Proposition de loi sur le retour de l’alcool dans les stades : "La France est un grand pays qui est victime de cet alcool"
Une centaine de parlementaires LREM souhaitent le retour de l'alcool dans les stades. Un médecin addictologue estime que "l'esprit du sport n'est pas un esprit d'ivresse".
"La France est un grand pays qui est victime de cet alcool", a estimé mercredi 7 août sur franceinfo le psychiatre addictologue Amine Benyamina. Une centaine de députés LREM plaident pour le retour de l'alcool, banni depuis la loi Evin de 1991, dans les stades. Le médecin, également président de la Fédération française d'addictologie (FFA), a dénoncé la "soumission" des parlementaires au "lobby" de l'alcool.
franceinfo : Les députés en faveur du retour de l'alcool dans les stades avancent comme argument que l'alcool coule déjà à flot autour des stades et dans les loges VIP. Est-ce que ce sont des arguments recevables ?
Amine Benyamina : Je suis ahuri par ce raisonnement. Si ces parlementaires avaient le souci de la santé publique, je les invite à légiférer autour des stades et dans les carrés VIP. Ce n'est pas parce qu'il fait froid à l'extérieur qu'il faut refroidir l'air d'une maison. C'est absolument ridicule comme argument.
Ce texte qui veut faire de la France une grande nation sportive est influencé par le lobby de l'alcool qui encore une fois frappe en plein mois d'août et qui a pour effet de mettre d'accord un attelage de parlementaires venus d'horizons différents. Parmi le triumvirat qui est à la manoeuvre, il y a des gens qui siègent à la fois dans des associations de défense de la ville, et certains qui font partie de groupes d'études sur les addictions. Le point commun, c'est la soumission au diktat du lobby, qui, encore une fois, prépare son tournoi d'alcool sous couvert de tournoi sportif et qui veut faire du chiffre. Les Français ne sont plus dupes.
Certains acteurs économiques du monde du sport, et du football en particulier, expliquent que si les stades sont pleins en Angleterre, en Allemagne et pas en France, c'est parce que là-bas l'alcool est autorisé. Qu'en pensez-vous ?
J'invite les personnes qui défendent ces arguments à aller voir la violence autour des stades en Allemagne ou en Angleterre. En France, on a heureusement moins de violences que dans ces pays et moins la culture de la bière à l'intérieur des stades. Évidemment, lorsque le lobby de la bière a frappé en 2014 pendant la Coupe du Monde, les dirigeants de la FIFA avaient accepté sous la pression l'alcool à l'intérieur de stades. Il n'y a jamais eu autant de violences et de personnes ivres répertoriées pendant ce tournoi. Que les choses soient claires, l'esprit du sport n'est pas un esprit d'ivresse.
Les députés parlent de contrôler la distribution d'alcool grâce à cette loi, vous n'y croyez pas du tout ?
Bien sûr que non, comment contrôler l'alcool ? La France est un grand pays qui est victime de cet alcool. J'entendais l'argument d'un parlementaire qui disait que puisqu'on allait mettre de l'alcool dans les stades, on allait surveiller. Mais pourquoi diable aller chercher une technologie quand on peut éviter d'exposer les personnes qui sont venues voir un match sportif à la consommation d'alcool ? Ce raisonnement est absolument terrible. On n'a pas besoin d'être expert pour comprendre qu'on est sur une défense d'intérêts par un attelage de parlementaires au service du lobby.
Le sport français se dit défavorisé par la loi Evin. Ne voit-on que l'argent et pas le problème de santé publique ?
On ne voit évidemment pas le problème de santé publique. Il y a des mécanismes mis en place au niveau du ministère de la Santé pour pouvoir récupérer des moyens et qui passeraient par un autre système pour financer le sport. On est sur une vraie mutation.
On voit les signes qui montrent que l'alcool est associé à la violence, on sait qu'il y a spontanément, quand il y a des manifestations sportives, des risques de violences. Pourquoi rajouter de la violence à la violence ? Je comprends que certains clubs aient besoin de moyens mais il faut répartir autrement, entre les grands clubs très riches qui achètent des joueurs à des millions d'euros et les clubs qui ont une vraie fonction sociétale et d'éducation. En revanche, il ne faut pas faire du commerce avec un produit qui tue 41 000 personnes en France tous les ans. On voit bien qu'on a actuellement affaire à une politique plutôt favorable pour ce qui est de l'alcool, aux lobbies et au statu quo. On essaye de limiter les dégâts et on appelle à un vrai éveil de la part de la société et des pouvoirs publics.
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