions de travail, les carrières.
"La maison s'est effondrée et hier le président nous a annoncé qu'il lançait des travaux de reconstruction en 2023 avec des engagements sur des points qui sont très importants."
Dr. Mélodie Aubartà franceinfo
Quand on vous promet une nouvelle maison, vous voulez voir les plans, savoir combien cela va coûter, qui va payer. Dans les grandes lignes, le projet semble aller dans le bon sens mais nous l'avons déjà entendu. En 2017, le président s'était déjà engagé et nous n'avons rien vu venir. Donc, nous attendons les alternatives proposées en détail et les financements.
Emmanuel Macron a insisté sur l'importance d'un tandem administratif et médical à la tête de chaque hôpital. Est-ce une bonne chose ?
Ce sont des annonces. Ce sont des bons points mais ils ne sont pas détaillés. Je n'ai pas entendu les alternatives concrètes et le président nous a habitués à ce type d'annonces. Donc, la confiance ça se gagne. J'ai cru comprendre que le président avait confiance dans le système de santé. De notre côté nous attendons des textes concrets et des points très réguliers d'ici le 1er juin pour nous prouver que ce ne sont pas des promesses non tenues. Les soignants sont épuisés de porter seuls la responsabilité de soins dégradés. Ils ont subi tellement d'humiliation que pour regagner leur confiance il va falloir apporter des preuves et pas dans six mois.
Dégager du temps de médecine avec plus d'assistants médicaux, accélérer le recrutement des infirmiers. Est-ce que cela peut changer les choses ?
L'école d'infirmiers, c'est trois ans et, Emmanuel Macron l'a redit hier, c'est 50% seulement des étudiants qui rentrent en première année qui ressortent formés au bout de trois ans. Si nous ne revalorisons pas rapidement les conditions de travail à l'hôpital, si nous ne les améliorons pas dès les mois qui viennent, les choses ne pourront pas s'arranger, même dans trois ans, quatre ans, cinq ans. C'est pour ça que nous demandons que des mesures soient prises immédiatement.
Que faut-il faire ?
Le président nous a rappelé qu'il allait maintenir la revalorisation du travail de nuit telle qu'elle est maintenant. Pour une infirmière qui travaille de nuit, la revalorisation est de 1 euro, à 1,5 euro pour chaque heure qu'elle va travailler de nuit. Ce montant a été doublé donc, elle va gagner 2 euros de plus par heure. Avouons que ce n'est pas ça qui va convaincre les infirmiers de venir travailler avec 15 enfants dans des services de pédiatrie ou de néonatologie.
"Si on ne dit pas qu'une infirmière en pédiatrie ne peut pas, de manière obligatoire s'occuper, de plus de 8 enfants, les infirmiers ne reviendront pas travailler à l'hôpital. Quand on travaille dans ces conditions, on fait des erreurs et le lendemain on n'a pas envie de revenir travailler."
Dr. Mélodie Aubartà franceinfo
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