Deux films pour résister et un nouveau regard sur le procès Mazan

Dans Tout Public du lundi 26 mai 2025, le sort de Jafar Panahi, Palme d’Or du Festival de Cannes, à son retour en Iran, mort du documentariste Marcel Ophüls et La Chair des autres, nouveau livre de Claire Berest sur le procès des viols de Mazan.

Article rédigé par Frédéric Carbonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Deux films pour résister et un nouveau regard sur le procès Mazan (Albin Michel)
Deux films pour résister et un nouveau regard sur le procès Mazan (Albin Michel)

"Si cela arrive, j'irai me reposer en prison et recevoir de nouvelles histoires." Telle est la réponse du réalisateur Jafar Panahi à ceux qui s'inquiètent de son retour en Iran après avoir reçu la Palme d’Or pour son film Un simple accident.

Déjà emprisonné et censuré par le régime iranien pour ses prises de position contestataires, le réalisateur explique sa volonté de retourner dans son pays par un manque de "force, d’audace et de capacité de s’adapter à un autre pays que l’Iran".

Marcel Ophüls : la mort du documentariste briseur de silence

Quatre heures trente d’entretiens et d’images de divers acteurs de la ville de Clermont-Ferrand pour faire parler le silence de la France occupée. C’est ce à quoi s’est attelé Marcel Ophüls dans son documentaire Le chagrin et la pitié. Considéré comme le maître de son domaine et ayant notamment reçu l’Oscar du meilleur documentaire en 1989, ce dernier est décédé ce lundi 26 mai 2025 à l’âge de 97 ans.

"Pas très loin d’une vérité historique", selon Denis Peschanski, historien et spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, Le chagrin et la pitié a pourtant subi les remous et tabous de l’Histoire française.

“C’est un film important qui marque une rupture historique, mais aussi une rupture mémorielle.”

Denis Peschanski

à franceinfo

Commandé par l’ORTF, il s’est ensuite vu censuré par les plus hautes sphères du pouvoir, dont Charles de Gaulle considérant que les Français n’avaient "pas besoin de vérité, mais d’espoir". Ce n’est qu’à l’arrivée de François Mitterrand à l’Elysée et de Jack Lang à la Culture que Le chagrin et la pitié est jugé diffusable. Il attirera en salles plus de 600 000 spectateurs. 

Participant à briser le mythe de la France résistante, le documentaire montre, selon l’historien, "la complexité du régime de Vichy" et offre "une nouvelle lecture de la guerre en France, marquée par la figure du non plus du héros résistant, pas encore d'ailleurs de la victime juive".

Le documentaire Le Chagrin et la Pitié est diffusé dimanche 1er juin à 21h05 sur France 5. 

Un nouveau regard sur le procès Mazan

Nombreux sont les ouvrages s’interrogeant sur la portée du procès des viols de Mazan. Si tous soulignent sa singularité liée à la levée du huis clos, la force et le courage de Gisèle Pélicot et les attentes sociétales découlant de ce procès hors normes, Claire Berest, autrice et journaliste, questionne dans La Chair des autres certaines zones d’ombre peu abordées. Parmi elles, l’inculture du viol, dont le concept est développé dans son nouvel ouvrage.

L’autrice se confronte durant les audiences "au vide et au désert" des hommes passant à la barre. "Je ne voyais pas de construction (...), je voyais une absence de début de réflexion ou de prise en charge de ce qu’est le rapport homme-femme, le rapport sexuel, le regard de l’autre, son consentement, son altérité."

Cette prise de recul, Claire Berest la doit à son intérêt pour les faits divers : "Lorsqu'on s'y plonge beaucoup, on se confronte au mal tout le temps et c'est une grande leçon. Les gens qui commettent les pires crimes sont souvent des gens ordinaires comme vous et moi." En citant Daniel Zagury, la journaliste conclut au micro de Tout Public : "Pas de monstres mais des Messieurs Tout le Monstre".

Procès des viols de Mazan : Caroline, Gisèle... tous ces livres qui arrivent en librairie pour continuer à décrypter l'affaire

La Chair des autres (aux éditions Albin Michel), de Claire Berest, disponible en librairie.

Une émission comportant un extrait de l'interview de Jafar Panahi par Sonia Devillers sur franceinter. 

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