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Le Japon n'a jamais connu aussi peu de neige

La saison hivernale de ski est trĂšs compromise dans l'archipel nippon, en raison du niveau extrĂȘmement faible des chutes de neige. À Nagano, par exemple, il n’y a que de l’herbe sur les pistes.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La station Itoigawa, sans le moindre flocon de neige, le 18 janvier 2020. (MASATOMO SEKIGUCHI / YOMIURI)
La station Itoigawa, sans le moindre flocon de neige, le 18 janvier 2020. (MASATOMO SEKIGUCHI / YOMIURI)

Les grands amateurs de ski le savent. Le Japon, pour eux, c’est normalement le paradis : l’hiver, il y a toujours beaucoup de poudreuse dans les stations. Par exemple l’an dernier dans la cĂ©lĂšbre station de Yuzawa, Ă  200 kilomĂštres au nord de Tokyo, il y avait plus de cinq mĂštres de neige. Cette annĂ©e, Ă  la mĂȘme date, il est pĂ©niblement tombĂ© un petit mĂštre de poudreuse, cinq fois moins.

C’est le cas partout dans le pays : depuis le dĂ©but des relevĂ©s mĂ©tĂ©o dans les stations de ski du pays il y a 60 ans, les chutes de neige n’ont jamais Ă©tĂ© aussi modestes. Dans le nord du pays, par exemple Ă  Sapporo, qui avait accueilli les Jeux Olympiques d’hiver en 1972, ça passe encore. Mais les compĂ©titions sportives ont quand mĂȘme dĂ» ĂȘtre annulĂ©es. Plus au sud, c’est carrĂ©ment la diĂšte : Ă  Nagano, théùtre des JO 1998, il n’y a que de l’herbe sur les pistes. Sur l’üle principale, Honshu, plusieurs stations ont mĂȘme renoncĂ© Ă  ouvrir. C’est sans prĂ©cĂ©dent.

2019, année la plus chaude de l'Histoire au Japon

C'est d’abord un phĂ©nomĂšne mĂ©tĂ©o ponctuel : un hiver sec et chaud dĂ» Ă  une prĂ©sence anticyclonique persistante et une mousson d’hiver beaucoup plus faible que d’habitude. Un phĂ©nomĂšne analogue a d’ailleurs Ă©tĂ© constatĂ© un peu plus Ă  l’ouest, en CorĂ©e du Sud.

Mais les chercheurs japonais y voient aussi un effet du changement climatique : la pluie a remplacĂ© la neige. Ils estiment que dans les montagnes du centre du pays, les chutes de neige devraient baisser en moyenne de 30 Ă  40% d’ici Ă  la fin du siĂšcle. Ce qui devrait conduire Ă  la fermeture dĂ©finitive de plusieurs stations de ski, comme en Europe. De fait, l’annĂ©e 2019 a Ă©tĂ© la plus chaude jamais enregistrĂ©e au Japon.

Une menace sur les réservations du Nouvel An lunaire

Tout ça n’est pas un point de dĂ©tail pour l’économie japonaise : le business des vacances au ski s’est considĂ©rablement dĂ©veloppĂ© au Japon dans les annĂ©es 80 et 90. Cela a commencĂ© Ă  baisser fortement au dĂ©but de ce siĂšcle, en raison d’abord de la diminution de la clientĂšle japonaise, effet direct du vieillissement de la population dans le pays.

Mais il reste jusqu'Ă  prĂ©sent la clientĂšle internationale, gĂ©nĂ©ralement riche. Ce sont essentiellement des Chinois, des TaĂŻwanais, des Australiens, des AmĂ©ricains, des Canadiens, attirĂ©s au Japon par la garantie de trouver de la neige. Alors Ă©videmment, une saison comme celle de cette annĂ©e, c’est une trĂšs mauvaise nouvelle, d’autant que contrairement aux stations europĂ©ennes des Alpes, les stations japonaises ne sont pas Ă©quipĂ©es en canons Ă  neige pour fabriquer artificiellement de la poudreuse.

Et pour cause : jusqu’à prĂ©sent, ils n’en avaient pas besoin. Il neigeait suffisamment. À la fin de cette semaine, Ă  partir du 25 janvier, c’est le Nouvel An lunaire en Asie, avec fĂȘtes et vacances Ă  la clĂ©. Normalement, c’est le pic d’activitĂ© pour les stations de ski japonaises. Cette annĂ©e, elles redoutent les annulations de derniĂšre minute.

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