Entretien Octobre rose : "Il faut sensibiliser les femmes avant 50 ans", déclare la fondatrice de Patients en réseau

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Article rédigé par franceinfo - Édité par l'agence 6Medias
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"Ce qui est particulièrement important, c'est que chaque patiente et chaque proche devienne un véritable relais d'information", a expliqué Laure Guéroult-Accolas sur franceinfo, mercredi, à l'occasion de ce mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein.

Ce texte correspond à la retranscription d'une partie de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.


A l'occasion d'Octobre rose, mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein, Laure Guéroult-Accolas, fondatrice de Patients en réseau, était l'invitée de Jean-Baptiste Marteau sur franceinfo canal 16, mercredi 1er octobre. Accompagnée de Damien Mascret, médecin et journaliste à France Télévisions, elle est revenue sur l'importance de la prévention et de la détection précoce des cancers du sein.

Franceinfo : En quoi donner la parole d'abord à celles et ceux qui sont directement concernés par le cancer du sein est primordial ?

Laure Guéroult-Accolas : L'expérience change tout. En réalité, notre association s'adresse avant tout aux patientes et à leurs proches via notre réseau social privé, Mon Réseau cancer du sein. Mais ce qui est particulièrement important aujourd'hui, en période d'octobre rose, c'est que chaque patiente et chaque proche devienne un véritable relais d'information. Ayant nous-mêmes vécu la maladie, nous souhaitons informer nos familles, nos amis, nos collègues et nous investir dans le dépistage ainsi que dans la détection précoce des cancers du sein, y compris avant 50 ans.

La prévention reste au cœur de la campagne, elle conditionne l'efficacité des traitements des cancers du sein...

Damien Mascret : La prévention et le dépistage constituent le premier pas. La prévention implique d'éviter le tabac et l'alcool, de pratiquer une activité physique régulière et de contrôler son poids. Ce n'est pas simple, mais c'est essentiel. Quant au dépistage, il est recommandé en France à partir de 50 ans, certains pays le font plus tôt. Il faut également rester vigilant vis-à-vis des hommes, même si le risque est beaucoup plus faible : environ 1 % d'entre eux peuvent développer un cancer du sein. Tout symptôme suspect, comme une petite masse ou un écoulement au niveau du mamelon, doit conduire à consulter immédiatement.

Vous évoquez la situation des femmes de moins de 50 ans. Pourtant, le dépistage systématique ne concerne que les tranches d'âge plus avancées. Comment sensibiliser ces jeunes femmes ?

Laure Guéroult-Accolas : L'objectif est de sensibiliser dès 25 ans. Il s'agit d'apprendre à connaître ses seins : la consultation gynécologique avec palpation, le suivi par le médecin traitant ou la sage-femme, et l'auto-palpation pour repérer tout signe d'alerte. C'est la raison pour laquelle nous avons créé ce petit guide et lancé une campagne afin que chacune sache quoi faire et quand consulter.

Certes, 80% des cancers du sein surviennent après 50 ans, ce qui justifie la tranche d'âge ciblée pour le dépistage. Mais il existe des personnes plus à risque, avec des antécédents familiaux, pour lesquelles des contrôles spécifiques sont nécessaires. Aujourd'hui, 60 % des cancers du sein sont détectés à un stade précoce, et la prévention pourrait permettre d'éviter environ 20 000 cas chaque année grâce à des facteurs simples : activité physique, limitation de l'alcool, contrôle du poids, etc.

Damien Mascret : Même chez les jeunes, il faut rester vigilant. 20 % des cancers surviennent avant 50 ans et peuvent être plus agressifs. Il est essentiel de s'habituer à palper ses seins et surveiller les ganglions sous les bras et au-dessus des clavicules. Toute modification de la peau, du mamelon ou présence d'écoulement doit amener à consulter rapidement.

Ces progrès suscitent-ils davantage d'espoir ?

Damien Mascret : La recherche a considérablement progressé. Initialement, seule la chirurgie était disponible. Aujourd'hui, on dispose de la radiothérapie, de la chimiothérapie, et de traitements hormonaux adaptés à chaque situation. Ces avancées permettent d'atteindre près de 90 % de survie à cinq ans pour les cancers détectés précocement. Même si la détection tardive reste un facteur de risque, les taux de guérison sont désormais très encourageants.

Laure Guéroult-Accolas : Heureusement, les progrès sont réels : les traitements sont de plus en plus efficaces et moins lourds. Sur notre réseau, nous accompagnons également les patientes atteintes de cancers du sein métastatiques, souvent invisibles aux yeux du public. Ces femmes vivent parfois des années avec des métastases osseuses, pulmonaires, digestives ou cérébrales, et ont besoin de soutien pour continuer à vivre normalement et maintenir une vie sociale et professionnelle. Nous participons à diffuser l'information sur les nouveaux traitements, plus ciblés et moins invasifs.

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