La pénurie de beurre s'explique (aussi) par un bras de fer entre industriels et grande distribution
Plusieurs supermarchés ont des difficultés à s'approvisionner en beurre, mi-octobre. Un manque qui s'explique par l'explosion du prix de ce produit, mais aussi par des négociations tendues entre grandes surfaces et distributeurs.
Le beurre commence à manquer. Plusieurs supermarchés ont des difficultés à s'approvisionner, mi-octobre, et expliquent leurs rayons mal achalandés par "une pénurie". Ce manque de beurre, ponctuel, s'explique en partie par une baisse de la production de matière grasse animale en Nouvelle-Zélande, premier exportateur au monde, ainsi qu'en Europe, en réaction à une surproduction survenue en 2015. Autre facteur en cause : l'explosion de la demande mondiale de beurre, revenu dans les bonnes grâces des nutritionnistes.
>> Trois raisons de s'inquiéter de la pénurie de beurre qui touche la France
Mais les difficultés à trouver des plaquettes dans vos supermarchés ont une autre raison : le bras de fer entre les industriels et les grandes surfaces. Europe 1 indique, lundi 23 octobre, que les deux parties ne parviennent pas à s'accorder sur le prix du beurre, qui a flambé depuis le début de la pénurie. Les industriels veulent profiter de la hausse mondiale pour renégocier leurs contrats avec les supermarchés. Il faudrait une augmentation de 5 à 10% du prix de la plaquette en grande surface pour que les industriels y trouvent leur compte, explique Europe 1.
"Les industriels respectent a minima leurs engagements envers les distributeurs"
Pour l'instant, les négociations sont au point mort. "La grande distribution refuse d'augmenter, en cours de saison, les tarifs négociés en février dernier. Il y a une trop grande rigidité dans les négociations, détaille Alain Le Boulanger, délégué pour l'Ouest de la Fédération nationale des industries laitières (Fnil), au Télégramme. Alors qu'en Allemagne le prix de la plaquette de beurre a augmenté de 50% en un an, elle n'a augmenté que de 12% en France."
Résultat : "Les industriels respectent a minima leurs engagements envers leurs clients distributeurs et, pour le reste, approvisionnent de préférence leurs clients fidèles, pâtissiers ou grossistes, qui les paient au prix réel du marché, poursuit le responsable de la Fnil. Du beurre part donc en France, mais aussi à l'export."
Des contrats non renouvelés pour l'instant
Ce phénomène concerne surtout les marques de distributeurs, affirme Europe 1. Leurs contrats avec les industriels sont en effet assez courts et peuvent être renégociés tous les six ou trois mois. "Ces contrats ne sont pas renouvelés pour l'instant et c'est pour ça que les distributeurs ne sont plus achalandés, indique à la radio André Bonnard, secrétaire général de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL). On n'approvisionne pas le marché intérieur car il est moins rémunérateur que le marché mondial. C'est un choix d'industriels."
On pourrait toutefois éviter la pénurie sur ces marques. "En France, on produit beaucoup, si on priorisait on aurait du beurre. On est largement excédentaire", affirme Benoît Koning, responsable lait des Jeunes agriculteurs de l'Orne, interrogé par France 3 Normandie. Pour contrer la grande distribution et se rapprocher des consommateurs, la FDSEA de l'Orne songe à revendre des plaquettes de beurre à prix coûtant dans les prochaines semaines, selon la chaîne.
Les grandes marques, comme Elle et Vire ou Président, sont pour l'instant épargnées par ce bras de fer. Leurs contrats avec les distributeurs sont négociés à l'année : le prix ne peut pas être discuté pour l'instant et les industriels ne peuvent donc pas se permettre de ne pas les livrer. Mais cela ne va pas durer : les négociations entre fournisseurs et grandes marques vont débuter en novembre, pour fixer le nouveau prix des matières premières. Le tarif du beurre, appliqué à partir de mars 2018, devrait donc prendre en compte la hausse des cours mondiaux.
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