Cinq ans après sa généralisation, la téléconsultation reste trop peu utilisée dans les déserts médicaux

D'après une étude menée par Doctolib, le recours à la téléconsultation est en légère baisse en France. Parmi les patients ayant recours à cette pratique, seuls 5% ont plus de 65 ans.

Article rédigé par franceinfo
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Une cabine de téléconsultation dans une pharmacie de Fagnières dans la Marne, en 2022. (Remi WAFFLART / MAXPPP)
Une cabine de téléconsultation dans une pharmacie de Fagnières dans la Marne, en 2022. (Remi WAFFLART / MAXPPP)

La téléconsultation est en légère baisse en France, selon les derniers chiffres d'une étude menée par Doctolib et que France Inter a pu consulter en avant-première, mardi 17 juin. L'étude s'est concentrée sur la téléconsultation pratiquée dans cinq spécialités et il ressort que le recours à cette pratique a légèrement baissé en 2024 : -0,7% par rapport à 2022. 

Cette étude, dévoilée à 10 jours des assises nationales sur la téléconsultation, dresse un état des lieux de la pratique, cinq ans après sa généralisation pendant le Covid-19. Les résultats se concentrent sur l'année 2024. L'étude s'appuie sur plus de 34 000 professionnels de santé libéraux en France utilisant la téléconsultation et porte sur 14 686 utilisateurs. Elle analyse 100 millions de consultations (dont cinq millions de téléconsultations) réalisées en 2024. L'analyse se concentre sur cinq spécialités : médecine générale, pédiatrie, dermatologie, gynécologie et psychiatrie.

Fort recours chez les psychiatres

Parmi les enseignements de l'étude, on apprend que la téléconsultation n'est pas un "épiphénomène" mais bien "un mode de consultation entré dans la pratique quotidienne des médecins, avec des variations d'une spécialité à l'autre". En 2024, cinq millions de téléconsultations ont été pratiquées sur les services Doctolib. Sur les seuls médecins qui pratiquent la téléconsultation, cela représente 7,4% de leur activité.

Les spécialités ayant la plus forte part de téléconsultations sont : la psychiatrie (20,3%), la médecine générale (8,1%) et la pédiatrie (5,1%). A l'inverse, les patients y ont moins recours pour la dermatologie (4,4%) et la gynécologie (4,8%). Cependant, l'étude souligne que le recours à la téléconsultation est en léger recul dans l'ensemble des spécialités étudiées : "Les téléconsultations représentent 4,8% de l'ensemble des consultations, un chiffre en recul de 0,7% par rapport à 2022".

Des délais bien plus courts

Autre résultat de cette étude, le fait que la téléconsultation est avant tout un outil de suivi : "82% des téléconsultations sur Doctolib sont réalisées avec un praticien déjà connu du patient, un taux relativement stable depuis 2022". La téléconsultation est également un outil "utile" pour répondre à des demandes urgentes des patients puisque "les délais d'octroi de rendez-vous sont bien plus rapides". L'étude donne l'exemple de la médecine générale et de la pédiatrie où "plus de 60% des téléconsultations sont réalisées dans les 48 heures qui suivent la demande de rendez-vous".

Quant à savoir qui utilise le plus cet outil, il s'agit avant tout des 25-34 ans. Ils représentent "27% des patients ayant eu recours à la téléconsultation, tandis que les plus de 65 ans ne comptent que pour 5%". Le profil des utilisateurs s'oriente également vers des patients habitant plutôt en ville alors qu'il y a "des zones où on pourrait l'utiliser comme une opportunité pour diminuer les délais d'accès aux soins", analyse Jean-Urbain Hubau, directeur général France de Doctolib. Celui-ci voit la téléconsultation comme "une clef de réponse à certains des problèmes qu'on a aujourd'hui dans des zones difficiles où sur des spécialités où on sait que les délais d'accès aux soins sont plus complexes". 

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