Alexandre Desplat à la Philharmonie de Paris, et le narcotrafic dans la série "De Grâce"

Ce n’est pas banal pour un lieu comme la Philharmonie de Paris d’accueillir un concert de musiques de films, qui sont souvent reléguées au second plan en France. Il fallait bien que ce soit un des compositeurs de musique de films les plus reconnus au monde, Alexandre Desplat, qui a composé pour les plus grands réalisateurs (Guillermo del Toro, Jacques Audiard, Wes Anderson...), pour être convié à diriger l'Orchestre de Paris dans un tel lieu. Pour Alexandre Desplat, c’est un "rêve" pour n’importe quel compositeur de musique que "de sortir des studios et de pouvoir présenter de la musique devant un public". "C’est merveilleux", renchérit-il, qui plus est avec l’Orchestre de Paris, qu'il qualifie comme étant "l’un des plus beaux au monde".

"Le but quand on écrit des musiques de film, c'est de trouver ce qu'est l'âme du film et de la transformer en musique."

Alexandre Desplat

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Alexandre Desplat explique par ailleurs modestement sa popularité auprès des cinéastes d’outre-Atlantique par sa "singularité", due au fait qu'il "n’écri[t] pas comme un Américain, mais comme quelqu’un qui a une sensibilité européenne". Et en effet, pour le musicien, écrire la musique d’un film est une histoire de sensibilité. "J'essaie à chaque film qu'on me propose d'apporter un imaginaire qui ait mon intégrité, afin que ma sensibilité épouse celle du metteur en scène et du projet qu'il me propose." C'est ainsi que naissent une instrumentalisation, un style et un tempo uniques, et des "musiques très différentes" à chaque film, partage le musicien.

Alexandre Desplat dirigera l’Orchestre de Paris à la Philharmonie les 29 et 30 janvier 2025.

Une série au cœur du narcotrafic dans le port du Havre

Tout public fait un détour par Le Havre, à l’occasion de la journée spéciale consacrée au narcotrafic sur franceinfo. Le coscénariste Baptiste Fillon de la série De Grâce diffusée par Arte en février 2024, est invité pour revenir sur sa série, un an après sa diffusion, qui retrace l’épopée familiale de dockers du Havre sur fond de trafic de drogue. Le scénario que Maxime Crupaux et lui-même avaient imaginé a été effectivement "rattrapé par la réalité", explique Baptiste Fillon, en faisant référence à l’actualité récente, et l'importance que prend le narcotrafic, notamment au Havre.

"On se rend compte que la drogue et sa puissance financière sont en train de tout nécroser, et ça à toutes les échelles."

Baptiste Fillon

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C’est en effet un choc pour Baptise Fillon, lui-même originaire du Havre, qui dit avoir "vécu la vie d’un port classique", où les seules marchandises qui tombaient autrefois des cargaisons étaient des "Air Max" ou des "sweats". Le port du Havre faisait aussi la fierté de ses habitants de par sa renommée mondiale, mais qui est "aujourd’hui à la merci d’un ordre du monde beaucoup plus destructeur qu’il ne l’était à l’époque", explique Baptiste Fillon.

Dans cette série de six épisodes, les dockers sont au cœur du récit, et pour cause, ce sont eux qui sont la "clef de voûte" des entrées et des sorties du port, notamment concernant la drogue, explique Baptiste Fillon. Mais au-delà de la question logistique, la série met surtout en scène une tragédie familiale. "On voulait aussi que ce soit extrêmement charnel, partage Baptiste Fillon. Parce que le port, c'est la vie de ces gens, c'est leur fierté. Et on voulait que ça se sente au sein même de la famille."

Une émission avec la participation de Matteu Maestracci, journaliste au service culture de franceinfo.