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Nicolas Bouzou : "La crise et le plan d'économies vont venir affecter les classes moyennes"

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Qui sont ces classes moyennes, ni pauvres ni riches, qui craignent d'être les perdantes du plan d'économies du gouvernement ? Nicolas Bouzou, président de la société d'analyse économique Astérès y répond au micro de Bernard Thomasson.

Bernard Thomasson

Radio France

Publié le 02/05/2014 11:52 Mis à jour le 14/05/2014 14:35

Temps de lecture : 2min

Son dernier livre s'appelle "On entend l'arbre
tomber mais pas la forêt pousser " chez Jean-Claude Lattès. Il a aussi
publié, en 2011, chez le même éditeur, "Le chagrin des classes moyennes ".
Des classes moyennes qui sont toujours chagrin comme le confirme Nicolas Bouzou
: "en réalité, on voit que le chagrin des classes moyennes dépend
d'évolutions qui sont inhérentes au capitalisme contemporain" . Il
ajoute que "la crise et le plan d'économies vont venir affecter les
classes moyennes. Donc ce n'est pas une vue de l'esprit."

Ces Français que l'on désigne sous le terme générique de
classes moyennes, Nicolas Bouzou les définit ainsi : "on est des
classes moyennes quand on est ni pauvre, ni riche" . Il précise ainsi
que "les classes moyennes sont les personnes qui perçoivent entre 1.000
et 5.000 euros par mois. On voit que ce sont les personnes pour qui les
évolutions de revenus sont les moins favorables. Leur pouvoir d'achat diminue. Et
les classes moyennes sont de moins en moins nombreuses et c'est cela qui est
anxiogène. Il n'y a pas d'appauvrissement général." Il explique cela
par "une augmentation des inégalités dont le corolaire est la diminution
des classes moyennes" .

Pour appuyer son observation, Nicolas Bouzou explique qu'il
faut regarder comment fonctionnent désormais les entreprises. "Tout
ceci vient de l'infrastructure de l'économie. Dans l'entreprise, le management
intermédiaire ou les cols blancs ou les ouvriers spécialisés ont tendance à diminuer.
La grande problématique, c'est que, pendant les 30 glorieuses, vous entriez au
bas de l'échelle et les revenus grimpaient. Aujourd'hui, l'entreprise
fonctionne comme un filtre. Elle sélectionne les meilleurs. Elle ne garde que
les plus performants. Les autres se trouvent dans une zone de
déclassement." Mais l'extraction des classes moyennes se fait le plus souvent
par le bas.

Par contre, l'Etat providence, en France, leur a permis de
moins souffrir de la crise. Il tempère ce fait en annonçant que "l'on
arrive au bout du système. Si on rend la fiscalité plus progressive en France ou
elle est déjà très progressive, on ne va pas améliorer la situation des classes
moyennes" . Selon lui, le moyen de ressouder le corps social passe par
l'éducation. "Il faut que l'ascenseur social fonctionne" , un
ascenseur qui rendrait la société plus égalitaire.