Couleurs et excentricités avec David Hockney raconté par Catherine Cusset et les personnages du nouveau film de Baya Kasmi

Dans Tout Public du mardi 8 avril 2025, la réédition de "Vie de David Hockney" de Catherine Cusset à l’occasion d’une exposition rétrospective à la Fondation Louis Vuitton et Baya Kasmi présente son nouveau film "Mikado".

Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'autrice Catherine Cusset en avril 2025. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
L'autrice Catherine Cusset en avril 2025. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Alors que le Centre national du livre publie une étude déplorant la dégradation du rapport des Français à la lecture, les éditions Gallimard rééditent, à l’occasion d’une exposition, le roman de Catherine Cusset, Vie de David Hockney, biographie de l’artiste. D’abord considérée comme "pas celle d’un grand peintre", l'œuvre de David Hockney a finalement trouvé grâce aux yeux des critiques. Connu pour ses piscines et ses doubles portraits, ce dernier a, à ses quarante ans, "entièrement changé de façon de peindre" pour s’adapter aux attentes de l’art contemporain.

Le déclic intervient après une discussion avec un ami, lui faisant prendre conscience qu’il n’y avait nul besoin d’essayer d’être un artiste contemporain lorsque l’on en était déjà un. David Hockney entame alors un travail prolifique et notamment de paysages, jusque-là bannis des galeries contemporaines. Aujourd’hui, ses jardins et notamment les 200 toiles produites durant son confinement dans sa maison normande, sont la signature de l'artiste qui se démarque par sa remise aux goûts du jour de sujets considérés comme désuets et par ses couleurs, particulièrement reconnaissables.

"Il n'a suivi qu'une seule boussole tout au long de son travail. Et cette boussole, c'était celle de son désir. Il a peint ce qu'il voulait. Envers et contre tout."

l'autrice Catherine Cusset

à franceinfo

C’est sur ce cheminement que revient Catherine Cusset dans Vie de David Hockney, mais aussi sur ces inspirations qui trouvent souvent leurs sources dans les écueils de sa vie. "Énormément de ses compagnons de route, ou des hommes qui ont été ses amants, sont morts du sida à partir de la fin des années 1960 " explique l’autrice au micro de Tout Public. "Son œuvre qui a, jusqu'à récemment, été hantée par la mort", constitue également son refuge par lequel "il veut offrir au monde une vue enchanteresse". Selon lui, "jamais la mort n'abolira le printemps".

Sujet de l’exposition David Hockney 25 (Fondation Louis Vuitton), qu’il considère lui-même comme "la plus grande ne lui ayant jamais été consacrée", le peintre "contrôle", selon Catherine Cusset, "tout ce qui concerne son œuvre". Ainsi validé par l’artiste, Vie de David Hockney se voit donc réédité avec l’ajout de nouvelles œuvres en couleur et notamment celles produites depuis sa première parution.

Réédition de Vie de David Hockney (aux éditions Gallimard), de Catherine Cusset, disponible en librairie et à la boutique de l'exposition.

David Hockney 25, à la Fondation Louis Vuitton jusqu'au 31 août 2025. 

Baya Kasmi pour la sortie de Mikado

Coutumière des personnages qui ne rentrent pas dans les cases, "des originaux, des gens qui vivent à la marge", la réalisatrice Baya Kasmi est à l’origine de Mikado, en salles à partir du 9 avril 2025. En faisant se rencontrer par hasard Vincent, professeur veuf ayant du mal à communiquer avec sa fille jouée par Ramzy Bedia, et une famille dysfonctionnelle habitant dans un van, Baya Kasmi choisit de s’attaquer à des problématiques de société actuelles. Parents issus de la Dass, enfants clandestins, deuil... La liste des sujets abordés dans le film ne sont pas ceux d’une comédie, mais la réalisatrice l’assume. "Je ne voulais pas m'obliger à faire des comédies. Et cette histoire-là, elle est très sensible, elle est vraiment lumineuse. Mais elle n'était pas faite pour la comédie."

Né d’une envie de traiter l’enfance, que la réalisatrice considère comme une période durant laquelle "on est complètement dépendant de ses parents", Mikado s’appuie sur les souvenirs d’enfance de Baya Kasmi. Mais aussi sur "des récits de beaucoup de gens qu'[elle a] rencontré, qui avaient eu ces parcours d'aide sociale à l'enfance, des parcours de vie un peu cabossés".

En comptant sur la lumière naturelle du sud de la France et en laissant une place aux silences et aux regards des comédiens - qui permettent aux spectateurs de "rencontrer les autres personnages" - Baya Kasmi veut "retransmettre l’énergie" des enfants à travers deux générations. Et en s’éloignant de son genre de prédilection, la comédie.

" Je crois que l'identité est un thème qui me touche et qui traverse tous les films que j'ai faits. Et je m'en rends compte à chaque fois, à la fin, en finissant le film."

la réalisatrice Baya Kasmi

à franceinfo

Mikado, de Baya Kasmi en salle actuellement.

Une émission avec la participation d'Anne Chépeau, journaliste au service culture de franceinfo.

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