Roland-Garros 2025 : plus de pâtes ni de vin... La nouvelle vie de Bianca Andreescu, vainqueure de l'US Open 2019, pour retrouver les sommets

La Canadienne, sacrée à l'US Open en 2019, a découvert à Roland-Garros les qualifications en Grand Chelem, où elle s'est inclinée au deuxième tour, mercredi.

Article rédigé par Théo Gicquel - à Roland-Garros
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
La Canadienne Bianca Andreescu lors des qualifications de Roland-Garros, le 21 mai 2025. (MATTHIEU MIRVILLE / AFP)
La Canadienne Bianca Andreescu lors des qualifications de Roland-Garros, le 21 mai 2025. (MATTHIEU MIRVILLE / AFP)

D'une victoire en Grand Chelem aux qualifications six ans plus tard. Lauréate de l'US Open 2019, à 19 ans seulement, Bianca Andreescu a découvert à Roland-Garros les qualifications en Grand Chelem, où elle s'est inclinée mercredi 21 mai au 2e tour, un monde qu'elle n'avait jamais côtoyé depuis sa victoire à Flushing Meadows. Désormais 102e mondiale, la Canadienne a connu de nombreuses blessures, la dernière en date étant une opération de l'appendicite en février. 

Située au-delà du top 100 mondial, elle a manqué le coche pour intégrer le tableau final porte d'Auteuil. Si son premier tour de qualifications fut expéditif (6-0, 6-0 face à la Chinoise Xinxin Yao), elle s'est inclinée au deuxième face à la Japonaise Nao Hibino, juste derrière elle au classement (103e), alors qu'elle avait obtenu une balle de match au deuxième set. Un apprentissage par l'humilité pour la Canadienne. "Les qualifications, ce n'est pas forcément ce que je préfère, mais je sais que je dois faire mon chemin vers le haut niveau, et c'est comme ça en ce moment", explique-t-elle en toute modestie.

Toujours aussi puissante et agressive, elle a déréglé son jeu face à la Japonaise, bien plus régulière, sous une fine pluie qui a rendu le jeu de la Canadienne moins efficace mercredi. "J'essaie vraiment de rester compatissante avec moi-même, au moins j'ai tout donné. J'en voulais vraiment, mais ça ne devait pas se passer comme ça aujourd'hui, je suppose", débriefe-t-elle, un peu fataliste.

La fatalité, c'est justement ce que Bianca Andreescu essaye de briser depuis plusieurs années. Elle qui n'a retrouvé qu'une seule fois la deuxième semaine en Grand Chelem en 13 tentatives depuis son sacre à New-York, tente de renouer avec le niveau de jeu qui lui avait permis de battre Serena Williams en finale, alors qu'elle n'avait pas encore 20 ans. Pour cela, la native de l'Ontario a, cet hiver, décidé de prendre un tournant radical.

Un changement rigoureux d'alimentation

Inspirée par le livre de Dave Asprey, Bulletproof Diet, un ouvrage vantant un régime à base de café et beurre critiqué par les nutritionnistes, elle a supprimé le vin ou les pâtes de son alimentation. "Je ne veux pas que les gens pensent que j'ai besoin de trop boire, rectifie-t-elle en souriant. C'est simplement de m'éloigner complètement de ça, parce que je pouvais boire un verre de vin lors d'un événement social. Je suis aussi très diligente avec la nourriture. Par exemple, si je suis à dîner et qu'ils ont quelque chose que je ne peux pas manger, je n'ai pas le désir d'en manger. Je suis vraiment heureuse de ce que je ressens, parce que ça a fonctionné, pas seulement sans alcool, mais tout", appuie-t-elle.

Les résultats ont rapidement porté leurs fruits. Pour son premier vrai test de retour mi-mai, elle a dominé à Rome Donna Vekic et Elena Rybakina, deux joueuses du Top 20. La Canadienne affirme se sentir "plus maigre", et pose donc moins de poids sur ses articulations, son objectif afin d'en finir avec les blessures. Elle s'estime sur le bon chemin vers son niveau d'avant, mais il lui reste un écueil difficile à dompter, blessures ou non. "Gérer mes émotions un peu mieux. Je pense que parfois je donne trop quand ce n'est pas nécessaire, et je pense que c'est ce qui me vide un peu."

"Je me sentais vraiment bien sur le court, c'est juste que c'est du tennis : je le hais mais je l'adore en même temps, c'est fou."

Bianca Andreescu, vainqueure de l'US Open 2019

à franceinfo: sport

Avec humour et ironie, elle raconte elle-même ses progrès, à petits pas, dans ce domaine. "En 2021, j'ai joué Tamara Zidansek sur le même court, et j'ai pleuré pendant deux heures dans la salle de bain. Aujourd'hui, c'était un match similaire : j'ai l'impression que je donnais tout, mais ce n'était pas assez. Je me suis dit que je ne commettrais pas la même erreur, et je ne l'ai pas faite quelque part : j’ai pleuré dans la salle de bain, mais seulement pendant 20 minutes, donc ça va dans le bon sens !", dévoile-t-elle avec autodérision.

Là voilà, comme beaucoup, sur le chemin d'un passé glorieux qui colle à la peau et dont le fil est parfois difficile à renouer dans un sport où tout peut aller très vite. Bianca Andreescu devra sans doute passer par d'autres épreuves, mais elle n'a encore que 24 ans, et donc beaucoup de temps pour retrouver son meilleur niveau. "Je pense que je suis en train d'y arriver. Je suis tellement différente de ce que j'étais, même à mon meilleur. J'ai cette compétitivité en moi, la motivation, la faim. Je ne suis pas trop déprimée, je ne m'identifie pas trop aux défaites, même aux victoires, parce que ce ne sont que des montagnes russes. Donc, patience ! C'est le mot de chaque jour", conclut-elle, comme un sacerdoce à elle-même.

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