"L'océan, c'est notre problème commun, pour la survie de l'humanité", selon le sociologue Jean Viard
Alors que Nice accueille la Conférence des Nations unies sur l’océan, le sociologue Jean Viard, rappelle son rôle capital pour le climat et souligne que chacun, des industriels aux citoyens, a son rôle à jouer pour le protéger.
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La conférence des Nations unies sur les océans se déroulera à Nice du 9 au 13 juin 2025. Ce sommet réunira des dirigeants mondiaux, des milliers de délégués, des scientifiques et des représentants d'ONG qui débattront sur les mesures à prendre pour protéger la vie marine.
Selon le sociologue Jean Viard, cette conférence "peut être le déclencheur d'une pensée différente". "La mer a des tas de blessures liées à la pollution, poursuit-il. Il faut y faire extrêmement attention parce que si à un moment elle capte moins de carbone ou si elle produit moins d'oxygène, c'est nous qui allons souffrir."
franceinfo : Le grand public est-il suffisamment sensibilisé à la protection des océans ?
Pas que le grand public, il y a un vrai problème sur cette question. Les océans, c'est 70% de la surface de la planète, c'est 30% du captage de CO2, c'est 50% de la production d'oxygène. C'est à peu près 3 milliards de gens qui se nourrissent largement sur les océans et 5 millions d'emplois dans la pêche, la marine, etc. Le problème des océans, c'est que quand l'eau arrive dans les océans, c'est par les rivières, les ruisseaux, etc. Donc au fond, la pollution, elle est dans les régions, elle est dans les entreprises, elle est dans nos modes de vie et tout descend à la mer. Et donc effectivement, se saisir de la question de l'océan, c'est la question de tout le monde. C'est vrai pour les agriculteurs quand ils mettent des produits, quand un industriel a des déchets de plastique et au fond, il sait qu'il va nous vendre un produit, qui va, derrière, générer des déchets plastiques. La bataille de l'océan, c'est la bataille de l'ensemble de ses acteurs. Au fond, l'océan commence au sommet des montagnes.
Un des responsables de la pollution, c'est aussi le tourisme ?
Ce n’est pas parce que vous allez bronzer sur la plage, avec un peu de produit pour ne pas avoir de coup de soleil, que ça sera dramatique. Peut-être qu'on peut avoir des produits de protection qui soient écologiquement sains, ça c'est vrai. Je crois qu'il faut faire attention. On est dans une mode d'attaquer les plaisirs de la société. La natation, la mer, l'océan ce sont des grands plaisirs de la société. Il faut le protéger. Mais c'est vrai que tout le long de la chaîne, il faut arriver à faire disparaître le plastique. Chaque usager, qu'il l'habite au fin fond de la Lozère ou qu'il soit sur la plage, il ne doit pas jeter dans l'eau du plastique, il ne doit pas jeter sa paille, il ne doit pas jeter son mégot. C'est pour ça que se saisir de la question des océans, c'est un problème de société global. Vous savez, c'est un peu comme la COP 21, on a tous été sensibilisés grâce à elle. Mais au fond, il faut se dire que ce qu'il se passe à Nice, c'est presque du même niveau que la COP 21 et j'espère que la société va le penser de la même manière. L'océan, c'est notre problème commun, notamment pour la survie de l'humanité.
Comment avoir une prise de conscience collective ?
Ça prend du temps. C'est depuis le début des années 70 qu'on a vraiment commencé à ne plus considérer l'océan comme une poubelle. Je vous rappelle qu'avant, on y jetait des fûts radioactifs. On se disait c'est profond, on les jette au milieu et ça descend au fond, on en parle plus. Mais c'était vrai pour beaucoup de rivières, les gens jetaient alors leurs déchets dans la rivière. Donc, la culture de l'idée que le réseau de l'eau doit être pur et que l'eau doit être respectée d'un bout à l'autre de la chaîne, je pense que cette culture ne progresse pas assez vite, c'est vrai. Mais la réunion de Nice, c'est un pas important. On avance. Nice peut être le déclencheur d'une pensée différente. La mer a des tas de blessures liées effectivement à la pollution. Il faut y faire extrêmement attention parce que si à un moment elle capte moins de carbone ou si elle produit moins d'oxygène, c'est nous qui allons souffrir.
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