"Je suis pour un double droit de vote aux municipales, voter dans la commune où l'on réside et celle où l'on travaille", défend Jean Viard
À un an des élections municipales, le sociologue Jean Viard évoque les relations entre les maires et leurs administrés, mais aussi le poids qui pèse sur un bon nombre d'élus.
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Dans un an, en mars 2026, les électeurs français retourneront aux urnes pour élire ou réélire les quelque 35 000 maires, adjoints et conseillers municipaux que compte le pays. La parité va d'ailleurs s'imposer dans les communes de moins de 1 000 habitants. Une étude du centre de recherche de Sciences Po nous apprend aussi que seulement 40% des maires ont prévu de se représenter en 2026. Près de 30% vont raccrocher leur écharpe, les autres n'ont pas encore pris leur décision.
franceinfo : Qu'est-ce qui a abîmé ce lien entre les élus et leurs administrés au fil des années ?
Jean Viard : C'est un problème qui touche toutes les fonctions. Regardez le rapport au médecin dans les urgences, le rapport aux enseignants qui se font agresser. Nous sommes dans une société où les "notables" sont moins respectés qu'avant. En ce qui concerne les maires, on a, je crois, abîmé la fonction. On a créé des communautés de communes, des métropoles, on a créé des tas de structures. L'argent est dans la communauté de communes, mais qui est le plus connu des habitants ? Le maire ! Sauf que ce maire a très peu de pouvoir, il en a perdu. Il ne peut plus répondre seul à un certain nombre de demandes des administrés.
Vous faites partie de ceux qui disent qu'il faut peut-être redéfinir la place du maire dans la société actuelle ?
Le maire est le dernier élu dans lequel les gens ont confiance. Dans notre société, les gens mettent d'abord leur confiance dans les artisans, dans les PME, dans les entreprises. La confiance s'est déplacée. L'entreprise apparaît comme un outil efficace qui va vite. Dans une société qui change aussi vite, il y a un sentiment d'impuissance de la chose publique qui est, à mon avis, une réelle difficulté. Non parce qu'on ne sait pas adapter, mais parce qu'on ne sait pas transformer.
Est-ce que le maire reste un pilier solide de la démocratie ?
Solide, pas forcément. Moi, je plaide pour qu'on vote deux fois. Parce que la plupart des gens ne travaillent pas dans la commune où ils habitent et en réalité, on vote là où l'on dort. Il y a un million de travailleurs qui rentrent tous les jours dans Paris pour travailler et 700 000 qui dorment dans la ville. Je pense qu'il faut aller vers un double droit de vote. C’est-à-dire voter dans la commune où l'on réside et dans la commune où l'on travaille, ça modifierait profondément l'intérêt pour la politique.
Face à la bureaucratie, aux exigences de plus en plus fortes des citoyens, est-ce qu'on peut craindre un désengagement des maires ?
Oui, mais le problème se trouve surtout dans les petites mairies, là où il y a un gros problème de renouvellement. Souvent, il y a une secrétaire de mairie à mi-temps qui fait ce qu'elle peut, mais elle est noyée sous la paperasse. On est dans une société qui produit de la norme, des règles et des règlements sans arrêt. Normalement, un maire d'une petite commune ne devrait pas gérer beaucoup de dossiers. Notre modèle démocratique est enkysté.
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