Reportage "La ville entière a été très touchée par ce décès" : l'émotion à Saint-Quentin après la mort d'une fillette à cause d'une intoxication

Deux boucheries de Saint-Quentin (Aisne) ont été fermées de manière préventive après des intoxications alimentaires sévères, qui ont causé la mort d'une fillette de 11 ans. Huit enfants ont été hospitalisés. La semaine a été angoissante pour de nombreux parents.

Article rédigé par Boris Loumagne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Une vue d'une place à Saint-Quentin (Aisne), le 6 septembre 2018. (MATTES RENE / HEMIS.FR / HEMIS.FR)
Une vue d'une place à Saint-Quentin (Aisne), le 6 septembre 2018. (MATTES RENE / HEMIS.FR / HEMIS.FR)

Dans l’Aisne, les autorités de santé tiennent enfin une piste. En une semaine, huit enfants ont été hospitalisés à Saint-Quentin après des intoxications alimentaires sévères. Une fillette de 11 ans est même décédée. Et on a appris vendredi matin que plusieurs victimes avaient consommé de la viande provenant de deux boucheries. Elles ont été fermées préventivement dans l’attente des résultats des prélèvements effectués dans ces établissements.

À Saint-Quentin, c’est un début de soulagement pour les familles, mais tout le monde est loin d’être complètement rassuré. Cette affaire d’intoxication alimentaire est sur toutes les lèvres, dans toutes les têtes. Plusieurs enfants sont encore hospitalisés à l'hôpital. Cathy tenait par la main son fils, Nathan, 10 ans, tout blanc. Sa maman a eu très peur dans la matinée en découvrant les symptômes classiques d’une intoxication alimentaire. "Depuis ce matin, il y a des vomissements, de la diarrhée, des courbatures, il est très fatigué, raconte Cathy. Donc il a été emmené aux urgences, et maintenant on attend les résultats. J'ai appelé le 15 au matin, ils m'ont dit de l'emmener tout de suite aux urgences. On est partis aussitôt." "Beaucoup d'enfants" sont dans la même situation, ajoute-t-elle.

Une forme de "paranoïa"

Cathy explique également que son fils a mangé une pizza à la viande hachée mercredi. Elle provenait d’une pizzeria située non loin d’une des boucheries fermées préventivement. Ce qui a donc renforcé la crainte de cette mère de famille. Mais heureusement, le petit Nathan a pu sortir de l’hôpital. Son état est plutôt rassurant.

L’enquête est toujours en cours du côté des autorités de santé. Et des résultats de prélèvements effectués dans les deux boucheries sont attendus en début de semaine prochaine. Le week-end va être long à Saint-Quentin, mais cette piste des boucheries est tout de même de nature à rassurer les parents, qui viennent de vivre une semaine angoissante. "Il y a de la paranoïa, ça c'est sûr, lance Charlotte, mère de deux enfants. On s'inquiète forcément, on a des doutes, est-ce que c'est dans l'eau ? Est-ce qu'il faut acheter des bouteilles ? Est-ce qu'on peut se baigner dans notre piscine ? Je vous avoue que nous-mêmes, on a eu peur."

"Il y a de l'angoisse générale et de la tristesse, parce que ça nous touche en tant que parents. On se dit que ça aurait pu être le nôtre. Je me mets à la place de la maman, je me dis que c'est terrible."

Charlotte, mère de deux enfants

à franceinfo

Après la fermeture préventive de deux boucheries, "il y a une forme de soulagement, ajoute-t-elle, parce qu'on se pose la question, on veut savoir d'où ça provient, et on espère que ça passe très vite qu'il n'y aura plus de soucis." 

Comme Charlotte, tout le monde sur place a une pensée pour la petite fille qui est décédée. Saint-Quentin est une ville de taille moyenne. Beaucoup connaissaient la victime et ses parents. C’est le cas d’Antoine. "Ma fille faisait de la gymnastique avec la petite Elise, raconte-t-il. On côtoie les parents au sein du club, donc on a été touchés. Ce sont vraiment des choses très tristes qui ne devraient pas arriver à des enfants de cet âge-là. Je pense que la ville entière a été très touchée par ce décès."

Des conseils adressés aux parents

"Aujourd'hui, nous avons dix cas confirmés [d'intoxication alimentaire] dont un enfant hospitalisé sur Reims", a précisé vendredi sur franceinfo la maire de Saint-Quentin, Frédérique Macarez, qui participe à la cellule de crise. "Nous n'avons pas à ce stade de certitude à 100%", précise l'élue, mais "les services de l'État sont en train de faire des enquêtes et ont fait des recoupements sur les habitudes de consommation d'un certain nombre de familles. [Elles] ont parfois consommé dans les mêmes établissements", explique encore Frédérique Macarez.  

Dans l’attente des résultats d’analyse concernant les boucheries, les autorités de santé renouvellent leurs conseils aux parents : bien laver les fruits et légumes, cuire la viande à cœur et respecter scrupuleusement la chaîne du froid.

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