Tristan Séguéla pour "Mercato", et Benjamin Dierstein pour "Bleus, Blancs, Rouges"

Dans Tout Public du mardi 18 février 2025, le réalisateur Tristan Séguéla pour "Mercato", et Benjamin Dierstein pour son polar politique "Bleus, Blancs, Rouges".

Article rédigé par Frédéric Carbonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Le réalisateur Tristan Séguéla, et l'auteur Benjamin Dierstein, invités de franceinfo le 18 février 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Le réalisateur Tristan Séguéla, et l'auteur Benjamin Dierstein, invités de franceinfo le 18 février 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Le film Mercato est une plongée dans les coulisses du foot-business, avec comme tête d’affiche Jamel Debbouze, qui incarne Driss, agent du joueur en déclin Mahdi Bentarek. Le réalisateur Tristan Séguéla déclare au micro de Tout Public "partager la passion pour le foot" de Jamel Debbouze, une passion sans laquelle il aurait été compliqué de réaliser ce film, estime-t-il. Néanmoins, Mercato ne dresse pas un portrait tendre du milieu du football, et pointe ses dérives, notamment concernant les offres de plus en plus considérables qui sont faites par les clubs pour le rachat de certains joueurs.

En l'occurrence, la réalité a récemment rejoint la fiction, avec dans le film une offre d’un milliard faite au joueur que défend le personnage de Jamel Debbouze, et qui a été annoncée dans la réalité par l’Arabie saoudite pour racheter le joueur Vinicius Jr. au Real Madrid. Alors que l’équipe du film se demandait au moment du tournage si la proposition n’était pas disproportionnée, Tristan Séguéla s’en félicite aujourd’hui. "On a bien fait, parce que, quasiment le jour de la sortie du film, l’offre a été faite pour de vrai, exactement de la même façon."

"Les agents sont des rouages essentiels de la mécanique capitaliste et du business du football."

Tristan Séguéla

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Dans cette logique capitaliste, le rôle des agents se révèle alors ambigu et "complexe", explique Tristan Séguéla. Ces derniers sont en effet nécessaires aux joueurs, qui ont "malgré tout besoin d'un entourage solide et d'agents compétents pour faire une carrière longue". Une complexité que le réalisateur a voulu retranscrire dans son film, "[en essayant] d’être le plus fidèle à la réalité". Par ailleurs, les agents jouent parfois le rôle de "pères de substitution", remarque le cinéaste, ces derniers s’intéressant "à des joueurs qui parfois sont des adolescents, et qui les suivent au passage de l’âge adulte". "Et quand on est soi-même père, ce qui est le cas du rôle de Jamel Debbouze dans le film, il peut y avoir conflit entre son vrai gamin et son joueur."

Le fils de Driss permet en effet d’introduire un conflit de générations, là où Driss "croit à sa passion et a envie de s’élever socialement dans le milieu du foot, en faisant signer les plus gros contrats possibles à ses joueurs ; son fils y voit un gars au téléphone toute la journée, qui parle d’argent, et qui essaie de nourrir la bête en permanence". Un fils par ailleurs joué par le comédien Milo Machado-Graner, déjà remarqué dans le film Anatomie d’une chute de Justine Triet, que Tristan Séguéla décrit comme étant "déjà un grand comédien".

Mercato de Tristan Séguéla, en salle dès le 19 février 2025.

Bleus, Blancs, Rouges : le polar au sein de la politique des années 1970

Le nouveau livre de Benjamin Dierstein Bleus, blancs, rouges explore cette fois les relations entre les "hauts gradés" de la police, et le "fonctionnement interne de Baveau", autrement dit le ministère de l’Intérieur, mais aussi "la hiérarchie, les syndicats, les rapports avec les politicards…" présente l’écrivain. "Ça m'intéresse parce qu'il y a des relations qui ont toujours été tellement proches et tellement tendues entre le ministre de l'Intérieur et ses différents administrés, qu'il y a quelque chose à raconter qui parle de notre pays", explique Benjamin Dierstein. "C’est là qu'on détient notamment une partie du pouvoir. Et donc ça m'intéresse de faire une radiographie de ça pour montrer un peu comment ça se passe dans les coulisses", confie-t-il.

"Je pense qu’il faut avoir une vision un peu pessimiste pour enlever ses œillères, et essayer de radiographier la société."

Benjamin Dierstein

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Bleus, Blancs, Rouges est le premier d’une saga de trois tomes, pour lesquels Benjamin Dierstein a effectué un travail de documentation de longue haleine, où il est remonté dans les archives d’il y a un cinquantaine d’années. "J'ai commencé par une phase de documentation d'un peu plus d'un an et demi, où j'ai fait que ça à temps plein, à lire des bouquins, aller à l'INA, aux Archives nationales, aux archives de police..." Un travail que l’auteur a pu trouver "lourd" par moments, et qu’il compare à celui d’un "thésard", mais qui lui a permis tout au long de son récit d’y insérer "un maximum de détails hyper précis", pour perdre le lecteur entre réalité historique et fiction.

Bleus, Blancs, Rouges (Flammarion), disponible dès maintenant en librairie.

Une émission avec la participation de Thierry Fiorile, journaliste au service culture de franceinfo.

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