Deux ans après la mort de Jamal Khashoggi, la justice se fait attendre
Le 2 octobre 2018, le journaliste Jamal Khashoggi était assassiné dans des circonstances épouvantables au consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul. Et deux ans après, on ne peut pas dire que justice ait été rendue.
Il y a plusieurs procédures en cours en Turquie, pour essayer de faire toute la lumière sur l'assassinat sauvage de Jamal Khashoggi. Tout indique que ce journaliste saoudien, qui critiquait le régime de Ryad, a été découpé en morceaux dans l’enceinte du consulat saoudien. Son corps n’a jamais été retrouvé. La Turquie a lancé deux procédures par contumace à l’encontre de 26 ressortissants saoudiens qui ont tous fui la Turquie.
La première vise 20 personnes et le procès a commencé début juillet. Parmi les inculpés figurent notamment deux hommes considérés par la justice turque comme les commanditaires de l’assassinat. Et ces deux hommes, Saoud Al Qatani et Ahmed al Assiri, sont des proches du prince héritier saoudien, l’homme fort d’Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salmane. La seconde procédure est toute récente : six nouvelles inculpations effectuées le 28 septembre par le parquet turc. Deux d’entre elles visent des employés du consulat saoudien et le parquet réclame la prison à vie.
Parodie de justice en Arabie Saoudite
En Arabie Saoudite, il y a une autre procédure, et là il y a déjà eu des jugements dans une parodie de justice. Dans une procédure totalement opaque, la justice saoudienne a d’abord condamné huit personnes dont cinq à la peine de mort. Sans que l’on connaisse les identités des accusés. Et puis début septembre en appel, ces peines de mort ont été commuées en emprisonnement de 20 ans. Mais là encore, opacité totale : pas de procédure contradictoire, toujours pas d’information sur les identités des condamnés. On sait juste que les deux commanditaires présumés identifiés par la Turquie ont été "innocentés".
Le pouvoir saoudien, qui avait d’abord totalement nié l’affaire, a fini par adopter un discours intangible : l’assassinat a bien été commis par des Saoudiens, mais ils ont agi par eux-mêmes, sans aucun ordre venu d’en haut. Seule la presse saoudienne s’est félicitée du jugement de début septembre. Partout ailleurs, ce jugement a été dénoncé comme un déni de justice : "une farce", selon les termes employés par la compagne de Jamal Khashoggi, "une parodie" selon la représentante de l’Onu.
Un coup de pouce de Donald Trump
Il faut dire que plusieurs enquêtes pointent directement vers le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane et lui n’a évidemment pas été inquiété. L’Onu, et même la CIA l’ont montré du doigt. A tel point que plusieurs sénateurs américains, y compris dans les rangs du parti républicain, le parti de Donald Trump, considèrent MBS comme le "responsable de l’assassinat". Mais le président américain a fait pression pour que toute poursuite soit abandonnée. Il s’en est même vanté auprès du journaliste Bob Woodward, en arguant de la préservation des intérêts économiques des Etats-Unis.
Mohammed Ben Salmane essaie lui de redorer son blason. L’Arabie Saoudite doit notamment accueillir le mois prochain un sommet du G20, qui sera virtuel, à cause du virus. Ça ne suffira certainement pas à dissiper les doutes sérieux qui continuent de planer sur la responsabilité du régime de Ryad dans l’assassinat de Khashoggi.
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