Divorcer ou se séparer tout en protégeant les enfants

Chaque année, 400 000 enfants vivent la séparation de leurs parents. Cette semaine Amélia Matar revient sur ce sujet et sur les solutions pour mieux accompagner les enfants ces moments délicats.

Article rédigé par Amélia Matar
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Les enfants doivent être tenus à l'écart des conflits de leurs parents. (CONNECT IMAGES / CONNECT IMAGES)
Les enfants doivent être tenus à l'écart des conflits de leurs parents. (CONNECT IMAGES / CONNECT IMAGES)

1 enfant sur 4 grandit aujourd’hui dans une famille monoparentale. Si la séparation des parents est une épreuve, elle ne constitue pas forcément un traumatisme en soi. Ce qui engendre le plus de conséquences délétères, selon les études scientifiques, ce sont les tensions non résolues, les conflits ouverts ou les situations de non-dits. Ces environnements conflictuels peuvent laisser des traces profondes sur la santé mentale et physique des enfants à l’âge adulte. Les enfants exposés à une mésentente parentale durable présentent ainsi deux fois plus de risques de souffrir de dépression à l’âge adulte.

Un guide pour accompagner les familles

Dans Parents séparés, famille réinventée, l’autrice Noémie Khenkine-Sonigo, ancienne avocate spécialisée en droit de la famille, propose une méthode en 4 étapes pour mieux vivre une séparation : la décision, le passage à l’action, la séparation elle-même, et enfin la “vie d’après”.

L’ouvrage insiste sur l’importance de ne pas rester seul. Entourage, professionnels de santé, amis, avocats, psychologues : s’entourer est essentiel, et ne constitue pas une faiblesse, mais une stratégie pour traverser cette période de fragilité.

"Pour protéger son enfant, il faut le tenir le plus à l'écart possible du conflit pour lui laisser sa place d'enfant dans la famille."

Noémie Khenkine-Sonigo

Face à la violence, agir sans tarder

Certaines séparations sont marquées par des rapports de force, voire des violences physiques, psychologiques, économiques. Le livre consacre une part importante à ce sujet et évoque notamment les violences dites vicariantes, lorsque la souffrance infligée à l’autre parent passe par l’enfant.

Dans ces situations, l’ouvrage invite à reconnaître clairement les violences et propose des outils concrets, des numéros d’urgence et des dispositifs d’accompagnement. Car vivre dans un climat de violence, même sans être directement touché, constitue une forme de maltraitance pour l’enfant.

Après la séparation : 3 piliers pour préserver l’enfant

3 éléments sont cruciaux pour le bien-être de l’enfant après une séparation.
La stabilité : des routines quotidiennes rassurantes, un cadre prévisible où l’enfant sait où il dort, qui vient le chercher, et à quelle heure il mange. Dans un contexte aussi mouvant qu'une séparation, l'enfant a d'autant plus besoin de repères.

La sécurité : un environnement sans conflit est essentiel et passe notamment par le fait de ne pas critiquer l’autre parent devant l’enfant, ou de l’utiliser comme messager.

La coopération parentale : même minimale. Elle peut se faire par messages, avec l’aide d’un médiateur, ou par des dispositifs comme le nesting (les enfants restent dans le logement familial et les parents alternent leur présence). Ce dernier n’est pas toujours viable sur le long terme, mais peut servir de solution temporaire.

Malgré tout, une précarité plus grande pour les familles monoparentales

Enfin, l’ouvrage alerte sur un autre effet collatéral de la séparation : la précarisation. Le taux de pauvreté des familles monoparentales atteint 29 % l’année de la séparation, soit presque 1 famille sur 3. Derrière ces chiffres, des réalités dures : des mères isolées, souvent épuisées, invisibles, confrontées à de multiples défis économiques et sociaux. Le livre entend aussi leur donner des clés pour mieux faire face à ces épreuves.

Parents séparés, famille réinventée de Noémie Khenkine-Sonigo, aux éditions Vuibert.

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