Intoxications à E. coli dans l'Aisne : où en est l'enquête, désormais menée par un pôle spécialisé ?
Des analyses poussées sont en cours pour comparer les bactéries présentes chez les patients malades et celles retrouvées dans la viande consommée.
Une dizaine de personnes sont toujours hospitalisées. Les intoxications à la bactérie Escherichia coli (E. coli), qui ont causé la mort d'une enfant de 11 ans, provoquent l'émoi dans l'Aisne. Des nouveaux cas sont enregistrés chaque jour depuis le 12 juin, portant à 26 le nombre de personnes contaminées, a priori, par de la viande. Les cas graves, essentiellement des enfants, ont été causés par un syndrome hémolytique et urémique, une atteinte aux reins qui intervient dans environ un dixième des infections à E. coli.
Au regard du nombre des victimes et "de la technicité des investigations attendues", le parquet de Saint-Quentin s'est dessaisi au profit du pôle de santé publique du parquet de Paris, a annoncé ce dernier jeudi 26 juin. Franceinfo fait le point sur l'enquête.
Le même pôle que pour l'affaire Buitoni a été saisi
Le parquet de Saint-Quentin avait ouvert le 21 juin une enquête préliminaire des chefs d'homicide involontaire, blessures involontaires, mise en danger et tromperie aggravée par la mise en danger de la santé humaine. Les investigations ont été confiées à l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique, la Brigade nationale des enquêtes vétérinaires et phytosanitaires et au commissariat de Saint-Quentin.
"Les mêmes services d'enquête restent saisis. Les investigations techniques ont pour but de rechercher si les enfants ont été contaminés par la même bactérie, et à quelle occasion", a précisé la procureure de Paris, Laure Beccuau, en annonçant la saisine du pôle de santé publique. Ce pôle est déjà en charge, depuis trois ans, d'un autre scandale sanitaire lié à une contamination par E. coli dans l'alimentation : l'affaire des pizzas Buitoni. Une information judiciaire est toujours en cours sur les 56 cas et deux morts de ce dossier, avec une mise en examen de Nestlé et l'une de ses filiales.
L'enquête des contaminations dans l'Aisne, elle, est à un stade préliminaire et aucune personne physique ou morale n'a pour l'instant été mise en cause. Les autorités ont déployé "plus de 30 enquêteurs, qui sont sur site pour remonter la chaîne de contamination, pour pouvoir comprendre, expliquer et prendre les mesures", a indiqué le ministre de la Santé, Yannick Neuder, lors d'un point-presse devant l'hôpital de Saint-Quentin dimanche.
L'approvisionnement de six boucheries à l'étude
Soupçonnant une infection alimentaire liée à de la viande, les autorités ont fermé préventivement depuis la semaine dernière quatre boucheries et deux rayons boucherie de supermarchés de l'agglomération de Saint-Quentin. Comme le détaille la préfecture de l'Aisne, il s'agit de la boucherie La Direction, de la boucherie Family, de la boucherie El Baraka, de la boucherie La Fayette, de l'activité du rayon boucherie du supermarché TMS Destock/TMS Market, et celle du rayon boucherie de l’Intermarché de Gauchy.
"Les enquêtes alimentaires sur l'origine des contaminations réalisées ces derniers jours n'ont pas mis en évidence de nouveaux commerces", précisent les autorités du département, soulignant que la restauration scolaire n'est ciblée dans aucun des cas recensés. "C'est toute la filière, et notamment l'approvisionnement de ces boucheries, qui est également à l'étude", a souligné le ministre Yannick Neuder. Ces boucheries n'ont pas de fournisseur commun, avait précisé samedi un porte-parole de la préfecture de l'Aisne à l'AFP, ce qui risque de compliquer la recherche de l'origine de la contamination.
"Dans les premiers résultats des analyses obtenus, des traces de contamination par la bactérie E.Coli ont été détectées dans les viandes ou sur les surfaces de certaines des boucheries qui ont fait l'objet d'investigation", ont ajouté les autorités dans un communiqué vendredi soir. L'activité de cinq des six établissements fermés préventivement, "reste suspendue".
Plusieurs lieux possibles de contamination identifiés
Il a fallu attendre une semaine et huit cas d'intoxication avant que le lien avec la consommation de viande ou de produits à base de viande en provenance de certaines boucheries soit fait. Seuls deux établissements (La Direction et Family) ont d'abord été identifiés. De la viande contaminée a ainsi continué à être vendue et servie à domicile, mais aussi dans des évènements collectifs. "Aucun cas d'intoxication alimentaire sévère parmi les participants de ces événements n'a été constaté à cette heure", a toutefois précisé la préfecture.
Une quarantaine de clubs de foot des Hauts-de-France et des participants à une fête de basket à Gauchy (Aisne) ont ainsi été invités à la plus grande vigilance par l'Agence régionale de santé car de la viande issue d'une des boucheries fermées y avait été consommée les 21 et 22 juin. La kermesse de l'école d'Etaves-et-Bocquiaux (Aisne), le 20 juin, a aussi été identifiée comme possible lieu de consommation de viande suspecte, selon France 3 Hauts de France.
Des analyses approfondies nécessaires
Les échantillons prélevés dans les six boucheries sont toujours en cours d'examen par les équipes du Centre national de référence des Escherichia coli, Shigella et Salmonella à l'Institut Pasteur. "On réalise un séquençage complet du génome : la bactérie est mise à nu et on ne peut pas la confondre avec une autre, détaille son directeur, François-Xavier Weill, auprès de l'AFP. Cela permet ensuite de la comparer avec la bactérie isolée sur les aliments suspectés, et si c'est la même, on a une certitude absolue." Ces analyses bactériologiques sont essentielles afin de prouver formellement la cause des contaminations. Les premiers résultats sont attendus vendredi.
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