Plusieurs enquêteurs français et européens au Liban pour des auditions sur des malversations financières
Le Liban, pays du Proche-Orient, est toujours en pleine crise économique. De nombreux magistrats se sont rendus sur place cette semaine pour enquêter sur plusieurs affaires, notamment celle concernant le gouverneur de la Banque centrale.
"Comme la justice libanaise est dans l’impasse, il n’y a que les Européens pour débloquer la situation". Voilà ce que confie un diplomate sur ces différentes enquêtes. Il y a d’abord des magistrats français qui travaillent sur l’explosion du port de Beyrouth (elle avait fait 200 morts il y a 2 ans et demi, 200 morts, dont 2 Français d’où l’enquête française). Ils ont rencontré ce mercredi 18 janvier le juge libanais chargé du dossier Tarek Bitar, et d’autres rendez-vous sont prévus en début de semaine prochaine. Mais la coopération est difficile.
Le juge Bitar s’est vu contraint de suspendre ses investigations. Le Liban reproche à la France de ne pas lui fournir les images satellites de l’explosion dont elle dispose. La question, c’est de savoir si cette explosion a un lien avec la corruption de la classe dirigeante libanaise : le nitrate d’ammonium à l’origine de l’explosion avait été stocké sans précaution.
Deuxième volet, l’enquête ouverte dans plusieurs pays européens sur d’autres soupçons de corruption, et même de malversation à grande échelle. Là, c’est le gouverneur de la Banque centrale du Liban, Riad Salamé qui est dans le viseur. Il est soupçonné de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale via des comptes aux îles Vierges : plus de 300 millions d’euros ! Là encore, la justice libanaise est dans l’impasse. Plusieurs enquêteurs allemands, luxembourgeois et français, dont la juge Aude Buresi, sont donc également à Beyrouth. Ils auditionnent pour l’instant des banquiers privés et des dirigeants politiques.
Riad Salamé, le vrai président du Liban
Riad Salamé est un personnage extrêmement controversé. Il dirige la Banque Centrale libanaise depuis 30 ans. Un diplomate qui connaît très bien le Liban le décrit, sous le sceau de l’anonymat, en ces termes : "Il tient tout le monde, c’est lui le vrai président du Liban. Il n’y aura pas d’assainissement et de dynamique de changement dans le pays tant qu’on n’aura pas changé Salamé."
De nombreux Libanais considèrent que cet homme de 72 ans est le principal responsable de la crise économique. Vu l’état financier du Liban, il est d’ailleurs incroyable que Salamé soit toujours en poste. Mais ce grand banquier, par sa position, sait tout des arrangements financiers des uns et des autres. Il contrôle une forme de cartel des grands déposants et bénéficie de l’appui de plusieurs dirigeants politiques, comme le président de la Chambre Nabih Berri. Il possède la double nationalité, libanaise et française. Aujourd'hui, il proclame son innocence et se dit victime d’une campagne de dénigrement.
Un plongeon financier sans fin
Pendant ce temps, l’économie du Liban continue de plonger. Ce jeudi 19 janvier, la livre, la monnaie libanaise a franchi le cap symbolique des 50.000 livres pour 1 dollar au cours officieux. C’est plus de 30 fois le taux de change officiel. Au moins un habitant sur trois vit sous le seuil de pauvreté. En l’espace de deux ans, le nombre de pauvres a doublé, les classes moyennes ont quasiment disparu. Le taux de chômage atteint 30 %. Les prix ont eux flambé avec 150 % d’inflation. Les comptes bancaires restent désespérément vides, malgré les espoirs nés au printemps dernier d’un accord avec le FMI.
Pour compléter le tableau, le pays demeure également dans l’impasse politique. Il n’a plus de président depuis fin octobre. Les partis ne parviennent pas à se mettre d’accord sur un candidat de consensus. On comprend aisément le désarroi des Libanais.
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