Judith Chemla pour "Le Procès de Jeanne", et la sortie au cinéma du très oscarisé "The Brutalist"

Dans Tout Public du mardi 11 février 2025, Judith Chemla pour la pièce "Le Procès de Jeanne", et le film avec dix nominations aux Oscars "The Brutalist" de Brady Corbet.

Article rédigé par Frédéric Carbonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Judith Chemla et "The Brutalist" dans Tout public, mardi 11 février 2025. (FRANCEINFO - UNIVERSAL PICTURES)
Judith Chemla et "The Brutalist" dans Tout public, mardi 11 février 2025. (FRANCEINFO - UNIVERSAL PICTURES)

Avec la pièce Le Procès de Jeanne, Judith Chemla n’est pas seulement l’interprète du personnage de Jeanne d’Arc, elle est aussi à l’initiative de sa mise en scène. C’est en effet après avoir incarné Jeanne d’Arc au bûcher de Paul Claudel au Concertgebouw d'Amsterdam que la comédienne découvre le texte des minutes du procès (qui reproduit une partie du procès de la condamnation de Jeanne d’Arc), et qu'elle estime qu'une pièce doit lui être consacrée. Cette dernière dit en effet avoir été "frappée" par la "clarté" des propos de la jeune accusée. Par son langage "clair" et "limpide", celle que Judith Chemla qualifie de "prisonnière politique", "déjoue tous les pièges pervers de cette fausse justice, de ce pouvoir qui veut l’écraser".

"Elle est incroyablement vivante, claire, déterminée. C'est une force pure."

Judith Chemla

à franceinfo

Le destin de Jeanne d’Arc n’est pas sans rappeler les combats féministes actuels, avec une justice qui continue parfois de servir les intérêts des dominants plutôt que des plus faibles, observe Judith Chemla. Ayant découvert ce texte en 2018, la comédienne et soprano affirme que ce procès "résonne incroyablement" aujourd’hui. "Il n’y a pas besoin de faire des pieds et des mains et la tordre dans tous les sens pour qu’elle [Jeanne d’Arc] vous parle. C’est incroyablement actuel, présent." Et en effet, bien qu’étant mise à défaut par les juges qui ont d’autres intérêts que la seule justice, la Pucelle d'Orléans "s’affranchit de la place à laquelle on voudrait la réduire", et, grâce à sa répartie, "les met face à leur vanité et à leur absurdité".

Le film événement The Brutalist

Il s’agit sûrement d’une des plus importantes sorties au cinéma de l’année 2025 : avec dix nominations aux Oscars, The Brutalist filme Adrien Brody en architecte moderniste et juif hongrois, rescapé des camps de la mort. D’une durée de 3h35 avec entracte, dressant un vaste portrait de l’Amérique, et ayant mis sept ans à être produit et terminé, ce troisième long-métrage est dans tous les sens du terme, d’une ampleur monumentale. "Ce film est un mélodrame, explique le réalisateur Brady Corbet. Les faits racontés se passent dans les années 50, donc je voulais le réaliser à certains égards dans un style qui ressemble à un mélodrame de ces années-là (…). Et le mélodrame des années 50 n'étant pas très subtil, le néoréalisme n'est pas l'objectif ici." Le réalisateur confie par ailleurs y avoir inséré sa "propre expérience", en faisant des parallèles entre son métier de cinéaste et celui d’architecte.

Un film qui cherche également à mettre à mal l’"American Dream", qui a irrigué les imaginaires dans l'histoire des Etats-Unis, et qui continue d'être à l'œuvre aujourd'hui. "On a vu tellement d'histoires sur le rêve américain avec un personnage qui réussit, partage Brady Corbet. Je voulais pour ma part que le nôtre réussisse en dépit de l'expérience sociale, plutôt que grâce à elle. Et c'est d'ailleurs aussi pour cela que Laszlo [le héros du film] finit par quitter l'Amérique à la fin du film. En effet, le rêve américain en général ne résiste pas aux statistiques : quand vous avez 1% des gens qui sont en haut et les 99% autres en bas de l'échelle – surtout avec des milliardaires qui maintenant envahissent notre économie de plus en plus délibérément et sans s'en cacher –, ça me semblait la manière la plus honnête de représenter cette expérience du rêve américain."

The Brutalist, à retrouver en salle dès le mercredi 12 février 2025.

Une émission avec la participation de Thierry Fiorile et Matteu Maestracci, journalistes au service culture de franceinfo.

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