Crise des opiacés : une première amende de 572 millions de dollars contre un laboratoire américain
Le laboratoire Johnson & Johnson est accusé d’avoir provoqué une vaste dépendance aux médicaments antidouleur par des pratiques promotionnelles agressives.
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Le jugement est aussi historique que le procès, qui s’était ouvert en mai dernier. Un tribunal a condamné hier, lundi 26 août, le groupe Johnson & Johnson à payer 572 millions de dollars à l'Etat de l'Oklahoma pour sa responsabilité dans la crise des opiacés.
Il s’agit du premier jugement civil contre un laboratoire aux Etats-Unis pour une crise qui a fait des dizaines de milliers de morts par overdose.
"Pratiques trompeuses"
"La crise des opiacés est un danger imminent pour l'Oklahoma et ses habitants", a déclaré le juge Thad Balkman lors d'une audience lundi à Norman.
Le juge a estimé que le laboratoire Janssen, division pharmaceutique de Johnson & Johnson, avait adopté des pratiques "trompeuses de marketing et de promotion des opiacés", causant une crise de la dépendance à ces médicaments antidouleur, des morts par overdose et une hausse des syndromes d'abstinence néonatales dans l'Etat -c'est-à-dire quand un bébé a été exposé à la drogue pendant la grossesse et naît dépendant à la drogue. "La crise des opiacés a ravagé l'Etat de l'Oklahoma. Elle doit être contenue immédiatement", a poursuivi le juge, fondant son jugement sur une loi contre les "nuisances publiques".
Le laboratoire se défend de toute responsabilité
Le demi-milliard de dollars demandé à Johnson & Johnson servira à financer des programmes dans l'Etat pour remédier à la crise. Le groupe a immédiatement fait savoir qu'il ferait appel. "Janssen n'a pas provoqué la crise des opiacés dans l'Oklahoma", a déclaré Michael Ullmann, vice-président et directeur juridique de Johnson & Johnson. J&J estime avoir respecté la loi et rappelle que ses médicaments ne représentaient que 1% du marché des opiacés.
Déploiement de moyens persuasifs auprès des prescripteurs
Janssen distribue les comprimés de Nucynta et le patch Duragesic, qui contient du fentanyl, l'un des opiacés de synthèse les plus puissants, et que le laboratoire a inventé.
Initialement, le patch était prescrit aux malades du cancer pour des douleurs aigues. Mais le laboratoire est accusé d'avoir créé la demande via une grande campagne auprès des médecins, par des moyens marketing, des financements de recherche et des événements "d'éducation" et de formation. Le laboratoire a au fil des années cherché à les convaincre, apparemment avec succès, que ses médicaments ne créaient pas de dépendance.
"Pseudo-addiction"
L'industrie utilisait le terme de "pseudo-addiction" pour persuader les médecins que les patients qui présentaient des signes d'addiction, par exemple en demandant des doses d'opiacés de plus en plus fortes ou en revenant chez le médecin avant l'épuisement théorique de l'ordonnance précédente, ne souffraient pas réellement d'addiction, mais en fait de sous-traitement de la douleur", a conclu le juge.
"La solution, selon le marketing des prévenus, était de prescrire au patient plus d'opiacés", a-t-il écrit dans son jugement.
Plusieurs laboratoires ont préféré éviter la case procès
D’autres groupes pharmaceutiques avaient préféré régler l'affaire à l'amiable, en particulier le groupe au coeur de l'épidémie: Purdue Pharma, vendeur du notoire Oxycontin. Purdue a réglé 270 millions de dollars avant le procès. Un autre laboratoire, l'Israélien Teva, a aussi négocié un règlement à 85 millions de dollars.
2000 plaintes sur le territoire américain
Le procès a été comparé aux actions en justice contre les fabricants de tabac qui se sont soldées par un accord de plus de 200 milliards de dollars en 1998. Les opiacés ont fait 47.000 morts par overdoses en 2017 aux Etats-Unis. Mais alors que l'Etat avait demandé 17 milliards de dollars, le juge a accordé une somme plus modeste.
Au-delà de cette procédure, près de 2.000 autres plaintes ont été déposées contre les fabricants de médicaments opiacés par diverses juridictions aux Etats-Unis.
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